Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi

Le Guide libyen a accusé la Cour pénale internationale (CPI) d'”être contre les pays qui ont été colonisés“, dimanche, à la veille du sommet de la Ligue arabe au Qatar. Mouammar Kaddafi faisait allusion au mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour que la Cour a délivré contre le président soudanais Omar el-Béchir.

Le dirigeant libyen et président en exercice de l’Union Africaine (UA), Mouammar Kaddafi, a une nouvelle fois vilipendé la Cour pénale internationale (CPI), la qualifiant dimanche de “nouveau terrorisme mondial“, à la veille d’un sommet de la Ligue arabe à Doha.

Il est connu que tous les pays du tiers-monde s’opposent à cette soi-disant Cour pénale internationale. A moins que tout le monde y soit traité également, ça ne marchera pas“, a déclaré M. Kaddafi dimanche après une réunion avec les responsables de l’UA à Addis Abeba (Ethiopie).

Cette cour est contre les pays qui ont été colonisés

C’est le cas maintenant. Cette cour est contre les pays qui ont été colonisés dans le passé et que (les occidentaux) veulent recoloniser. Il s’agit de la pratique d’un nouveau terrorisme mondial“, a-t-il estimé. “Il n’est pas juste qu’un président soit arrêté“, a-t-il précisé, en référence au mandat d’arrêt émis le 4 mars par la CPI contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour (ouest du Soudan). “Si nous autorisons une telle chose, qu’un président soit arrêté et jugé, comme le président Béchir, nous devrions aussi juger ceux qui ont tué des centaines, des millions d’enfants en Irak et à Gaza“, a souligné le Guide libyen.

L’UA a déjà à plusieurs reprises condamné la décision de la CPI, estimant qu’elle menaçait la paix au Soudan, tant au Darfour, région en proie à la guerre civile depuis 2003, qu’entre Khartoum et le Sud-Soudan. Elle a entamé des démarches auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour que la décision de la CPI soit suspendue, conformément à l’article 16 du statut de Rome qui régit le fonctionnement de la cour.

Tenter d’influencer le Conseil de sécurité de l’ONU

Sur l’article 16, nous attendons juste que le sommet arabe de Doha (qui débute lundi) prenne une décision et nous ferons mouvement ensemble, parce qu’en ce qui nous concerne, nous avons déjà la décision du sommet” de février à Addis Abeba, qui a demandé la suspension des poursuites contre M. Béchir, a indiqué Ramtane Lamamra, commissaire de l’UA à la paix et la sécurité. “Nous sommes en train de mettre en place une délégation de haut niveau qui ira à New York pour tenter d’influencer le Conseil de sécurité de l’ONU“, a-t-il ajouté, soulignant que les Etats arabes et africains travailleraient de concert sur ce dossier.

Samedi soir, le ministre libyen des Affaires de l’UA, interrogé sur un possible retrait des pays africains signataires du Traité de Rome, avait affirmé: “si ça continue comme ça, cela va arriver, c’est sûr“.

Les pays arabes solidaires

Le président el-Béchir a effectué trois déplacements à l’étranger, en Erythrée, en Egypte et en Libye depuis l’émission du mandat de la CPI. M. Kaddafi doit quitter Addis Abeba dimanche après-midi pour se rendre à Doha, au Qatar, au sommet de la Ligue des Etats arabes, qui doivent notamment se prononcer sur cette question.

De nombreux Etats arabes ont déjà vivement critiqué la CPI. “La pression exercée sur le Soudan est inacceptable“, a dit à l’AFP à Doha samedi le chef de la diplomatie bahreïnie, cheikh Khaled Ben Ahmad Al-Khalifa, ajoutant que les pays arabes “(soutenaient) le Soudan frère, confronté à une épreuve liée à une affaire de guerre civile qui n’est ni la première, ni la dernière” dans le monde.

Dans un projet de résolution, les chefs de diplomatie arabes ont demandé à la CPI d'”annuler” son mandat contre M. Béchir, qualifié de “grave précédent”, et invitent “tous les pays arabes à ne pas se conformer aux mesures” dirigées contre M. Béchir, président “légitimement élu“.

Source : JeuneAfrique.com