Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Aujourd’hui, nous sommes le 27 octobre 2011 en Tunisie. Je rappelle la date pour rappeler l’histoire à ceux qui semblent aujourd’hui souffrir d’amnésie partielle ou faire semblant…130 ans depuis le traité du bardo de 1881, qui plaçait la Tunisie sous protectorat français. Depuis il y a eu l’indépendance en 1956, une présidence à vie puis une dictature à laquelle le peuple tunisien fort heureusement privé du savoir faire français a su mettre fin, par la force incantatoire de son destin chanté dans l’hymne national peut être…par hasard ou encore par un coup d’état savamment orchestré, le peuple tunisien s’est débarrassé d’une dictature.

Pour le tunisien, « lafrance » n’est autre que ce pays si proche et si lointain qui a cautionné la dictature des années durant, qui en voyant un soulèvement populaire s’est rangé du côté du tyran là où la charte des droits de l’homme dont les français sont si fiers et si peu dignes, aurait voulu qu’elle condamne le dictateur, non ceux qui se soulèvent pour leur dignité… « lafrance » même après la révolution a continué sa répression en refoulant à sa frontière une poignée de jeunes migrants portant l’espoir d’un avenir meilleur, alors que les tunisiens peinant à se redresser ont ouvert leurs frontières et leurs coeurs à tous les réfugiés en provenance de Lybie. Quand les français se payent le luxe de ne pas aller voter, les tunisiens sont debout, des heures durant, sous un soleil de plomb, à attendre que vienne leur tour pour exercer pour la première fois de leurs vies, leur devoir patriotique et leurs droits de citoyens. Vous êtes un peuple déphasé, chers français…toujours un train de retard sur l’histoire.

Je suis scandalisée aujourd’hui en écoutant Monsieur Alain Juppé « La FRANCE va rester vigilante. LAFRANCE VA DIRE : attention, il y a une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir et POUR NOUS la ligne rouge ce sont un certain nombre de valeurs et de principes démocratiques comme l’alternance démocratique, les droits de l’homme ou encore l’égalité homme-femme NOUS ALLONS être très vigilants et NOUS AVONS les moyens d’exprimer cette VIGILANCE ( …) NOUS allons mettre en place une AIDE (…) c’est DANS NOTRE INTERET. CETTE AIDE, NOUS l’apporterons DANS LA MESURE OU LA LIGNE ROUGE ne sera PAS FRANCHIE ». Monsieur, lors des élections, c’est de la Tunisie qu’il s’agit, pas de la France… la nombre de fois où vous employez « la France va » et « Nous » est symptomatique de votre sentiment de supériorité et de votre nombrilisme. Ah égo démesuré… Monsieur Juppé, je vous demanderai d’abord de balayer devant votre porte, car si la Tunisie a des leçons à prendre ce n’est surtout pas d’un ministre des affaires étrangères, ex maire de bordeaux, qui est intervenu en 1995 en faveur de son « pauvre » fils pour diminuer le loyer de son logement relevant de la propriété de la ville de Paris et qui a en plus entamé des travaux aux frais du contribuable… En 2004, Juppé est condamné 18 mois de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et à une peine de dix ans d’inéligibilité. Quand la douce France accepte en son gouvernement des ministres voyous, il est fort mal venu d’intervenir dans les affaires d’un pays souverain . Si les français, peuple de poltrons et de faux culs, a eu la bêtise de vous accepter en tant que ministre, je n’accepte pas, en tant que tunisienne et en mon pays, qu’un voleur vienne me faire la morale et me donner la charité, et je parle au nom de tous les tunisiens.

Cher Alain Juppé, si vous croyez aux valeurs que vous défendez et si la France appliquait les valeurs qu’elle veut imposer aux autres, vous seriez derrière les barreaux monsieur. Mais la France à qui l’on ne doit rien aujourd’hui, d’une condescendance scandaleuse applique à la lettre « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Nous ne sommes plus sous tutelle, cher ministre, et vos menaces envers notre pays est encore une fois une honte pour vous, car après tout ce que je viens d’exposer, la Tunisie a plus à vous apprendre, vigilance, ligne rouge etc. nous vous mettons en garde monsieur, de ne pas les franchir les lignes rouges et nous, les tunisiens, n’avons pas attendu la France pour chasser un dictateur, nous ne vous attendrons pas, si notre démocratie est menacée. Nous avons su gérer notre pays SANS VOTRE AIDE et nous continuerons la lutte sans votre aide et vos positions de néocolonialistes. Nous avons fait des élections démocratiques et sommes libres de mettre qui bon nous semble à la tête de notre pays, islamiste, conservateur, libéral, athée, nazi… le choix du peuple s’est exprimé par le peuple et sous la vigilance du peuple. Vous oubliez que vous-même la France sous tutelle de l’Europe ne commandez plus rien…C’est l’hôpital qui se fout de la charité… De plus, et fort heureusement, la France n’est pas le seul pays au monde avec qui la Tunisie traite, le monde est vaste monsieur et ne soyez pas étonné d’une nouvelle configuration géo-économique de notre pays… Je ris de voir qu’une civilisation sur le déclin vienne faire la leçon à une civilisation naissante… Votre jeunesse s’assied sur votre monde en ruine monsieur…

Nous ne sommes plus en 1881 sous protectorat, nous savons nous protéger et encore mieux sans l’importation de votre savoir faire national… Le gouvernement de Sarkozy est la pire chose que la France a subi. Pauvre France… J’espère qu’un jour les français feront à leur tour une révolution en s’inspirant de la notre et alors monsieur nous nous montrerons vigilants en vous apprenant à respecter la dignité des autres. Cela, monsieur, vous semblez encore aujourd’hui l’ignorer… En guise de conclusion, je m’abstiendrai de dire « ta gueule Juppé » je cède la parole à votre cher Renaud :

Etre né sous le signe de l’hexagone,
C’est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est français, ça j’en suis sûr.

http://jolanare.blogspot.com/2011/10/depuis-des-eternites-elle-pas-tellement.html