Gary Schroen, un des agents avec plus de 32 ans aux services de la CIA qui vient de prendre sa retraite à l’âge de 63 ans a terminé la rédaction de son livre à paraîtra incessamment aux Etats-Unis. Il s’agit du : « First In : An insider’s Account of How the CIA Spearheaded the War on Terror in Afghanistan » (Le premier arrivant : Récit de l’intérieur sur la façon dont la CIA dirige la guerre contre le terrorisme en Afghanistan). En guise de prémices, il a raconté au cours d’une conférence de presse, certains détails de ce qu’il considère la mission qu’il n’a jamais reçue d’une manière aussi explicite et directe de la Maison Blanche : Trouver le premier inspirateur du 11-S lui couper la tête, la mettre dans de la glace liquéfiée et l’apporter au Chef dans son Bureau Ovale. Pour ce qui est du sort de ses collaborateurs directs, il suffit de leur couper la tête et les accrocher n’importe où sur un piquet. (Voir El Pais du 6 mai 2005).
Ça c’est ce que raconte un des agents de cette Entreprise américaine dont les innombrables missions d’assassinats et de morts n’ont jamais été un secret. Qu’on remonte aux années de l’après guerre avec le maccarthysme, aux années soixante et soixante dix avec les massacres et les têtes coupées en Amérique du Sud, en Afrique ou aux années quatre vingt, quatre vingt dix et jusqu’à nos jours la politique étrangère américaine, si on peut appeler telle, politique est jalonnée d’assassinats et de piétinements systématiques de toutes les lois et de tous les droits sans arrêt. Toutes ces horreurs vont constituer la source principale d’inspiration à tous les dictateurs situés dans l’orbite de cet empire qu’ils soient en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie, en général, ou dans le monde arabe et musulman en particulier.
Tous le noms des Secrétaires d’Etat de l’Administration Américaine les plus célèbres, du général Marshall à Condolezza Rice en passant entre autres par Henry Kissinger, Madeleine Korbel Albright et le général Collin Powell, tous se sont servis fondamentalement des services les plus sinistres de cette Entreprise de terreur et de mort dans la conduite de la politique étrangère de l’Empire. Toutes les actions les plus ignobles, les plus infâmes, les plus sordides sont menées au nom tantôt de la liberté, tantôt de la justice, tantôt du progrès et enfin de nos jours au nom de la démocratie ou de la guerre contre le terrorisme. Et à chaque fois les succès américains se traduisent par des désastres, des hécatombes et la mise en place de dictatures les plus abjectes dans tous les pays visés. Les ambassades américaines de par le monde n’ont jamais obéit à aucun critère diplomatique ou de droit international et ont constitué des relais et des antennes de la « Central Intelligence Agency » (CIA) avec tous les agents qu’exigent de telles activités qui vont du simple espionnage du pays hôte jusqu’à l’organisation et l’exécution des crimes les plus abominables. Et tous ces individus, des authentiques tueurs, jouissent de l’immunité diplomatique. Les dossiers noirs sont innombrables. Un des plus lugubres personnages qui est aux services de cette Agence depuis presque quarante ans, est celui qui se trouve actuellement à la tête de l’Ambassade américaine à Bagdad, John Dimitri Negroponte. Il est né en 1940 à Londres. Fils d’un armateur grec il a commencé sa « glorieuse » carrière avec un poste à Hong Kong, puis au Vietnam. Les médias internationaux le décrivent tout simplement comme un faucon pragmatique. Il est derrière les massacres les plus terrifiants qui ont ensanglanté les Honduras durant les années entre 1981 et 1985. Avant de quitter ce pays, il s’est emparé lui et son épouse anglaise de cinq enfants honduriens à titre d’adoption. Bien qu’il le nie, il est à l’origine de la création des escadrons de la mort qui ont sévi, avec toutes les atrocités imaginables, en Amérique Centrale. Il a été accusé par plusieurs organisations et particulièrement, en 2001 à sa nomination par Bush au poste d’ambassadeur auprès de l’ONU, par l’activiste des droits humains Andrés T. Conteris qui a fait irruption en pleine session du Sénat américain en criant à l’adresse des sénateurs : « Qu’on l’interroge sur son rôle dans le Bataillon 316, un des escadrons de la mort ». Entre 1960 et 1997, il a servi dans huit pays des trois continents – l’Asie, l’Europe et le l’Amérique