Alors qu’en Haïti des hommes et des femmes succombent sous les gravas causés par un terrible tremblement de terre, je n’ai pu m’empêcher de noter que ce petit pays damné par la pauvreté et les catastrophes naturelles jouirait d’un peu plus de démocratie que le nôtre (Haïti 110ème, Tunisie 142ème). Dans la logique patriotarde mauve il y aurait là un argument de plus pour maudire la démocratie susceptible de nous exposer à la misère et aux tremblements de terre.

Soyons bons joueurs et reconnaissons avec nos mauves qu’effectivement grâce au Changement aucun séisme n’aura fait tremblé le pays et aucun tunisien n’aura manqué de pain. En plus de nous protéger, de nous nourrir, notre président veille également à notre santé, notre hygiène, notre comportement voire même notre mode de reproduction. L’Homme, en tant que mammifère, n’aura jamais été au centre d’une politique aussi méticuleuse de dressage et de domestication des masses. Alors pitié cessons d’emmerder nos RCDistes avec cette démocratie et cette liberté d’expression tant que notre ventre est rempli et que mère Terre nous épargne ses colères!

Un des cybermauves (qui ne mérite plus d’être cité) se plaignait récemment de nos revendications: “comme si cette présumé liberté bech twakkelni elkhobza” s’esclaffait-il tout content de lui-même. Pour lui et ses copains, que des journalistes tels T.Ben Brik, Z.Makhlouf et plus récemment F. Boukadous se retrouvent(ou se retrouveront pour Boukadous), à cause de leurs opinions, derrières les barreaux, ne lui pose aucun problème de conscience tant que lui est garanti quotidiennement sa ration de pain.

Nous vivons dans une triste époque. Je crois malheureusement que nos jeunes cravatés mauves prolifèrent de plus en plus. Ils sont le pur produit de la post-modernité en milieu sous-développé. Ceux-là même qui dans la Une de la Presse, ou dans leurs blogs, sont fiers qu’en “e-governement” la Tunisie soit classée 66ème avant la Chine. Pour eux après la “khobza” il y a les technologies de l’information et de la communication. Pour eux la Tunisie est plus en phase avec son temps en étant le 66ème pays en TIC que le 142ème pays démocratique.

Si à la limite on pouvait profiter de manière conséquente de leurs prétendus exploits en TIC et voir numérisés, par exemple, des ouvrages aussi précieux que les milliers qui viennent de partir en fumée suite à l’incendie qui a ravagé la bibliothèque de l’IBLA le 5 Janvier dernier, peut-être alors partagerions-nous un bout de cet engouement mauve pour les nouvelles technologies. Mais le dégoût nous prend lorsqu’on se rappelle que chez nous, ces nouvelles technologies riment avec censure et contrôle d’opinion. La résignation nous envahit quand on s’aperçoit que la tragédie de cette bibliothèque qui brûle a été reléguée dans la rubrique “faits divers” dans leurs torchons officiels…

Nous vivons dans une bien triste époque vous dis-je. C’est bien “un signe des temps de la médiocrité” comme dit notre ami bloggeur Ali Saidane. Quant à ces cybermauves qui ne comprennent pas notre dégoût et qui continuent à nous jouer les vierges effarouchées, ils méritent une bien bonne fessée!

Débat Tunisie