Le dissident tunisien a été libéré au terme d’une peine de 6 mois d’emprisonnement. Il parle d'”une prison préhistorique” où “la seule chose qui [lui] restait c’était le moral”.
Le journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik a été libéré ce mardi 27 avril vers 5h, au terme de sa peine de six mois d’emprisonnement. Il réaffirme sa volonté de dénoncer le gouvernement tunisien et raconte à Nouvelobs.com ses conditions de détention.
La sortie de prison de Taoufik Ben Brik était “sortie quasi-normale”, excepté l’heure : “5h du matin“. “Ils craignaient certainement de voir des attroupements…“, estime le journaliste. Il a alors “pris un taxi collectif” dans lequel sont également montés “trois policiers“. “Je suis arrivé chez moi vers 10h30, dans une maison encerclée par des policiers“, raconte-t-il.
Concernant ses conditions de détention, le journaliste parle d'”une prison préhistorique, à l’intérieur délabré, où il y avait même les prisonniers renvoyés des autres prisons pour violences“. “On m’a interdit tout papier, stylo, ou livre. Les visites étaient limitées à ma famille, je ne pouvais pas voir mes avocats. Toutes nos rencontres étaient très contrôlées et nos discussions sur écoute, dès que nous évoquions [le président tunisien] Ben Ali, la communication se coupait“, explique-t-il.
Concernant le suivi du syndrome de Cushing (maladie dégénérative des défenses immunitaires) dont il est atteint, Taoufik Ben Brik raconte que “c’est [sa] famille qui lui amenait ses médicaments“. “Malgré tout, j’étais malade chaque jour… J’avais des diarrhées, une arthrose faciale. Ce n’était pas facile du tout.” Il poursuit : “la seule chose qui me restait c’était le moral. J’ai l’habitue de dire que j’ai une âme plus tannée qu’une crosse de fusil”.
Le journaliste poursuivra ses écrits
Interrogé sur son état d’esprit après six mois de détention, le dissident tunisien lâche simple : “Aujourd’hui, je suis comme d’habitude“. “Un ami m’a dit ‘bienvenu dans notre prison’. Ici les barreaux sont humains, ce sont les policiers. Si la prison est un zoo, alors à l’extérieur c’est une réserve tout autant surveillée.”
Néanmons, Taoufik Ben Brik reste décidé à poursuivre ses critiques sur du gouvernement tunisien. “Si je n’écris plus qu’est-ce que je ferais ? Je me tournerais les pouces. Je ne sais rien faire d’autre…“, conclut-il.
Un peu plus tôt, son épouse, Azza Zarrad, se disait “très contente” de retrouver son mari.
Ben Brik “a purgé totalement sa peine”
Taoufik Ben Brik a été libéré après six mois d’emprisonnement à l’issue d’une peine pour violence dans un procès qualifié de politique. Un des avocats du journaliste, Mohamed Abbou, explique à Nouvelobs.com qu'”il est tout à fait normal qu’il soit libéré ce 27 avril, après avoir purgé totalement sa peine“.
Contacté par Nouvelobs.com, son avocat Nejib Chebbi s’élève contre “des conditions de détention qui n’ont pas été décentes compte tenu de son état de santé et de sa condamnation“. En effet, Taoufik Ben Brik “a été traité comme un détenu de droit commun”, “son droit de visite a été violé de nombreuses fois, de même que son droit de rencontrer ses avocats“, insiste-t-il. Finalement, le dissent tunisien a passé “6 mois en prison pour s’être battu pour la liberté d’expression en Tunisie“, estime l’avocat. “Heureusement que son moral était bon, c’est essentiel en prison… Mais ça a été très dur pour sa famille victime de pressions.”
Auteur d’écrits satiriques ciblant le chef d’État tunisien dans les médias français, Taoufik Ben Brik, 49 ans, avait été arrêté le 29 octobre. Accusé d’avoir agressé une automobiliste, il a toujours nié les faits, se disant victime d’une machination. Il a été condamné le 28 novembre 2009 pour “faits de violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d’autrui” à six mois de prison ferme, une condamnation confirmée le 30 janvier en appel.
Ses avocats et Reporters sans frontières (RSF) avaient affirmé qu’il avait été victime d’un “procès politique“, “monté de toutes pièces” pour le sanctionner de ses articles virulents contre le président Ben Ali publiés dans la presse française dont Nouvelobs.com.
Prison sans nom
Sans identité, sans visage,
Sans image, plein de rage,
La tragédie théâtrale continue
Dehors le monde se réjouit
A l’intérieur le cauchemar se définit
Le vide s’ennuie
Souvent la même musique
Et la même chanson est entendue
« L’être humain est souvent esclave dans son monde confiné »
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