Les élections législatives de 2014 ont vu s’accroître de manière exponentielle les sondages, tant sur les intentions de votes que sur les caractéristiques des candidats. Enjeu majeur dans l’orientation de l’opinion publique, ces instituts rivalisent, aujourd’hui, sur une scène politique de plus en plus trouble.

Les sondages répondent à deux principes : d’abord, (1) questionner un échantillon représentatif de la population afin de connaitre son opinion, ensuite, (2) faire en sorte que cet échantillon devienne représentatif d’un phénomène.

L’étude par échantillon répond à une double problématique de budget et de faisabilité. Il est difficile, voire impossible, d’interroger toute une population. De ce fait, une étude est menée sur un échantillon de cette population, censée être représentative.

La principale distinction rencontrée jusqu’ici, durant et après la campagne législative, réside dans la qualité du sondage. En effet, il existe des sondages d’opinions et des sondages d’intentions de vote.

Si, dans le second cas, les données sont faciles à encoder et à analyser, il est nettement plus difficile de s’assurer de la véracité des sondages d’opinions, par exemple, sur la personnalité d’un candidat ou certains aspects de sa politique.

De même, il peut arriver que le sondage soit orienté. En effet, parfois, des sondages peuvent être commandés par un parti politique, ou un de ces avatars. La demande s’effectuant par le biais d’instituts étrangers, d’ONGs ou de sociétés de communications, auprès des instituts tunisiens. Les questions peuvent, alors, être formulées dans un sens pouvant biaiser les réponses.

Ces sondages peuvent être l’instrument pour autant de partis et de personnalités politiques qui en profitent pour ajuster leur communication auprès de la population, et réduire l’opacité qui les entoure. L’une des caractéristiques des sondages d’opinions étant la confidentialité. Les partis et les politiques tunisiens recourent aux instituts de sondages afin d’affiner leurs communications. Cependant, certaines bévues de ces instituts, lors des élections de 2011, ont amené, la plupart de ces partis à se tourner vers des instituts étrangers.

Ainsi, l’un des risques pouvant décrédibiliser ces instituts de sondages est la recherche du gain facile. De nombreux scandales ont éclaté, à la suite d’un délit de copinage entre certains partis et certains instituts de sondages, un peu partout dans le monde, orientant, de façon erronée, l’opinion publique. L’affaire des sondages de l’Elysée à partir de 2007, en est un des nombreux exemples, où Nicolas Sarkozy aurait commandé, en février 2011, un sondage d’opinion en défaveur de celui qui allait être son adversaire à l’époque, Dominique Strauss Kahn.

C’est donc avec beaucoup d’appréhension et d’interrogations que nous sommes allés à la rencontre de ces instituts de sondages afin qu’ils nous expliquent au mieux ce phénomène qui fait aujourd’hui, en Tunisie, la pluie et le beau temps.

Pour ce faire, Wajdi Ben Rejeb de Tunisie-Sondages et Hichem Guerfali de 3C études ont accepté de revenir sur cinq problématiques majeures liées aux sondages :

La méthodologie d’un sondage

La méthodologie d’un sondage diffère selon qu’il soit d’opinion ou d’estimation des intentions de votes. Comme expliqué dans la vidéo ci-dessous, la qualité du sondage et sa destination expliquent la méthodologie adoptée.

Combien coûte un sondage ?

L’une de nos questions était de savoir combien coutait un sondage dans sa réalisation, mais surtout combien était-il facturé. Si certains avouent en « off » les facturés entre 10 et 15% en plus du prix de réalisation, d’autres le font parfois sans objectif de profits.

Les sondages sources de progrès social ?

Les sondages sont des outils de paix sociale et d’aplanissement des tensions. En effet, comme affirmé par M. Hichem Guerfali dans la vidéo ci-dessous, si certains pays ont échoué dans l’apaisement des troubles qui les guettaient, cela est dû à l’absence de sondages de qualité.

Les sondages, outils de manipulation et de propagande ?

Il n’y a aucun doute sur le fait qu’un sondage puisse influer sur l’opinion publique. Dans la vidéo ci-dessous, on nous explique comment cela s’opère et à quelles fins, quitte parfois à ce que ceux qui commandent les montages se fourvoient, eux-mêmes, sur leurs propres images.

Vers une nécessité de réglementer le secteur ?

Un des maux entourant le secteur des instituts de sondages est l’absence de cadre légal qui régit la manière dont on publie un sondage. Tout un chacun peut se réclamer être capable de faire des sondages, quitte à ce que cela dérègle la vie politique. Si certains partis ont refusé d’en discuter au sein de l’Assemblée Nationale Constituante, cela n’est sûrement pas fortuit.