Les attentats se poursuivent contre la Tunisie. Le terrorisme djihadiste frappe encore une fois. Les corps armés tunisiens résistent et gagnent la bataille à Ben Guerdane. Sur les petits écrans, ça saigne. Attaque après attaque, attentat après attentat, les contenus télévisuels se laissent prendre. Les fenêtres de tirs sont grandes ouvertes. Les malaises, qui auraient pu être passagers, se transforment en maladies chroniques. Les égratignures deviennent des plaies. Profusion de sang.
Comment pouvoir lutter en temps de guerre alors que chaque soldat défaillant devient un boulet pour son armée ? Les remèdes tardent à venir. Ils sont même parfois jetés à la poubelle. Les pathologies ont la peau dure. La fiévreuse course aux scoops continue à aveugler ses victimes. Pour avoir la primauté, tout est bon à balancer en live, y compris les témoignages de « témoins oculaires » anonymes, non-recoupés et non-concordants. Tant pis si l’intox sévit. Tant pis si les positions des soldats sont compromises. Tant pis si la confusion sème plus de doute et de confusion en des moments où la rigueur et la détermination sont des nécessités absolues. Le pire, c’est que certains argumentent leur attitude par leur transmission de « la voix des citoyens » en attribuant à leurs choix une sacralité, vu le contexte. Le déni de la responsabilité éditoriale et sociale ne fait qu’empirer l’état du patient.
La frénésie s’empare de certains animateurs. Ils confondent leur rôle avec celui d’un seigneur de guerre. Ils s’imaginent dans son uniforme, font des speechs, galvanisent les foules et donnent des leçons. Informer, leur mission première, devient à leurs yeux un simple pansement et non pas un puissant antidote. L’impulsivité est prise pour du patriotisme. La rationalité est prise pour une désertion. Or, l’irrationalité découvre nos arrières. Elle les expose aux feux des ennemis. Et ils ne sont pas que des barbus armés. Ils peuvent être aussi des monarques puant le pétrodollar ou même les sbires d’un régime révolu en quête de revanche et de nouvelles gloires.
Ensuite, les mêmes animateurs appellent des « experts » à la rescousse, déléguant souvent leur temps d’antenne à des charlatans. Chercheurs sans publications scientifiques, experts dans des « centres internationaux » aux activités exclusivement locales et télévisuelles, leaders politiques du décor d’un autre temps, autant d’impostures en tous genres. Evidemment, leurs sortilèges ne soignent pas. Bien au contraire, ils font pourrir les plaies déjà bien infectées. Ils réussissent là où Hollywood a échoué. Ils vont loin dans le burlesque et le gore, une fusion unique de genres . Parfois, leur cinéma baigne dans le fantasme en se référant à un film de James Bond pour expliquer les enjeux géopolitiques en temps de guerre.
Zappons ! Et voilà que le ministre de l’Education se met à applaudir un selfie avec une cervelle ennemie éclatée. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. La communication gouvernementale bégaie. Et quand ce n’est pas le cas, la parole passe par des portes qui compromettent sa crédibilité. Le ministère des affaires religieuses dément. Le premier ministre confirme. Quelques instants plus tard, il dément ses propres affirmations. Visiblement, les maladies ne sont pas que physiques. Certaines d’entre-elles relèvent de la psychiatrie. L’infirmier s’avère schizophrène. En plus, l’ivresse éditoriale se montre contagieuse.
Chiche ! Le médecin doit se débrouiller seul. Face à un patient enfermé dans le déni, il ne peut que limiter la profusion de sang. Opérer nécessite beaucoup de mains et de la sobriété. Les impulsifs risquent de charcuter le patient. Les charlatans n’ont pas de place au bloc. Pourtant, l’ambulance est passée, et pas qu’une seule fois. Les revanchards hantés par une ancienne défaite ont tiré dessus. Désormais, elle est au point mort. Attention aux pieds, ça pisse le sang !
Tant qu’il n’y avait pas eu de réformes, au sein de cet appareil audio-visuel, devenu de plus en plus nonchalant, on ne pourrait s’attendre qu’au pire, dans les années qui viennent .
Bravo pour cette hargne contre les médias surtout télévisuelles. Même si la pourriture à tous les niveaux règne dans le secteur des médias, il y a toujours quelque chose de sain, de positif. il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau sale du bain. Et le rôle d’un commentateur, ou d’un intellectuel n’est-il pas d’éduquer et d’orienter le lecteur-citoyen, pour au moins ne pas le laisser tomber dans le désespoir Pourquoi nos médias sont-ils atteints de cette maladie du sensationnel et de l’actualité morbide? Pourquoi la plupart des émissions manquent de professionnalisme?……etc. Une évaluation ou une critique periodiques des médias, même subjective, peuvent éduquer le citoyenet le rendre plus conscient et plus responsable.