En accomplissant leur pèlerinage à la Mecque, des fidèles tunisiens font beaucoup de politique.

Selon une dépêche de l’agence de presse officielle TAP publiée ce 8 décembre, « les pèlerins tunisiens, qui s’apprêtent à célébrer la fête de l’Aid El-Idha, après l’accomplissement du rite de l’Ifadha, sur le Mont Arafat, dans une ambiance de recueillement et de sérénité, ont adressé leurs chaleureuses félicitations au président Zine El Abidine Ben Ali et à son épouse, Madame Leila Ben Ali, implorant Dieu, le Tout-Puissant, de faire revivre au chef de l’Etat, à sa famille et au peuple tunisien, cette heureuse fête, dans la santé, le bonheur et la réussite ». On se pince pour y croire.

Extrêmement reconnaissants, ces bons citoyens — dont la TAP omet tout juste de citer les noms — auraient ainsi félicité Notre ami Ben Ali « de la sollicitude dont il entoure la sublime religion islamique, ses rites et les cadres en charge des affaires religieuses, ainsi que de l’intérêt constant qu’il porte aux pèlerins tunisiens, dans le but de leur assurer les meilleures conditions leur permettant d’accomplir le rite du pèlerinage ».

En termes de « sollicitude », le chemin est pourtant encore long. Sadok Chourou, leader du mouvement islamiste Ennahdha, qui venait d’être libéré après 18 ans de prison, a été de nouveau arrêté après à peine un mois de pseudo liberté. On l’accuse sans rire « d’appartenance à une association illégale », soit le même chef d’inculpation qui a permis de l’embastiller en… 1990.

Heureusement que les Hajs du pays du jasmin sont fidèles au poste pour « (saluer) les efforts méritoires déployés par le chef de l’Etat pour impulser le processus de réforme et de modernisation dans tous les domaines, grâce à sa vision prospective et à sa politique clairvoyante ».

Au lieu de sacrifier un mouton en ce jour d’Aïd El-Idha, des laudateurs de la TAP (excusez le pléonasme) n’hésitent décidément pas à se défaire d’une partie de leur âme.

Mohamed Ettaieb

Source : Chakchouka Tunisienne