J’ai eu echo de ce mail et j’ai demandé à en avoir une copie pour contempler le niveau d’avilissement, tel qu’il faut le lire pour bien le croire.
Date : Oct 2004 De : Lamia BOULABIAR Objet : Message de soutien À : xx@xx
Bonjour xxxxx, j’espère que tu vas bien ! ! ! Vous serez bien aimable de nous faire parvenir vos messages de soutien au Président de la République à l’occasion des élections présidentielles du 24 octobre 2004. L’information peut être diffusée à tous nos futurs cadres Tunisiens installés en France. Exemple de message : “Ben Ali, avec vous, nous avons réussi à concrétiser notre rêve. Nous serons à vos côtés pour construire nos projets pour la Tunisie moderne” Faites parvenir vos messages par mail à cette adresse : lamiaboulabiar@yahoo.fr C’est Lamia Boulabiar du Département des Etudes Préparatoires aux Concours d’Entrée aux Ecoles d’Ingénieurs Merci et A+
J’ai eu echo de ce mail et j’ai demandé à en avoir une copie pour contempler le niveau d’avilissement, tel qu’il faut le lire pour bien le croire.
Constatons l’entrée en matière de cette correspondance qui s’articule par un tutoiement cordial, puis passe soudainement à un vouvoiement sommaire. Ne soyons point étonnés de cette maladresse qui trahit la tromperie grossière d’encapsulation d’un texte générique dans un envoi personnalisé. Ce n’est que le reflet d’une balourdise extrême prenant source dans un crétinisme incommensurable et d’une débilité aiguë à l’image d’une pacotille lèche-bottes insipide et sans âme qui n’est que poussière devant la nullité du personnage qu’elle défend.
Il y a beau à tourner le corps du message dans tous les sens, ou tourner les yeux dans leurs globes, pour essayer d’y déceler un brin d’ironie ou de bouffonnerie, on n’y trouve que la montée d’un vomi et le ressentiment d’une diarrhée, et on finit par ne rien éprouver ; comme on n’entend pas les sons qui sortent de la gamme de l’audible, comme la faim qui se fait oublier quand elle dépasse des limites, comme le poison qui ne tue pas lorsqu’il dépasse une certaine dose.
Le plus beau à apprécier dans ce mail, si tant il est possible d’apprécier, est sans doute la signature en fin de message qui met en exergue cette identité qui fayote comme une fétidité qui veut se faire sentir très fort.
Lamia Boulabiar, ta mère devrait avoir tellement honte au point de te reprendre dans son ventre pour te cacher, et ton père si dégoûté jusqu’à souhaiter avoir éventré ta mère pour t’arracher de son utérus. Si ce n’est pas le cas c’est ton grand-père et ta grand-mère qui devraient regretter de les avoir engendrés, sinon ton arrière grand-père et ton arrière grand-mère, et ainsi jusqu’à Eve et Adam. C’est peut-être pour se délester de progéniture de ton espèce qu’Adam a dû être exilé hors de l’Eden. On penserait que tu es d’une branche généalogique qui a dû être balayée par le déluge de l’ère de Noé. Je peine à croire que tu sois de leur filiation, on pardonnerait bien à Satan ne pas s’être prosterné devant Adam s’il eut à avoir une descendance à ta ressemblance. Plus vraisemblablement tu es d’une espèce parallèle qui s’est détachée de l’humain pour se ramifier dans une autre voie du processus d’évolution de l’être. Tu dois être le fruit avarié d’une espèce qui a pris genèse dans de l’eau sale et de l’argile calcinée. On tendrait à croire qu’il est scientifiquement impossible que le code génétique humain puisse produire des neurones et un coeur qui bat capables d’une telle dépravation.
Ce sont les seules paroles que ton message pouvait m’inspirer.
Mais si j’éprouve un dégoût ce n’est pas en regard de cette ignominie qui en somme a alimenté la moquerie et le mépris au sein du cercle de discussion qui y a fait allusion, mais c’est la réaction d’un des destinataires qui a été ébranlé par cette ineptie. A la réception de ce message, et ne pouvant être si vil pour y répondre, mais assez lâche pour ne pas y répondre avec ce qu’il pense, sans doute épeuré par un silence qui pourrait lui être considéré comme une offense ou accusé de boycott de soutien, notre protagoniste a appelé un autre ami à la rescousse. “Que faire ? !”. A entendre cela j’étais surpris de cette réaction déplacée qui n’a pas laissé place au seul réflexe qui devait avoir lieu, mais j’étais rassuré en pensant que l’ami éclairé promulguerait le bon conseil à notre lapin paniqué et le guiderait vers le droit chemin. Mais j’étais tombé encore plus bas quand j’ai appris que l’ami sage, au lieu de dire à son appelant que mettre ce message à la poubelle est le degré de foi le plus faible, ou, mieux, lui souffler la seule réponse qu’il est possible de faire et que la décence publique ne permet pas de formuler dans ce texte, n’a pas échoué à lui trouver une parade qui m’a plaqué dans la stupeur : “envoie un message de notification d’absence”. Sidéré, je l’étais ! Mais j’ai décidé de ne pas saccager mon humeur et de n’en retenir que le rire après un soupçon de consternation.
