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Amina a comparu aujourd’hui 22 juillet devant le tribunal de M’saken pour “outrage à un fonctionnaire public“ et “diffamation” selon l’article 245 du Code pénal. Le procès a finalement été reporté au 29 juillet.

La plainte à l’origine de ce procès a été déposée par le directeur de la prison de Messadine, où se trouve Amina.

Selon les témoins, Amina serait intervenue lors d’une altercation entre une prisonnière et des agents de la prison. Elle aurait également insulté le directeur de la prison. L’autre prisonnière est également accusée dans l’affaire. Son avocate Radhia Nasraoui avait annoncé ce nouveau chef d’accusation le 8 juillet. Elle craint que l’on essaye de faire taire Amina, qui a dénoncé auprès d’elle des pratiques de torture dont elle a été témoin sur d’autres femmes en prison.

Son père et sa tante sont moins optimistes: “Elle est courageuse mais ce procès en plus la met sous pression. Surtout que l’affaire remonte à plus d’un mois. Le bon côté, c’est qu’elle entretient un bon rapport avec ses codétenues ainsi que les gardiens de la prison”, raconte Asma, sa tante venue de France pour la voir.

Par ailleurs, l’information selon laquelle Amina aurait été emmenée pour une consultation psychiatrique à l’hôpital de Monastir a été confirmée par maître Halim Meddeb : “Elle a été demandée par le juge d’instruction, qui voulait savoir si Amina était pleinement consciente de son acte le 19 mai“. Le résumé du rapport du juge confirme qu’Amina était bien en possession de tous ses moyens psychiques et physiques lorsqu’elle a tenté de taguer un muret à Kairouan.

Le comité de soutien d’Amina, rejoint par le rappeur Weld El 15, a donné une conférence de presse le 17 juillet à Tunis pour dénoncer la détention arbitraire et injustifiée d’Amina. Le père d’Amina, Mounir Sboui, qui a rendu visite à sa fille le 13 juillet, l’a décrite comme “courageuse”, mais également “sur le point de craquer“.

Amina est toujours en prison et aucune date de procès n’a été fixée pour les trois chefs d’accusation qui pèsent sur elle: “violation de sépulture” (article 167), “association organisée de malfaiteurs” (article 131) et “outrage public à la pudeur” (article 226).

Des ONG comme Human Rights Watch et l’OMCT (Organisation mondiale contre la torture) ont également appelé à sa libération provisoire.

« Le tribunal devrait réexaminer avec soin les graves accusations contre Amina Sboui, qui semblent davantage motivées par un désir de punir son activisme provocateur que par l’existence de réelles preuves d’actions répréhensibles », a conclu Eric Goldstein, directeur du bureau Afrique du Nord – Moyen-Orient de Human Rights Watch.