Chikly, petit îlot de 3,5 hectares, est une réserve naturelle en raison de sa richesse ornithologique à travers la plus grande colonie de petits hérons dans le nord de Tunis. En plus de son attrait naturel, l’îlot a aussi été un lieu d’habitat comme en témoigne les vestiges archéologiques issus de nombreuses civilisations (byzantines, arabes, ottomanes et espagnoles).
Luzicon, Study Key for the Opening to the Public of the Fort of Santiago and Chikly
L’îlot de Chikly est situé dans la partie nord du lac de Tunis. Ce fleuron de la diversité culturelle abondant la Tunisie à travers les siècles, semble avoir été oublié. Du nom du célèbre cinéaste tunisien Albert Samama « Chikly » , ce patrimoine culturel national fait les titres de la presse Valencienne.
Un nid d’Histoire et de civilisations
L’îlot de Chikly fut mentionné dès le 11éme siècle par l’historien et géographe Abou Obeid El Bekri , dans son traité intitulé « Routes et royaumes » (al-Masalik wa-al-mamalik) y donnant de ce lieu et de ses alentours une description détaillée.
Cependant, cette ancienne citadelle romaine n’allait acquérir sa renommée que bien des siècles plus tard, plus précisément au seizième siècle, lorsque le gouverneur espagnol de la Goulette Luiz Perez De Varga décide d’y reconstruire le Fort Santiago de Chikly que le commandant Don Juan Zamoguerra continua de magnifier jusqu’à sa destruction par les Ottomans, en 1574, lors de la bataille de Tunis, ayant permis à ceux-ci de chasser les espagnoles de Tunis. Laissé à l’abandon, le Fort de Chikly sera restauré par Hadj Mustapha Laz Dey en 1660 et transformé en établissement de mise en quarantaine ou lazaret par Hammouda Pacha. Dès 1830 et jusqu’à la fin des années 1980, Chikly fût de nouveau laissé à l’abandon.
Chikly dans Don Quichotte
Dans le célèbre classique de Don Quichotte, de l’espagnol Miguel De Cervantes, se trouve une référence à l’îlot de Chikly comme « petit fort au milieu de la lagune sous le commandement du célèbre soldat Valencien Don Juan Zamoguerra… » (Page 386 de Don Quichotte).
Contrairement au roman de Cervantes, l’îlot de Chikly n’est pas une fiction. Se situant au centre du lac de Tunis, ce microcosme de faune et de flore surplombé par un fort est une merveille naturelle et archéologique dont l’histoire oubliée reflète l’absence d’intérêt du grand public.
Bien que se situant à seulement 10 minutes de la côte…l’accès par bateau y a été restreint non seulement pour contrôler l’accès des visiteurs, mais aussi pour protéger ce riche patrimoine. C’est pourquoi des gardes y sont installés nuit et jour.
Preparations for the Opening of the Island of Chikly and Spanish Fort in Tunisia
Ce n’est qu’en 1991, avec l’Accord Cadre de Coopération Culturelle, Scientifique et en matière d’Éducation, entre la République Tunisienne et le Gouvernement du Royaume d´Espagne, que la restauration du Fort de Chikly a été décidée. A la suite d’années de fouilles archéologiques démontrant la richesse historique et civilisationnelle des lieux entre vestiges Puniques, Romains, Byzantins, Arabes, Espagnols et Ottomans, l’îlot sera de nouveau accessible au public à en croire la presse espagnole.
En effet, certains d’entre eux ont annoncés à la fin du mois dernier, la fin des travaux de recherches menés par un groupe de l’Université Polytechnique de Valence, dans la continuité de celle menée par l’Institut National du Patrimoine, il y a déjà une décennie. Cette dernière recherche, ayant pour titre : « Pour l’élaboration d’une analyse du cadre juridique du lac de Tunis et de l’îlot et du fort de Chikly (Tunis) », propose un nombre d’objectifs à mettre en place afin d’atteindre un modèle de gestion pour la réalisation de l’éco-tourisme sur l’îlot de Chikly.
L’annonce de l’ouverture prochaine de l’îlot de Chikly au public par l’Université Polytechnique de Valence et reprise par le site d’information Valencian lavanguardia.com, démontre le fort degré d’attachement de la communauté espagnole à ce lieu empli d’histoire.
Estimée pour l’autonome 2014 par Maria José Vinas, responsable du groupe de recherche en gestion de patrimoine naturel et culturel de l’Université Polytechnique de Valence, l’ouverture prochaine est due au travail effectué par l’Agence Espagnole pour la Coopération et le Développement International. La capacité d’accueil de l’îlot sera limitée à 20 personnes par jour, en dehors de la période de nidification (de mars à juin), durant laquelle, l’accès à l’îlot sera strictement interdit.
Les Tunisiens et l’îlot de Chikly
C’est une sempiternelle histoire de destruction et de reconstruction. Aujourd’hui est venu l’heure de sa reconstruction. Ce fort, symbole historique militaire, représente, aujourd’hui, l’ouverture, la tolérance et le dialogue.
Zohra Abid, « l’île de Chikly : le Fort du dialogue et de la fraternité »
Les articles les plus récents concernant cet îlot dressent davantage une image d’un passé nostalgique ou d’un avenir optimiste du site comme patrimoine national, haut lieu de l’écotourisme, et symbole de la coopération tuniso-espagnole, qu’un instantané de sa situation.
Face à l’absence de réponse du ministère de la Culture, de l’Institut National du Patrimoine et de la Direction Générale des Forêts, Maria José Vinas a accepté de répondre à nos interrogations.
A la question de savoir pourquoi, aucune information n’a circulée en Tunisie sur les travaux menés par l’Université Polytechnique de Valence et la prétendue imminente ouverture de l’îlot au public, Mr. Vinas nous répond : «Il n’y a pas beaucoup d’informations accessible au public parce que l’autorisation du ministère de la Culture est actuellement en cours » et que ” en ce qui concerne l’ouverture de l’îlot à l’automne prochain, je crois que cela dépendra de la façon dont sera traitée cette demande d’autorisation. S’il y a réellement un intérêt de la part des autorités responsables, en particulier la Direction générale des forêts, cela pourra arriver plus tôt. ”
Replacer Chikly dans la conscience collective
Le concept de « Centre d’interprétation du Lac de Tunis » a pour objectif la présentation du site de Chikly au public et devra tenir compte des aspects à la fois, historique et culturel, mais aussi de la fragilité écologique du milieu. Il s’agira de gérer un patrimoine mixte culturel et naturel composé du Lac de Tunis et de l’Îlot de Chikly, site riche à la fois en vestiges archéologiques et historiques, et en biodiversité, faune et flore.
L’îlot de Chikly représente une partie inédite de l’histoire de la Tunisie. Il est paradoxal que l’autorisation d’accès à un si riche patrimoine, soit encore dans les poussiéreuses étagères du ministère de la Culture. Il est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, de protéger, préserver et insuffler un nouvel élan à la place que devrait occuper cet îlot dans la conscience collective. Ces caractéristiques historiques, culturelles et naturelles uniques doivent être mises en relief et accessible à tous, afin d’ouvrir de nouvelles perspectives prometteuses à l’écotourisme dans une région qui en manque cruellement.
Je me demande ce que ces espagnols ont fouillé pendant tout ce temps et ce qu’ ils ont peiut-être trouvé !!
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