du Sud – et a en outre servi de conseiller d’Henry Kissinger. En 1993 Clinton l’avait fait sortir du Mexique pour l’envoyer aux Philippines. Entre 1997 et 2001 il s’est dédié aux affaires privées, avant de revenir en tant qu’homme de confiance de Collin Powell en 2002 jusqu’à son arrivée à Bagdad. L’historial de n’importe lequel des autres ambassadeurs américains n’est pas différent. En ce moment même se trouve sur la sellette un autre faucon que Bush a nommé au poste d’ambassadeur auprès de l’ONU, John Bolton. Pourtant les déclarations de ce faucon au sujet de cet Organisme international, ne seraient pas de nature à le destiner à un tel poste. « Les Nations Unies n’existent pas » a-t-il, entre autres déclaré ou « Si l’édifice des Nations Unies perdrait dix étages ça ne me fait ni chaud ni froid. »
Ce ne sont que deux exemples qui disent bien long sur modus opérandi et le mépris de l’Administration américaine des lois internationales ou des droits de la même nature. Mais revenons aux activités illicites, à tous les points de vue des agents américains dans le monde. Le terme illicite au fond n’a plus aucun sens, quand il s’agit d’actes purement criminels. Le journal « El Pais » du 15 mars dernier, rapporte dans un long article en page 4, la manière d’opérer de la CIA ces derniers temps et cite des cas de kidnapping en plein jour dans des villes européennes de personnes arabes ou musulmanes dont certaines sont portées totalement disparues sans laisser la moindre trace nulle part. Beaucoup de ces personnes qui se comptent par dizaines, rapporte le même journal dans son édition du 12 mai dernier sont acheminées, à la connaissance des autorités locales de tous ces pays européens, vers l’Egypte pour des interrogatoires suivis des tortures les plus inhumains par les soins des bourreaux de Hosni Moubarak en présence des agents américains résidants sur les lieux. Cette manière de kidnapper des personnes résidentes d’une forme légale dans tous ces pays européens et qui n’obéit à aucune loi, ni locale ni internationale, on s’est ingénié à l’appeler « reddition ». A part l’Egypte et Guantanamo à Cuba, les agents américains se servent d’endroits pour ce genre d’interrogatoires dans d’autres pays arabes et musulmans, comme le Pakistan, l’Afghanistan, la Jordanie, le Maroc et bien entendu les lieux sinistres des Abou Ghraibs en Irak.
Human Rights Watch, une des organisations de la défense des droits de l’Homme, au bout de ses recherches a fini par qualifier ce piétinement systématique de toutes les lois et droits comme un trou noir dans la législation mondiale. D’ailleurs son rapport qui a paru le 11 mai s’intitule : « Le trou noir ; le sort des musulmans livrés à l’Egypte ». De son côté l’Organisation Egyptienne des droits de l’Homme, a comptabilisé le cas de 292 personnes arrivées de cette manière en Egypte et livrées aux séances de tortures les plus atroces. 120 d’entre elles n’ont pu supporter toutes ces cruautés et souffrances et ont cessé d’être de notre monde. Même si ce genre de « livraisons » à l’Egypte de ces personnes kidnappées partout dans les quatre coins du monde dure depuis plus d’une dizaine d’années, le rythme s’est accéléré après le 11-S et les mains – comme l’écrit le même journal dans le même article – sont totalement libres d’agir. Autrement dit l’Administration américaine a donné carte blanche aux agents de la CIA d’agir comme bon leur semble et partout dans le monde. Dans sa conférence de presse, Gary Schroen parle des moyens illimités qui lui ont été fournis pour sa mission macabre entre autres un acompte de trois millions de dollars en liasses de 100 dollars. En tout cela les agents américains, ou les tueurs américains qui parcourent en ce moment le monde, sont non seulement soutenus par la présence de leurs ambassades et consulats, mais aussi par le silence totalement complice des institutions dans tous les pays occidentaux y compris la très démocratique Suède. En effet dans ce pays et selon Amnesty International, le 11 décembre 2001 deux exilés, Ahmed Agiza et Mohammed el Zari, sont arrêtés par la police de sécurité suédoise (SÄPO) l’un dans la ville de Karlstad et l’autre dans la capitale Stockholm et livrés aux agents de la CIA masqués qui les attendaient sur l’aéroport de Bromma de la capitale pour s’envoler d’une telle manière illégale directement à l’Egypte. La détention de