Quand la victime rencontre son tortionnaire : “les Voies du destin”

La plupart des tortionnaires de Ben Ali n’ont toujours pas rendu des comptes, ni à leurs victimes ni à la société. Pire encore, celui qui fut le secrétaire général du parti “grand ordonnateur” de ces atrocités, en l’occurrence, Mohamed Ghariani, se retrouve aujourd’hui assis à côté de Béji Caïd Essebssi, au sein d’une organisation qui aspire à gouverner la Tunisie. Le tout comme si de rien n’était !

Certains, sans pudeur, avaient même dit qu’il fallait tourner la page de la période du grand tortionnaire en Chef Ben Ali. Comme si les traumatismes de la torture pouvaient disparaître par enchantement. Comme si les séquelles, que l’on garde à vie, pouvaient s’effacer sans que l’auteur des actes de torture ne puisse rendre des comptes.

Et sur ce thème précisément, ce magnifique film de Jonathan Teplitzky –The Railway Man (Les Voies du destin)– qui fait croiser la victime avec son bourreau des décennies après.

Film, devant lequel beaucoup de personnes en Tunisie ne peuvent y être sans éprouver ce sentiment de haine et de douleur… tout en s’interrogeant : “À quoi sert une révolution, si ce n’est pour faire rendre compte, également, aux salauds ?”

Rights

Inscrivez-vous

à notre newsletter

pour ne rien rater de nawaat

5Comments

Add yours
  1. 1
    Ali Bobo

    L’exemple de Mandela n’aurait donc servi a rien ??
    “Après vingt-sept années de prison,Mandela propose le pouvoir du dialogue et de la réconciliation”
    Inspirez vous de LUI !

    • 2
      Riadh Guerfali

      S’inspirer de quoi ? Du mythe qu’il faille absoudre les tortionnaires !

      Mandéla, en parlant de réconciliation, n’a pas plaidé l’impunité des salauds.

      Ni le dialogue, ni la justice transitionnelle, ni les réconciliations nationales n’absolvent les crimes de torture qui sont imprescriptibles. C’est un malentendu géant que l’on propage souvent à ce propos.

  2. 3
    S. ridha

    Mr. Guerfali, je soutiens votre analyse de la situation tunisienne et j’attire l’attention des tunisiens sur ce qui se trame a leur insu…BCE nidaa tounes + ghannouchi nahdha + ex rcd k. morjane, ghariani, hamed karoui et zouari…pour un consensus (complot) manigance de ttesparts afin d’instaurer une roika bis.

  3. 5
    Houcine

    Une révolte naquit dans les couches déhéritées de la population et dont la jeunesse porta le fanion, se prit les pieds dans des élections où moins d’un électeur sur deux mit un bulletin dans l’urne avec le résultat de plus de 40% en faveur d’un courant idéologique conservateur et rétrograde, aux sens étymologiques des termes.
    On appela cela révolution, habillage trompeur, pour en récupérer l’énergie et la faire échouer sur des rivages connus et balisés d’avance.
    Les Islamistes, coupables d’atteintes aux droits des gens et géniteurs du terrorisme tout comme leurs ennemis intimes de l’ex-RCD qui s’affichent, désormais, sans crainte d’ètre inquiétés pour leurs crimes est la meilleure illustration que cette “révolution” a été volée. Leur “consensus” en est la traduction politique, assurés qu’ils sont d’organiser des élections aux résultats presque prévisibles, et de gouverner le pays ensemble car ce qui les différencie est bien moins grand que ce qui les rassemble.
    Non seulement, les mécomptes de la dictature se révèleront apurés d’avance, mais aussi les instigateurs de la terreur se garantissent contre les lendemains en pactisant avec ceux de l’ancien régime.
    Ceux qui auront rèvé des changements majeurs, payant de leur sang, seront toujours mis à l’encan au profit des possédants, hier comme aujourd’hui. Ils n’ont pas su, ou pu transformer en mouvement irrésistible leurs revendications de justice sociale et économique, ni mobiliser une société civile émergente, trop fragmentée, ni trouver de relais au sein de mouvements de gauche mobilisateurs et unis autour d’un projet fédérateur.
    Il reste l’espoir de voir voter en masse tous ces gueux pour escompter peser de quelque poids dans la donne. On peut craindre un gros mal de tète, et une situation troublée après novembre 2014.
    On peut, aussi, ouvrir une ère nouvelle sur fonds de désillusions assumées et construire des alliances et des mouvements capables de porter nos attentes et nos combats.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *