Des enjeux géopolitiques très complexes secouent Washington DC ces derniers jours
Mercredi 31 Décembre 2013, les méninges des “Policy Makers” à Washington DC étaient en pleines ébullition “Faut-il oui ou non partir en Syrie?”
En effet, Israël aurait attaqué dans la nuit du mardi à mercredi dernier un centre de recherche militaire situé entre Damas et la frontière libanaise redoutant une attaque du Hezbollah qui aurait selon l’Intelligence Militaire Israélienne l’intention de “nuire à Israël”. Simultanément à Washington DC, Hillary Clinton est remplacée le Vendredi 1er Février par John Kerry, ancien sénateur qui avait combattu au Vietnam et s’était opposé à son retour à cette guerre mais pas à celle contre l’Irak en 2003 avant de changer d’avis. Une autre nomination serait en cours, celle du Secrétaire d’Etat de la Défense Chuck Hagel, beaucoup de tensions ont alors surgi autour de la nomination de Hagel pourtant pro-israélien, le Secrétaire d’Etat se trouve soupçonné d’attendrissement vis à vis des droits de l’homme en Palestine.
A Washington DC s’est tenue le Mercredi 30 Décembre, une conférence organisée par McCain Institute, une organisation pro-israélienne fondée par John McCain. La conférence qui avait pour thème « Faut il sauver la Syrie ? » avait réuni des experts politiques américains qui semblaient être partagés. En effet, les enjeux politiques autour de la Syrie sont très complexes. Les experts redoutent le renforcement par l’Iran des Djihadistes du Hezbollah dans la frontière ouest de la Syrie ce qui menace la stabilité d’Israël. Les politiciens américains se disent aussi inquiets après le câble divulgué par l’ambassadeur américain, quelques jours auparavant, par rapport à l’utilisation par la Syrie d’armes Chimiques. Cette fuite d’information dont l’auteur semble être le US State Departement a été démentie par l’Organisation Human Rights Watch qui suit de très prêt le drame Syrien à partir du Liban et nie catégoriquement toute utilisation d’armes chimiques.
Par ailleurs Joshua Landis, directeur du “Center for Middle East Studies” se base sur le ratio économique « Wealth per capita » pour défendre l’idée que la Syrie n’aurait pas beaucoup de chance de réussir sa transition démocratique En effet, la Syrie aurait un indicateur de richesse par personne très faible et selon l’expérience de plusieurs pays, ses capacités à réussir la mise en place d’une démocratie se trouvent très réduites.
D’un autre côté, les Etats unis fidèles à leurs valeurs humanitaires se disent incapables d’assister au massacre en Syrie en observateurs et se proposent de déployer leur seconde plus grande base militaire, celle située en Turquie ; seulement voilà l’économie va mal aux Etats Unis, ça risque de coûter cher et ils semblent ne pas avoir de stratégie claire pour échapper aux foudres de l’Iran et la Russie. Par ailleurs la Chine et aussi la Russie qui a prévenu Israël de cesser les attaques aujourd’hui, ont utilisé leurs droits du Veto se qui a empêché toute intervention des Nations Unis pour arrêter le conflit en Syrie.
Il est en effet particulièrement intriguant de voir les Etats Unis qui ont, depuis bien longtemps, supporté le régime Assad et par conséquent les intérêts d’Israël, s’inquiéter des droits de l’homme en Syrie. Il est même naïf de croire qu’ils le feront sans privilégier leurs intérêts politiques. “Admettant qu’ils laissent les syriens décider de leurs sort, n’ont ils pas peur de risquer les intérêts d’Israël?” J’ai donc quitté le débat sans avoir eu la chance de poser cette question.
Malheureusement les enjeux par rapport à l’intervention de l’US en Syrie et son impact sur Israël ou les réactions éventuelles de Iran n’ont pas été débattues publiquement. Ce genre de débat se discute probablement dans les locaux très fermés et à très haut niveau. Une chose est sure quelque soit la décision des Etats Unis elle répondra avant tout aux intérêts des états Unis et d’Israël. Les droits de l’homme viendront plus tard même si le Président Obama a débloqué 155 millions de dollars 2 jours auparavant, d’aides humanitaire au réfugiés. Les aides présentées par les Etat Unis atteignent ainsi $365 million de dollars.
Par ailleurs, Mr l’ambassadeur de la ligue arabe aux Etats Unis, Dr. Mohammed Al Hussaini Al Sharif, ancien diplomate Saoudien, dans une entrevue tenue le même jour à Washington DC a critiqué publiquement la politique américaine des années passées en précisant qu’avant le printemps Arabe, la seule fois où les arabes ont décidé de leurs sort c’était en Algérie. Les élections qui étaient justes et transparentes, avaient laissé les urnes porter le parti islamiste au pouvoir ce qui avait déplu aux américains qui avaient fini par orchestrer un coup d’Etat militaire sanglant et destructeur.
L’ambassadeur a aussi précisé que le printemps Arabe était spontané et que suite à cette révolution, certain acteurs ont vu leurs rôles et leurs pouvoirs décisionnels renforcés dans la Ligue Arabe tel que le Qatar qui n’était pas aussi influent auparavant.
A ma question “Pourquoi soutenir la Syrie et non pas le Bahreïn ?” l’ambassadeur semblait très gêné et a fait allusion à ces lignes rouges qu’Aaron David Miller, spécialiste du Moyen Orient aux US et conseillé de 6 Secrétaires d’Etat aux affaires étrangères, avait cité avec les mots suivants “le maintien de l’Arabie Saoudite est une ligne rouge” disait Miller. L’ambassadeur a ensuite précisé que la situation en Syrie et plus alarmante en terme de démocratie et de droits de l’homme qu’au Bahreïn.
Le respect des libertés, des droits de l’homme et de la démocratie sont certes des impératifs en Syrie. Cependant, il est temps que le monde Arabe apprenne à bâtir sa démocratie et son avenir sans recours à l’occident qui risque de ne servir que son propre agenda politique.
Références
Human Rights Watch, U.S. reject report that Syria used chemical weapons
Exclusive: Secret State Department cable: Chemical weapons used in Syria
SHOULD THE UNITED STATES SAVE SYRIA?
Israel conducts daily surveillance flights over Lebanon.
Hezbollah, Russia condemn Israeli airstrike inside Syria
President Obama Announces Additional Humanitarian Aid for the Syrian People
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