ces deux pauvres personnes s’est déroulée d’une forme tranquille et inattendue pour eux. L’un rentrait chez lui à la fin d’un cours de langue suédoise et l’autre se trouvait dans un centre commercial. L’alerte donnée par les familiers des deux détenus a fait que l’affaire ait émergée au niveau de la presse. Le programme « Kalla Fakta » de la chaîne 4 de télévision s’est emparé de l’affaire qui s’est transformée – au fur et à mesure que les détails sont connus – en une espèce de scandale. Les faits seront corroborés par la même police de sécurité, par le chef actuel de cet organisme Klas Bergenstrand (Le chef de la SÄPO au moment des faits était Jan Danielson) et par l’Ombudsman de la Justice qui a pris l’initiative de mener sa propres enquête sur l’affaire. Les deux victimes ont été enchaînées par les mains et les pieds et au fur et à mesure que les agents leur déchiraient leurs vêtements, on leur introduisit à chacun un suppositoire à effets narcotiques tout en les aveuglant en leur nouant une bande autour des yeux avant de les jeter dans l’avion. Le tout avec l’acquiescement de la ministre des affaires étrangères de l’époque Anna Lindh, celle qui sera le 11 septembre 2003 assassinée à coup de couteau par un extrémiste serbe. Le gouvernement suédois devant le scandale a déclaré que la ministre à l’époque, n’avait été informée qu’une fois les faits consumés. Une fois longuement torturés par les soins des bourreaux de Moubarak l’un aurait été libéré faute de charge et de l’autre on n’a plus aucune nouvelle jusqu’à nos jours.
En Italie et plus exactement à Milan, le 17 février 2003 en plein jour 12 agents de la CIA participèrent à la séquestration de Hassan Mustapha Abou Omar. Deux véhicules bloquèrent des deux côtés la rue Guerzone, deux agents s’identifiant – dans un italien approximatif – comme police italienne, s’approchèrent de la victime l’arrosèrent d’un spray paralysant et l’introduisirent dans une fourgonnette qui le transportera à la base militaire américaine de Aviano. Aucun doute sur l’identité des auteurs puisque selon l’enquête on va savoir que quelques heures après l’enlèvement et de la base militaire, des appels téléphoniques au Consulat américain à Milan et à la base centrale de la CIA en Virginie aux Etats-Unis sont restés enregistrés sur les portables loués par les agents. Il passera 14 mois de supplices avant de donner signe de vie. N’ayant pas obéit aux avertissements de la police égyptienne, lui indiquant de dire qu’il a quitté l’Italie de sa propre volonté en payant lui-même son billet d’avion, il a raconté à ses connaissances à Milan les détails horribles de son odyssée d’Aviano à l’infernale prison de Tora en Egypte, des agents secrets égyptiens sont venus le chercher dans une maison de l’un de ses familiers à Alexandrie et depuis le 12 mai 2004 on n’en sait plus rien sur l’homme.
Des cas pareils d’enlèvements sont enregistrés en Allemagne et dans d’autres régions du monde et les personnes détenues dans des circonstances similaires et acheminées dans les mêmes atroces circonstances soit vers Guantanamo, soit vers l’Egypte, soit vers l’Afghanistan, soit vers le Pakistan, soit vers le Maroc, soit vers le Yémen, soit vers l’Arabie Saoudite etc.
Sous le titre « Tortures et démocratie » El Pais du 13 mai 2005, écrit : « Bush, théoricien champion des libertés, détient dans son propre pays un historial suffisamment équivoque sur les procédures légales antiterroristes. Sa crédibilité est incompatible avec ses prêches au sujet de la démocratisation dans le monde arabe alors qu’il utilise ses dictateurs comme des geôliers ». Le journal tire sa propre conclusion et les organisations non gouvernementales les plus diverses ne cessent de dénoncer tous ces crimes, mais tout un chacun des arabes et des musulmans est bien dans son droit de se demander dans quel monde on se trouve du moment que la vie et la mort ne dépend plus ni de lois ni de droits, mais de la décision que pourrait prendre la Central Intelligence Agency, la propre Administration américaine et même directement de son chef suprême qui exige de ses agents, tout en leur fournissant tous les moyens et les couvertures nécessaires, de lui trouver un homme quelconque lui couper la tête et la lui apporter dans de la glace liquéfiée. En réalité on n’est pas à la première tête requise et coupée par l’Administration américaine.
