Communiqué
Retrait des films Exit Productions
de la 3e édition des Rencontres des Réalisateurs TunisiensExit Productions a été fortement surprise en apprenant hier dimanche 9 février la composition des jurys durant les Rencontres des Réalisateurs Tunisiens qui auront lieu du 12 au 16 de ce mois à Tunis. Le jury des longs-métrages de fiction est composé entre autres d’Abdellatif Ben Ammar.
Abdellatif Ben Ammar est l’une des figures les plus importantes dans le milieu du cinéma à avoir collaboré avec la dictature policière de Ben Ali. Et ce, à plusieurs titres. Ami intime d’Abdelwahheb Abdallah, conseiller historique de Ben Ali et cerveau de la chape de plomb, de la censure et de la corruption des médias, des arts, des penseurs et des intellectuels.
Grâce à cette amitié, Abdellatif Ben Ammar monopolisait de façon illégale (sans appels d’offres) les films institutionnels et de sensibilisations commandés par l’État. En outre, il a été le producteur et le réalisateur des vidéos de propagande réalisées par le régime chaque 7 novembre et diffusées sur les télés nationales. La dernière en date fut celle de novembre 2010. C’est donc un pilier du régime de Ben Ali dans le secteur cinématographique.Cette présence indigne dans cette manifestation organisée par une association créée après la révolution est une trahison. En outre, cette présence n’est que la partie émergée d’un iceberg, celui du retour au-devant de la scène, dans les plus hautes sphères du pouvoir cinématographique et dans les prises de décisions, de figures qui ont collaboré, soutenu et participé activement au régime de Ben Ali.
En accord avec les deux réalisateurs Nadia Touijer et Belhassan Handous, Exit Productions retire donc ses deux films programmés lors des Rencontres, à savoir : « Précipice » et « Hecho en casa ». Nous restons par ailleurs vigilants et continuerons à nous battre comme nous l’avons toujours fait depuis 2005 pour un cinéma singulier, libre et novateur, autant par ses films que par son organisation.Nous tenons à être clairs. Nous ne nions pas à Abdellatif Ben Ammar ni à aucune personne ayant collaboré avec le régime novembriste, ayant appartenu au R.C.D., ayant profité de la corruption et autres pratiques de ce type, de continuer à travailler, à réaliser ou à produire des films, à postuler aux subventions de l’État dans des conditions que nous souhaitons transparentes et équitables pour tous.
Mais nous trouvons que cette nomination est inadmissible et inacceptable. Nous refusons que nos films soient jugés par des propagandistes de Ben Ali. Nous refusons que le cinéma en Tunisie soit l’otage des mêmes personnes et des mêmes pratiques qui l’ont amené aujourd’hui à cette situation de mort lente, mais certaine. Nous refusons que des personnes dont la corruption, l’attachement au régime de Ben Ali et l’incompétence sont avérés, soient aujourd’hui celles qui sont les seules à prendre les décisions concernant notre secteur d’activité professionnelle, mais aussi, et surtout, la passion de nos vies. Nous estimons qu’il ne peut y avoir d’avancées effectives, justes et durables du cinéma en normalisant avec ses personnes comme il est de plus en plus cours.
Tunis – Lundi 10 février 2014
Exit Productions : Ali Hassouna & Ismaël Ala Eddine Slim
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