Samedi 22 juillet, Adel Tebourski a été extrait de la prison de Nantes où il avait achevé sa peine, mais n’a pas pour autant recouvré la liberté. La veille, ce Franco-Tunisien de quarante-deux ans, divorcé et père d’un enfant français, avait été déchu de sa nationalité française, déchéance publiée au Journal Officiel. Il avait aussitôt fait savoir à la Préfecture, par le biais de son avocat, qu’il demandait l’asile en France. Le même jour, un arrêté ministériel d’expulsion (AME) avait été pris à son encontre motivé par la « nécessité impérieuse pour la sûreté de l’Etat et la sécurité publique ». Adel Tebourski a donc été conduit directement de la prison au centre de rétention du Mesnil-Amelot, dans l’attente de son expulsion vers la Tunisie. Le recours contre cet AME n’est pas suspensif de son exécution. Dimanche 23 juillet, le juge des libertés du TGI de Meaux a renouvelé pour quinze jours son maintien en rétention. La menace est donc extrêmement sérieuse.
Adel Tebourski, de formation scientifique, a été arrêté le 26 novembre 2001 près de Maubeuge dans le nord de la France. Cette arrestation fait suite à l’assassinat, le 9 septembre 2001, d’Ahmed Shah Massoud, par Abdessatar Dahmane et Bouraoui El Ouaer, qui sont morts avec leur victime. Le procès d’Adel Tebourski et de six autres personnes s’ouvre en mars 2005 devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé d’avoir organisé des départs des volontaires pour le Pakistan et l’Afghanistan. Adel Tebourski nie avoir eu connaissance des projets d’Abdessatar Dahmane, son ami de longue date, dont il est resté sans nouvelles dans les mois qui ont précédé l’assassinat de Massoud. Neuf années d’emprisonnement sont requises contre lui. Le 17 mai de la même année, il est condamné à six ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et cinq ans de privation de ses droits civils, civiques et de famille. Sa conduite irréprochable en prison lui vaut une remise de peine.
Le renvoi forcé d’Adel Tebourski en Tunisie signifierait pour lui torture et emprisonnement. Il serait contraire à l’esprit et à la lettre de l’article 3 de la convention sur la torture, ratifiée par la France. Il priverait Adel Tebourski de la présence de son fils, et constituerait une atteinte disproportionnée à sa vie de famille, contrevenant ainsi à l’article 8 de la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Autant de raisons pour s’y opposer, tout de suite.
Luiza Toscane
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