Zine El Abidine Ben Ali, voici l’espèce dont tu es l’écume, les misérables dont tu es le roi, une bande de lâches hypocrites. Contemple les messages de soutien que tu reçois, et lis y la vérité qui se doit. Tu as là un exemple de traduction de ce que pensent 90% des tunisiens, mais je conçois que 1% du reste croient vraiment en toi, c’est sur eux que tu peux compter pour poser ton derrière. Et pour cacher ta honte tu n’as qu’à faire le fier. Tu fais penser à un crapaud qui ne peut se dresser que sur la surface d’une mare stagnante, qui se nourrit dans un étang pourri d’insectes dilettantes et dévergondés. Tu es à l’image d’une vermine qui ne peut prendre forme que sur un tas de détritus, et qui grossit d’autant plus qu’il y a de détritus. Voilà la réalité des choses. Tu auras beau essayer de te convaincre de ta valeur, faire écrire ce que tu aimes entendre, ou lire les poudres que des piètres t’envoient aux yeux, si tu tournes ton visage à la vérité elle t’écrasera sous la révélation que tu fuis constamment. Et le jour où ta course s’arrêtera, tout cela se déflatera comme un soufflé raté, et même les verres de terre n’auront pas appétit de ton corps.
En ce 24 octobre 2004, jour de consécration de ta perfidie, je tiens à te féliciter, te féliciter d’avoir réussi à renouveler ton propre jugement de prison ferme pour un mandat de cinq ans auquel 99% des tunisiens te condamnent par contumace. Il faut dire que nul d’entre eux n’a envie de voir ton visage hideux sortir dans leurs rues. Continue à te terrer dans ton bunker à Carthage, enferme-toi dans son étroitesse aussi vastes puissent être ses salons. Tu peux construire en vain villas et palais, à Sidi Bou Saïd, Hammamet, ou même en Argentine, ton âme continuera à errer dans un vide glacial et terrifiant. Ceux qui accourront te faire le baisemain ne sauront jamais te faire éprouver la chaleur de la sincérité humaine, tu douteras du sens du bonheur qu’aucune de tes escapades discrètes ne saura combler.
Aie honte de l’obscurité qui entoure ton personnage se dandinant dans des spacieuses demeures, et admire la lumière qui ne cesse de jaillir de la mémoire de ceux que tu as emmuré dans des geôles, et que tu ne pourras jamais saisir.
Engouffre-toi toi-même dans un châtiment qu’aucun de tes adversaires ne saurait t’infliger. Signe le pacte qui fera grimper ton axiété, ta peur sera fonction exponentielle du temps, tu seras pris entre l’angoisse de la vie et la crainte de la mort. Tu te débattras pour tenter maîtriser les rênes d’un système qui te dépasse et dont tu n’es qu’un fusible qui sautera à la première occasion. Tu te crois maître alors que tu n’es que pantin. Et pour la journée de parade de tes troubadours, si tu veux m’entendre t’acclamer prends ces mots et passe ton chemin, tu ne m’intéresse pas. Ta personne est un détail, un détail du passé, du futur et du présent.
Les personnes qui interpellent mon attention sont à l’instar de Lamia Boulabiar. Ces genres de personnages, eux, sont une constante de l’histoire, ceux qui font la décadence des peuples et la dérive des nations, les axes autour desquels tournent les rouages de la perversion.
Lamia Boulabiar, que fais-tu ? qu’as-tu fais ? Si tes supérieurs t’ont fixé des objectifs de collecte de messages, quel bonus espères-tu en récolter ? Si tu agis à ta guise, dans quelles mains vas-tu manger ? Si tu as du remords, ne sois pas blessée de ces mots et que le regret rachète ton tort. Mais si ce texte ne fais que renforcer ta vile conviction, bénis-le car il te vaudra le gain de nouveaux galons, et tes chefs t’en décoreront pour loyaux services, une médaille en guise de dédommagement des blessures face aux défenseurs de la dignité.
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