D’aussi loin que je me souvienne, la création d’un musée national d’art moderne et contemporain a toujours été au centre des revendications des artistes plasticiens tunisiens.
Et maintenant ça y est ! On y est !
Enfin, nous allons avoir notre musée pour que nos concitoyens puissent admirer, s’interroger et même parfois s’amuser devant les œuvres de nos artistes modernes et contemporains, de se rendre compte de la richesse de notre patrimoine moderne trop souvent délaissé, par des décideurs souvent incompétents en la matière, au profit de notre histoire Antique, elle-même d’une grande richesse mais ne laissant aucune place à une vision plus moderne de l’art prônant des idées nouvelles. Nous allons enfin sortir du fameux « Fassekh 3aawed min’jdid » trop souvent la règle depuis les années 50 dans notre pays. Les œuvres de nos plus grands artistes modernes et contemporains vont pouvoir s’exposer dans un vrai lieu dédié !
Enfin… ça y est ! On y est !
Quelle ne fût ma joie lorsque par un heureux concours de circonstance, invité par la directrice dudit musée, en février dernier, j’eus la chance de me rendre compte de visu du travail d’une équipe impliquée, investie et infatigable. Plusieurs espaces dédiés à la restauration des œuvres, à la classification, à l’archivage. Des lieux de stockage impressionnants où les œuvres, acquises depuis plus d’un siècle par l’Etat tunisien, sont traitées avec respect dans les règles de l’art, protégées de l’humidité et d’autres dangers menaçants les différentes toiles, papiers et supports en tous genres. Quelle merveille toutes ces œuvres (plus de 2500), qui seront bientôt accessibles à tous, alignées et installées confortablement dans leurs caisses de protection, sauvées des conditions déplorables de stockage qu’elles ont subies ces dernières décennies. Depuis au moins 3 ans, cette équipe de professionnels aux méthodes rigoureuses ne ménage pas sa peine dans la création, entre autres, d’une médiathèque tentant de rassembler, de classer, d’archiver dans des locaux prévus à cet effet, les ouvrages, catalogues et témoignages audiovisuels retraçant l’histoire de l’art moderne et contemporain tunisien devenant une banque de données indispensable à tout musée digne de ce nom.
Ça y est ! On y est !
Le rendez-vous est pris. Avant la fin de l’année 2022, le MACAM ouvrira ces portes avec une exposition retraçant l’histoire de la peinture tunisienne moderne (contemporaine en son temps). Un commissaire d’expo, enseignant et chercheur en histoire de l’art, y travaille depuis plus de 3 ans, recherche, analyse et sélectionne avec méthode des œuvres majeures à travers le 20ème siècle pour donner à cette première exposition inaugurale du « sens », un vrai coup d’envoi qui s’inscrira dans une démarche cohérente, scientifique et rigoureuse. Les espaces d’exposition ne sont pas encore totalement prêts à accueillir tous les travaux en cours de sélection mais « on est dans les temps » me rassure la directrice, reste quelques petits travaux d’aménagement, de maçonnerie, de peinture et bien sûr un éclairage adapté et non « traumatisant » pour les œuvres. Manque aussi la « désinfection » des œuvres, passage obligé, et répondant aux normes internationales, pour pouvoir les présenter au public.
Ça y est ! On y est ! Avant la fin de cette année le MACAM ouvrira ces portes !?
Mais en juin dernier, une directive émanant des plus hautes instances culturelles donne un coup d’arrêt à toute cette aventure !
- « Le musée doit ouvrir ses portes dans moins de 2 mois pour la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique ! »
- « Mais c’est impossible ! rien n’est encore finalisé, ce délai est trop court ! Trop court pour finir les travaux d’aménagement, trop court pour installer les éclairages adéquats, trop court pour la désinfection des œuvres, trop court pour finaliser la sélection et la disposition des œuvres en vue de l’exposition inaugurale sur laquelle le commissaire d’expo travaille depuis plusieurs années ! »
Qu’à cela ne tienne ! La directrice sera «remerciée», officiellement pour fin de mission, après plus de 4 ans de loyaux services et à quelques mois de l’ouverture initialement prévue. Les différents membres de son équipe seront «poussés dehors» ne pouvant accepter que tous leurs efforts fournis, depuis plusieurs années pour certains, soient balayés d’un revers de main méprisant. Le champ est donc libre à présent pour que s’exprime la politique politicienne, faisant mine d’ignorer les enjeux réels. Pour que la politique du « bouquet nawar » reprenne ces droits au détriment des intérêts du citoyen, et que le professionnalisme et la méthode cèdent la place au « bricolage ».
Les nouveaux responsables, ces pauvres bougres nommés à la va-vite, font alors comme ils peuvent, c’est-à-dire MAL et VITE ! Ces 2 adjectifs qui, quand ils sont associés, sont en toute circonstance synonyme de désastre.
Ô rage, ô désespoir… Aura-t-on alors la chance, après cette inauguration fantoche, de reprendre le chantier, dans les règles de l’art, où il fût arrêté ? Ou bien TOUT est-il à refaire ?
متحف اسمو مقام لااهل المقام وليس للفن والمدير اختار اللوحات لاصحاب المناصب والفنان اعليه بالشارع يعرض اعمالو والا الحيك اكسر فيه راسو اغلب اللوحات للاساتظة وتلاميذهم