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Enfin du nouveau dans l’affaire de Jabeur Mejri, premier prisonnier d’opinion, après le 14 Janvier. La présidence de la République a annoncé à travers Adnen Mnasser, son porte parole, qu’une grâce présidentielle a était signée en faveur de Jabeur Mejri, ces derniers jours.

Cependant, Jabeur Mejri reste en prison. Sans détails, Adnen Mnasser laisse entendre que Jabeur est inculpé dans une affaire de malversation sans préciser le pourquoi du comment. Un des avocats de Jabeur, Ahmed Messalmi, nous explique que Jabeur Mejri a un deuxième procès qui l’attend au tribunal de la première instance de Mahdia. Le juge d’instruction du tribunal a informé l’avocat qu’en vertus de la loi 96 du code pénal, Jabeur Mejri est accusé de malversation en tant que fonctionnaire public. Selon cette loi, la punition est de 10 ans de prison au minimum et d’une amende égale à l’avantage reçu ou le préjudice subi par l’administration.

Rappelons que Jabeur Mejri est ancien fonctionnaire à la société de transport public, SNT. Il avait, justement, des problèmes avec d’autres fonctionnaires, qui sont à l’origine de ses ennuies. En effet, ses ex collègues ont contacté l’avocat Sheikh Zawali pour l’avertir de l’athéisme de Jabeur. Ce dernier a porté plainte d’atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs et d’atteinte à autrui via les réseaux publics.

Pour revenir à l’affaire actuelle de Jabeur, nous restons jusqu’à ce moment dans le flou puisque nous ne savons pas si ce deuxième procès qui se prépare à Jabeur est ancien ou nouveau par rapport au premier procès. Les avocats de l’accusé n’ont pas encore accès au dossier et ne connaissent pas les détails.

Ce qui est certain est que Jabeur est désormais en prison pour une affaire de droit commun. Avec le mandat d’arrêt émis contre lui par le tribunal de Mahdia, malheureusement pour lui et pour ses défenseurs, il ne sera pas libéré d’ici peu.

La famille de Jabeur n’est informée de rien. Sa sœur Ines, encore étudiante, dit n’avoir eu connaissance du deuxième procès qu’à travers son frère lors des dernières visites en prison. « Jabeur a été transféré, il y a quelques semaines, au tribunal de Mahdia pour un interrogatoire qui concerne une deuxième affaire. Même lui, il n’a aucune idée sur ce dossier et dit n’avoir eu aucune information avant sur une plainte contre lui », affirme Ines.

Concernant la grâce, le porte parole de la présidence affirme que Jabeur a écrit une lettre d’excuse au peuple tunisien, lors de la visite de Hechmi Jegham, président du Haut Comité des Droits de l’Homme, pour avoir la grâce. Dans une première, en Tunisie, le président de la république, Moncef Marzouki, ex défenseur des Droits de l’Homme, a demandé l’avis des Sheiks de Zaitouna avant de gracier Jabeur. Cela prouve, donc, que le président de la république n’a jamais considéré Jabeur comme prisonnier d’opinion et a fait appel à la Chariaa et à la Fatwa pour le libérer. C’est finalement, grâce aux savants de la Zitouna que Jabeur Mejri est « pardonné ». rappelons que la société civile nationale et internationale ne cesse de militer, depuis deux ans, pour la libération de Jabeur Mejri.

Encore une défaite dans le combat de la liberté d’opinion et de conscience dans la Tunisie post révolutionnaire. La présidence de la république admet par ses déclarations que Jabeur a commis un crime en s’exprimant sur la religion à travers Internet. Après les énormes festivités pour célébrer une constitution « progressiste », Moncef Marzouki, revient à la réalité et admet qu’un athée ne peut pas s’exprimer librement, en Tunisie. Encore une contradiction schizophrénique qui s’ajoute au discours de l’Etat et ses constitutions. A travers, la demande de permission ou d’avis des Sheiks de la Zitouna, Moncef Marzouki passe deux messages aux Tunisiens. Le premier concerne la société civile pour lui signifier que sa grande mobilisation pour Jabeur n’a servi à rien et que la cause #FreeJabeur n’est pas une cause juste et ne concerne pas la liberté d’opinion. Le deuxième message est adressé à tous les Tunisiens et qui affirme que la protection du sacré est la plus importante aux yeux du pouvoir.

Après la fuite sur sa libération, depuis un mois, et les informations concernant un probable refuge à un pays européen, un procès de droit commun fait apparition dans le dossier judiciaire de Jabeur Mejri. Même gracié, Jabeur reste en prison mais cette fois sans soutien de l’opinion publique internationale qui ne criera pas au scandale pour un accusé de malversation. Au même temps, Moncef Marzouki garde son image intacte : il offre la grâce à Jabeur mais sans provoquer ses amis les plus radicaux au pouvoir.

A suivre …