Maître Mohamed Abbou, avocat au Barreau de Tunis, est encore sous les verrous depuis son arrestation troublante le 1er mars dernier (kidnappé sur la voie publique par des policiers en civil, selon sa famille et ses avocats).

Me Abbou est connu pou être l’un des plus farouches défenseurs des droits de l’Homme et de la liberté d’expression dans un pays où ces mêmes droits sont systématiquement bafoués.

Ancien membre du comité directeur de l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats (ATJA), membre du Centre Tunisien pour l’Indépendance de la Justice (CIJ), où il est en charge du dossier « des affaires justes », membre fondateur de l’Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques (AISPP), membre du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) et membre dirigeant d’un parti politique (le Congrès Pour la République), Mohamed Abbou a été à plusieurs reprises mandaté par des ONG internationales pour plaider la cause de défenseurs de droits de l’Homme devant les tribunaux de leurs pays respectifs.

Ce jeune avocat s’est souvent distingué par ses brillants plaidoyers en faveur des victimes de la répression policière à l’occasion des nombreux procès politiques, dont le régime tunisien est devenu coutumier.

Mais Mohamed Abbou possède aussi une belle plume, ses écrits caustiques pointent du doigt les dérives répressives du régime tunisien. L’un de ses écrits, dans lequel il comparait les geôles tunisiennes à la célèbre prison irakienne de « Abou Gharib », lui a valu d’être arrêté et déféré devant la justice pour répondre de l’accusation de «  publication de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public » en vertu du code pénal et de l’inique code de la presse. Selon ses avocats, il encourt une « lourde peine pouvant aller de 10 à 15 ans de prison  ».

L’arrestation de Mohamed Abbou en transgression des règles régissant la profession (toute procédure pénale devant transiter par la section des avocats dont il dépend), l’interdiction – d’une rare violence – (au sein même du Palais de Justice) aux centaines d’avocats, venus de toutes les régions, d’assister leur confrère, son transfert arbitraire à la prison du Kef le privant ainsi de la visite de sa famille et enfreignant son droit à la défense, l’agression et l’humiliation du bâtonnier Abdessattar Ben Moussa par le juge d’instruction Faouzi Sassi le 16 mars dernier, dénotent de la nervosité d’un régime en proie à la montée des contestations d’une rue de plus en plus désenchantée. L’invitation du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, par le Président Ben Ali et, la répression policière qui s’en est suivie, n’a fait qu’accélérer la volonté du régime de faire taire Me Abou en procédant à son incarcération.

La Tunisie qui s’apprête à accueillir la deuxième phase du Sommet Mondial sur la Société de l’Information n’avait pas besoin de cette nième dérive autoritaire. Le mouvement de sympathie sans précédent avec Mohamed Abbou (largement soutenu par les magistrats et les avocats en grève générale le 10 mars dernier) atteste de l’impatience palpable de Tunisiens voyant en Mohamed Abbou un porte drapeau de ce combat pour la liberté et la démocratie.

Le «  Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou », et les personnes signataires du présent texte réclament l’élargissement immédiat de l’avocat (et par delà la libération de tous les prisonniers d’opinion), ainsi que la fin de toutes les poursuites judiciaires à son encontre.

Paris, le 23 mars 2005

Imad Daïmi, Vincent Geisser, Chokri Hamrouni : Coordinateurs de l’appel.

Pour signer l’appel veuillez envoyer un mail à :
abboulibre@yahoo.fr

Pour signer le livre d’or de Me Mohamed Abbou :
http://w2.webreseau.com/fr/services/guestbook/messages.asp ?id=617160

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