Privé de son droit élémentaire à réagir à un article paru sur le journal le Monde sur la crise de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et ,qu’il a jugé “malhonnête”, car reflétant “une volonté délibérée de déformer les faits”, Me Chedly Ben Younès a adressé un texte aux journaux de la place.
Cependant, l’avocat tunisien a omis que le droit de réponse, quoiqu’élémentaire, est soumis à certaines règles. Déjà, Me Ben Younès parle de mise en point et non pas de droit de réponse. La mise au point est un ajustement, une correction qui suit la diffusion de fausses nouvelles. Un droit de réponse est, par contre, la présentation d’une version différente des faits. Et, dans certains cas, c’est décrire le tort causé par l’article en question. En tous cas, un droit de réponse ne doit en aucun cas remettre en question l’intégrité du journaliste-auteur de l’article et encore moins le soumettre à un procès d’intention.
Au-delà de l’affaire le Monde-Ben Younès, l’avocat tunisien ouvre un grand dossier, celui de l’éthique journalistique. Non pas en France, bien entendu. Mais, sous nos cieux. Et, Me Ben Younès n’est pas sans connaître les 4 vérités, citées un peu plus bas, car sautant aux yeux.
Depuis la kyrielle presque non-discontinue de crises qui ne cesse d’éclabousser la LTDH, la frange indépendante n’a jamais eu accès aux médias gouvernementaux ou indépendants pro-gouvernement. Me Ben Younès n’est pas sans savoir cette réalité qui, d’une manière ou une autre, a contribué à attiser les tensions au sein de la ligue. Seuls les communiqués du clan pro-gouvernement circulent dans la Cité. La parole est exclusivement réservée aux “figures de proue” de ce courant, faisant de la presse un juge et partie de la crise.
Cela s’étend aux autres composantes de la société civile ainsi qu’aux syndicats dont les crises tournent autour de l’indépendance. C’est le cas pour l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT), de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) ainsi que du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT). C’est aussi le cas des organisations officiellement non-reconnues, telles que le Conseil National des Libertés en Tunisie (CNLT), la Ligue des Ecrivains Libres (LEL), Liberté et Equité (LE) ou encore l’Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques (AISPP).
Pendant ce temps, les indépendants font l’objet de campagnes de diffamation en toute impunité. C’est ainsi que sont qualifiées de “traîtres”, de “prostituées”, d’ “homsexuels” ou de “mercenaires” toutes les voix s’élevant contre les tentatives de “domestication” des structures indépendantes ou militant pour leur indépendance.
Cela va sans dire que ces “vendus” sont privés de droit de réponse. Pis, il leur est impossible de poursuivre en justice leurs diffamateurs.
Pourtant, le Code de la presse est bien clair, tout y est bien souligné, tout citoyen y trouve justice. Mais, qui veille à appliquer la loi ?
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