Si on vous dit qu’une importante revue a fait un classement de tous les pays du monde et que notre pays, la Tunisie, figure parmi les 30 derniers, vous en penserez quoi ?

En serez-vous fiers ?

Allez-vous chercher des excuses pour justifier une telle place médiocre ?

Dans son rapport “Index of Democracy 2008“, The Economist classe 167 pays dans le monde selon une échelle de démocratie allant de 0 à 10. Les Etats exclus de l’étude sont prioncipalement les micro-Etats qui représentent une infime partie de la population mondiale.

On a eu combien comme note ? Allez, devinez, donnez un chiffre…

2,96 / 10.

Et quel rang notre pays a-t-il eu dans ce classement ? Devinez…

141ème / 167.

Il ne s’agit pas d’une note donnée “à la tête du client”. Il existe même une “facture détaillée” avec une évaluation de 60 indicateurs, regroupés en 5 catégories. Les mêmes critères ont été appliqués à tous les pays.

Voici les notes que la Tunisie a eu pour chacune des 5 catégories (j’ai extrait quelques lignes du tableau pour permettre une comparaison avec d’autres pays de la région – cliquez sur l’image si vous n’arrivez pas à lire) :

Vous avez bien lu : 0 / 10 dans la catégorie “Electoral process and pluralism”.

Que nous disent nos amis qui se déclarent “patriotes” ?

Ils nous disent qu’il est urgent d’attendre.

Bourguiba et Ben Ali, tous les deux, nous ont appris la culture de l’excellence. Ils nous ont appris à ne pas se satisfaire de ce qu’on a et à demander toujours plus. Ils nous ont habitués à nous comparer aux autres pour prendre conscience, objectivement, de notre place dans ce monde. Nous savons au moins depuis l’indépendance, et sûrement depuis 1987, que notre vraie place dans le monde n’est pas proportionnelle à la superficie, ni à la population de notre pays. Notre place dans le monde est proportionnelle au génie de notre peuple, à son dynamisme et à sa soif de l’excellence.

Putain, venez après me parler de patriotisme !

Vous voulez du patriotisme, en voilà !

141ème sur 167 pays, cela vous satisfait-il ?

Il est urgent d’attendre, dites-vous ? Il est urgent de croiser les bras et attendre calmement que l’on avance vers la démocratie “à notre rythme”…

C’est quoi au juste ce rythme ? Pouvez-vous nous donner des objectifs clairs et chiffrés ? Pouvez-vous nous dire de combien allons-nous avancer d’ici le prochain rapport de The Economist ?

J’espère qu’un jour tous nos “compatriotes” finissent par admettre les faits et arrêter de nier l’évidence. C’est une condition préalable à tout débat.

Mani l’Africain