Ainsi fonctionne le monde à l’ombre de la globalisation, à l’ombre de l’Homme de Davos.

« Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite » (B.Brecht)

Dans un récent rapport de la plus que fameuse Banque Mondiale repris par pratiquement tous les médias du monde, on estime à un billion de dollars par an le volume invisible de l’argent de la corruption soit plus de deux fois le budget de la machine de guerre, la plus sophistiquée et la plus meurtrière jamais vue encore dans toute l’histoire humaine, la machine de mort américaine. De ce gigantesque volume, le lot de corruption qui assaille d’une manière atroce les populations du le tiers monde s’élève aux 2/3, c’est-à-dire à 600 milliards. De ces 600 milliards 50% ou 300 milliards serait la partie qui revient au monde arabe. Ces trois cents milliards de dollars c’est le chiffre que la Banque Mondiale n’arrive pas à détecter nulle part. Mais par la suite dans chaque pays arabe, de l’argent que la Banque Mondiale ou son âme sœur, le Fond Monétaire international si, comptabilise, la plus grande partie finance le même et unique projet, celui de la corruption.

D’autre part selon un rapport de la ONG « Transparency International » du total de l’argent qui circule dans le domaine de la construction et estimé à deux billions quatre cents milliards euros, (2.400.000.000.000 €), il en ressort que dix pour cent c’est-à-dire deux cents quarante milliards euros (240.000.000.000€) sont versés en pot de vin. Sans négliger l’effet cinglant de cette corruption sur l’économie du premier monde, le rapport souligne en particulier l’effet dévastateur sur l’économie des pays sous-développés. Selon J.Sanchez-Lambas membre du Comité Exécutif de TI Espagne, «  Ce sont les grandes compagnies occidentales qui sont les premiers responsables de ce ravage économique dans tous les pays du tiers-monde, car dans leurs rapports avec ces pays, elles s’appuient essentiellement sur des structures totalement corrompues. » (El Pais du 17/03/2005)

Dans un autre article de M.J. Fariñas Dulce, publié par le même quotidien espagnol « El Pais » du 04/01/2005, on estime que de 1960 où la relation riche – pauvre était de un riche pour 30 pauvres, aujourd’hui grâce à la globalisation du marché et du capital, ou la mondialisation, on est arrivé à la proportion de un riche pour 80 pauvres. De son côté l’Organisation Mondiale de l’Agriculture et l’Alimentation, la FAO, dans son rapport annuel dénonce, entre autres, la mort, causée carrément par la famine, de plus cinq millions d’enfants de moins de cinq ans par an. Il est bien évident que les riches – dont plus des 90% sont occidentaux – ils ont tous la même nationalité ou la même idéologie, celle du néolibéralisme. Samuel Huntington a baptisé cette nouvelle espèce de « l’homme blanc » tout simplement de l’Homme de Davos.

L’idéologie néolibéral du Marché avec M majuscule, est bien chère à ce groupe de cette espèce de l’homme blanc qui occupe actuellement la Maison Blanche et que dirige Georges W Bush. Une idéologie dont les origines remontent, sans aucun doute loin dans l’histoire, mais jamais ses dégâts n’ont été si dévastateurs. Les deux personnages qui ont déblayé particulièrement le terrain à ce groupe formé autour de Georges Bush sont Margaret Thatcher et Ronald Reagan et dans une autre mesure, ces institutions financées par les grandes entreprises américaines dites, les Ecoles du « Think Tank », ces mêmes écoles d’où viennent les Rice, Pearl, Wofowitz etc. Ce dernier qui est un des cerveaux à l’origine de la destruction de l’Irak, vient d’être promu directeur, justement, de la Banque Mondiale. On dit que les puissants pourvoyeurs de fonds de cette Banque, les pouvoirs politiques européens, ont fini après quelques réticences et grincement de dents, par donner leur feu vert à la nomination de ce sinistre personnage. Au cours d’une réunion avec lui, il a – dit-on – promis monts et merveilles et qu’il fera mieux que quand il était au Pentagone. Il est bien inutile de spéculer sur les quantités de pays et d’êtres humains supplémentaires qui vont mourir et souffrir tant que ce monsieur va se trouver aux commandes d’une telle institution qui a déjà bien fait ses preuves dans les suppressions des êtres humains « inutiles » qui représentent des charges et des obstacles dans le chemin du Grand Capital. Et pour les sympathies plus que confirmées de ce sioniste envers Sharon et compagnie, les arabes et les musulmans doivent s’attendre à de programmes de « développement » confectionnés par les soins de ce personnage, qui feront régner encore beaucoup plus de misères et de souffrances si jamais ils restent encore gouvernés par leurs dictateurs respectifs, complices aujourd’hui plus qu’hier des auteurs de leurs malheurs tels que ce Wolfowitz et cette même institution entre autres.

