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Profanation de la grande mosquée de Saint-Etienne, le 8 février 2010 crédit photo lepoint.fr / SALVAT YVES / MAXPPP

Croix gammées, tags islamophobes et injurieux, têtes de cochon… Depuis le début de l’année 2013, 18 mosquées ont été profanées en France. Dernière en date : celle de la mosquée de Narbonne . Le matin du 28 mai, les bénévoles en charge des travaux de finition de cette mosquée du sud de la France, en chantier depuis deux ans, ont en effet découvert dans la future salle de prière une tête et des pâtes de cochon nageant dans une flaque de sang. L’animal avait vraisemblablement été égorgé sur place.

C’est la deuxième fois en quelques mois que la mosquée de Narbonne est profanée. Déjà, fin 2012, une tête de porc dans un sac-poubelle avait été retrouvée sur les lieux. Mais les responsables en charge de la construction avaient préféré rester discrets et ne pas rendre public l’événement, dans un contexte d’hostilité grandissante envers les musulmans en France.

Ces profanations en disent pourtant long sur la progression de l’islamophobie, et sur les modes d’action choisis par les groupuscules d’extrême-droite qui sont soupçonnés d’être à l’origine de ces actes. Au début « limitées » à des tags islamophobes ou à des croix gammées sur les murs, ces attaques tendent de plus en plus souvent à devenir des mises en scène macabres et spectaculaires. Un moyen d’intimider ceux qui auraient l’ « audace » de vouloir construire de nouvelles mosquées, paliant ainsi à l’insuffisance de lieux de culte musulmans dans plusieurs villes de France.

« Ces exactions provocatrices cherchent à manifester une fois de plus leur hostilité à la bonne intégration du culte musulman en France », se désole Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris et ancien président du Conseil français du culte musulman.

Selon le collectif contre l’islamophobie en France, 40 mosquées ont été visées en 2012 . Et, outre les profanations, de nombreux lieux de culte musulmans reçoivent régulièrement des enveloppes contenant du jambon de porc. Un symbole fort : « haram » pour les musulmans, le cochon représentent, pour certains groupes d’extrême droite, une « culture française » fantasmée.

C’est dans ce même esprit qu’avait été organisé à Paris en juin 2010 un très médiatisé « apéros saucisson-pinard » . Organisé par le Bloc identitaire et Riposte laïque, deux mouvements proches de l’extrême droite, ce rassemblement avait pour but de lutter contre une prétendue « arrogance des musulmans ».

Alors que l’islam est aujourd’hui la deuxième religion de France, la Commission nationale consultative des droits de l’homme indique, qu’en 2012, les actes visant les musulmans ont augmenté de 30 % dans le pays, après une première hausse de 34 % en 2011.

Abdallah Zerki, le président de l’Observatoire de l’islamophobie au sein du Collectif contre l’islamophobie en France, appelle régulièrement le président de la République François Hollande à déclarer le combat contre l’islamophobie « cause nationale ». Sans succès jusqu’à présent.