TUNIS (AP) – Déjà poursuivi en justice à la suite de deux articles critiquant le régime, l’avocat tunisien Mohamed Abou, incarcéré depuis le 1er mars, est au centre d’une deuxième affaire intentée par une de ses consoeurs qui affirme avoir été agressée par lui lors d’une réunion d’avocats, ont annoncé samedi plusieurs de ses confrères. Les faits remonteraient à 2002.

Lors d’une conférence de presse tenue à la Maison du barreau à Tunis, où plusieurs avocats poursuivent un sit-in depuis le 5 avril pour réclamer la libération de leur confrère, Me Ayachi Hammami a fait savoir que Me Abou avait comparu vendredi devant un juge d’instruction. Celui-ci lui a présenté l’expertise médicale établie à la suite de “l’agression” dont il est l’auteur, selon son accusatrice. Le document fait état d’une invalidité partielle de 10% de la plaignante.

“C’est une affaire montée de toutes pièces pour détourner l’attention sur les véritables raisons des poursuites engagées contre Me Abou et lui porter préjudice”, s’est écrié Me Ayachi. Pour étayer ses dires, il a rappelé que les faits objet de la plainte déposée par Me Dalila Mrad pour agression remontent à juin 2002. L’affaire a été instruite à ce moment-là et n’a pas eu de suite, a-t-il précisé en s’interrogeant sur les mobiles qui ont fait qu’elle refasse surface trois ans après.

Plusieurs avocats présents, dont Me Radhia Nasraoui et Noureddine Bhiri, ont mis en doute l’authenticité de l’expertise médicale qui, ont-ils fait remarquer, est datée de janvier 2005 et n’est pas signée. Selon eux, l’invalidité mentionnée dans le document médical pourrait avoir été occasionnée par un accident de la circulation dont la plaignante a été victime en 2002.

Membre de plusieurs associations non reconnues et d’un parti politique, le Congrès pour la République, également non reconnu, Me Abou doit comparaître jeudi prochain 28 avril devant le tribunal de première instance de Tunis sous les accusations de diffusion de fausses nouvelles, diffamation de l’institution judiciaire et incitation de la population à enfreindre la loi.

Ces chefs d’inculpation ont été retenus contre l’avocat contestataire après la publication de deux articles sur Internet. Le premier comporte une critique virulente du pouvoir à la suite de l’invitation adressée au chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, à se rendre à Tunis pour participer au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) prévu en novembre ; le deuxième article compare les prisons tunisiennes à celle d’Abou Ghraïb en Irak. AP