Dans son article M.J Fariñas Dulce fait une analyse profonde de l’idéologie néolibérale et nous fournit quelques caractéristiques de l’homme de Davos et son idéologie : «  Une idéologie qui a réduit la vie humaine à la simple analyse de prix de revient et de bénéfice avec la résultante d’un individualisme systématique basé sur les avantages individuels qu’on obtient dans un groupe social déterminé. Le tout a fini par conduire les êtres humains vers un néo individualisme possessif et consommateur. Ce qui constitue la caractéristique fondamentale de la base anthropologique et sociale de la société actuelle. Cette idéologie s’est transformée en un puissant facteur de désintégration et désagrégation sociales laissant un grand secteur de la société mondiale sans lien quelconque et en passe de constituer une espèce de nouveaux parias secrétée par la civilisation global  », mais en tout cas cette idéologie reste occidentale avant tout. « Les millions, les dizaines de millions, les centaines de millions d’exclus ont un distinctif commun : Leur incapacité économique pour être des consommateurs sur place et de par là même consommateurs à l’échelle globale ou transnationale. Ils ne sont plus indispensables pour le système. Cette capacité économique de consommer – basée sur une logique individualiste et compétitive – est devenue le seul critère principal qui donne accès à l’intégration ou à l’exclusion sociale. Le néo individualisme consommateur a brisé la conscience de classe sociale, fragmenté la société et a fini par privatiser le lien ou la relation sociale. L’inégalité ne représente plus seulement un mécanisme idéologique de relations sociales hiérarchisées qui s’intègre socialement à travers des droits au contenu permettant une redistribution répondant à l’aspiration de l’intérêt général dans les relations capitalistes. A présent le néo libéralisme l’a convertie purement et simplement en un facteur déterminant qui conduit à l’exclusion sociale. Tout ce qui n’est pas compétitif dans la lutte économique est tout simplement éliminé.

Le résultat de tout ce processus néo individualiste radical aux caractéristiques marquées par la soif de possession et la voracité consommatrice a donné naissance à une nouvelle éthique sociale, celle de l’enrichissement individuel par-dessus tout et aux dépends de tous. Il n’y a plus de moyens légitimes ou illégitimes qui comptent (le trafic des drogues, la traite des blanches, la vente des enfants ou de leurs organes, le trafic des armes, la corruption sous toutes ses formes, politiques, fiscales et entre entreprises) afin d’acquérir le statut économique. Il est le seul qui compte ; L’important est d’atteindre ce statut. Le néo individualisme a en même temps aussi fait disparaître toute répulsion sociale ou morale à l’égard de telle conduite. C’est le néo individualisme mis en pratique sans remords ni mauvaise conscience qui débouche inévitablement vers le nihilisme destructeur où ne compte plus que la possession des objets qui marquent de l’extérieur, où l’accumulation des richesses fait l’objet d’éloges pour être élevée à la valeur suprême et où la pauvreté, comme si elle ne suffisait pas en elle-même d’être une terrible calamité pour les centaines de millions d’êtres humains, elle devient dans le lexique du néo individualisme synonyme de crime : En plus d’être déshérité, on est aussi criminalisé. Enfin dans cette logique plus on est pauvre plus on est criminel !

Ce néo individualisme férocement possessif se dédouble en ce qu’on peut paradoxalement appeler individualisme de la dépossession, la dépossession qui est dérivée des effets négatifs dans lesquels, la société de la globalisation a fini par envelopper la majorité de la population mondiale et qui se traduit en : La suppression massive de l’emploi, conditions précaires du travail, analphabétisme et sous culture, insécurité, absence de protections institutionnelles etc. Et derrière cette conception de la vie selon les recettes du néo libéralisme ou de l’homme de Davos il n’y a que le désespoir et le sauve qui peut.

Au-delà de tous ces effets destructeurs, le néolibéralisme des privatisations tous azimuts s’est converti en une nouvelle éthique universelle homogène et parfaitement divulguée par les monopoles médiatiques. Son universalité est diffusée avant toute autre étique quelle qu’elle soit. En d’autres termes, on se trouve bel et bien devant l’individualisme annoncé par Thomas Hobbes basé sur le critère du règne de la loi du plus fort et entre les mains duquel se trouve confiée la gestion incertaine de tous les risques qu’encourent les humains quant à leur alimentation, leur santé, leur éducation, leur habitat, leur travail et les conditions de celui-ci, leur vieillesse, leur maladie, leur incapacité et enfin leur sécurité. (Et qui mieux que Paul Wolfowitz pourrait incarner ce rôle prédateur à l’échelle planétaire avec en plus entre ses mains un « Pentagone Financier » dont les dévastations équivalent ou dépassent ceux des déluges de bombes des B52 même si ça se passe en une toute sinistre douceur ?). Un néolibéralisme qui détruit impitoyablement la dimension collective, solidaire et démocratique des relations sociales, qui brise les liens de l’intégration et les remplace par une culture d’une certaine auto satisfaction et de la consommation immédiate. Et ainsi la « sainte compétitivité » devient la base anthropologique des relations sociales conduisant inévitablement à une espèce d’indifférence terriblement autiste entre les êtres humains dont les effroyables conséquences sont impossibles à prévoir. C’est le triomphe du privé sur le commun. De l’intérêt personnel pur et dur sur l’intérêt général. En fonction de cette logique méphistophélique la gestion des effrayantes et perverses des retombées sociales de la globalisation – chômage structurel permanent, absence de couverture sociale face à des situations de risques, violence sociale et conflits divers, pauvreté, dégradation culturelle, analphabétisme, maladies, radicalisation ethnique, inquiétude du lendemain, etc. – passe de l’espace publique à l’espace individuel et dans les meilleurs des cas à celui du soutien familial.

La société cesse d’avoir des mécanismes institutionnels et universels d’intégration sociale, de sécurité, de solidarité et par conséquent abandonne les êtres à leur solitude, leur insécurité et finalement à un destin commercialisé. Les solutions collectives et solidaires deviennent incompatibles ou caduques et seule la compétitivité selon les règles du marché reste l’unique issue possible ».

Telles sont quelques conclusions brèves de ce qui nous tombe sur la tête et ce qui attend encore les centaines de millions d’êtres humains à l’ombre de « l’Homme de Davos ».