Devant des faits tels qu’ils soient racontés par l’agent en question ou beaucoup d’autres révélés – une fois passé un certain délai – par l’administration même et rapportés par la suite par différents auteurs dans les quatre coins du monde dans des livres d’histoire, constituent bien des preuves irréfutables qui démontrent, si besoin est, qu’on n’a plus affaire à un pays avec des institutions conformes au minimum de droits de n’importe quelle sorte, locale ou internationale, mais bien aux méthodes qu’utilise, n’importe quel groupe d’individus, qui a tort ou à raison, décident d’agir en dehors de tout contexte légal. Mais si un groupe d’individus – même si tout le monde désapprouve leurs actions – pourraient subjectivement ou idéologiquement justifier leurs actes en se basant sur le peu ou l’absence totale d’écho qu’ont eu leurs revendications exposées durant des décennies au niveau de toutes les instances internationales, où les grandes puissances et particulièrement les Etats-Unis y ont abusé et abusent encore aujourd’hui, d’un certain droit de veto continuel bloquant tout projet de justice, il ne va pas de même quand il s’agit d’un pays – dans ce cas de la plus grande puissance militaire de la planète – qui dispose de bien de mécanismes les plus divers, les moyens pratiquement illimités ainsi que le temps nécessaires afin de faire arrêter toute personne soupçonnée de délit où qu’elle puisse se trouver, la traduire devant un tribunal et s’il s’avère qu’elle soit réellement coupable d’être condamnée en bonne et due forme comme les lois, le bon sens et enfin la civilisation l’exigent. Malheureusement on n’est pas là, et, aux destructions massives auxquelles se donnent les administrations successives des Etats-Unis dans leurs démonstrations de forces depuis le début du siècle au moins viennent s’ajouter à présent la démonstration du justicier planétaire qui part à la chasse de tout musulman soupçonné d’appartenance à une organisation ayant peu de sympathie pour monsieur Bush ou pour son administration et en même temps disposer de camps de tortures et de disparitions physiques de suppliciés dans des territoires situés entre les mains de dictateurs de leur propre création et assistance. Le déchaînement de l’Administration américaine en ces jours sous la direction de Bush dépasse de loin ce qui s’est passé par exemple avec le maccarthysme et ses innombrables victimes d’origine russe, ou la chasse au japonais lors de la deuxième Grande Guerre. Ici on ne parle pas des interventions armées ou d’invasion en toute règle, mais seulement de cette guerre en sourdine qui rien qu’en commençant a fait déjà des centaines de victimes séquestrés en plein jour dans les différentes capitales et villes du monde au mépris total des lois des pays hôtes et avec le consentement complice des autorités dans ces pays. Des centaines selon les organisations non gouvernementales déjà citées, et, beaucoup d’autres milliers encore non recensés. Quant aux personnes encore en vie mais souffrant les supplices les plus abominables dans les camps de détention à Guantanamo, en Egypte, au Maroc, au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak ou ailleurs, elles se comptent inévitablement par de dizaines de milliers. Rien n’indique que cette terreur, cette chasse à l’homme musulman ira se limiter aux personnes supposées d’appartenance à groupe ou association quelconque – la profanation du Coran, n’a pas échappé à cette vague de terreur – tout musulman chez lui ou ailleurs dans le monde, n’est plus à l’abri des coupeurs de tête américains ou leurs adjoints dès qu’il refuse l’humiliation et la vie sans dignité. Et avec tout cet historial de sang de destructions, Bush et les siens prétendent implanter la démocratie dans les pays musulmans. Où sont la civilisation et les valeurs démocratiques dont se targuent l’Administration américaine et ses acolytes ? – Et les idéologues actuels de cette administration avec à leur tête Condolozza Rice, l’inspiratrice directe de Bush, nous parlent du nouveau siècle américain, certainement il serait un nouveau siècle de barbarie.
ouveau siècle de barbarie