Cette réponse constitue une réaction à l’article « Que peut-on apprendre des révolutions des roses ? » ainsi qu’à certains échanges qui ont eu lieu sur le forum de Nawaat.org par la suite.
Pour commencer, je tiens à remercier Sami pour ce texte fort intéressant et pour le débat que suscite l’article en question.
Toutefois, si je suis d’accord avec une grande partie des analyses que contient l’article « Que peut-on apprendre des révolutions des roses ? » surtout l’analyse qui énonce, et que je partage totalement qu’elle soit pour le cas tunisien, voir même dans le cadre de la cause palestinienne, que la coïncidence des intérêts entre ceux des puissances occidentales avec le régime dans le cas tunisien et de ceux des puissances occidentales avec les trois révolutions roses citées a permit d’un côté à la dictature tunisienne de se maintenir au pouvoir jusqu’aujourd’hui et d’un autre côté dans le cas géorgien, ukrainien et serbe à l’opposition de se débarrasser des systèmes totalitaires qui étaient au pouvoir dans leur pays respectif. Ce qui veut dire, autrement pour moi, que tant que l’opposition tunisienne ou les oppositions tunisiennes n’arrivent pas d’un côté à faire coïncider leur intérêt avec ceux des puissances occidentales en adoptant un discours, une stratégie, une politique etc.. et d’un autre côté à infirmer la prétendue coïncidence des intérêts des puissances occidentales avec ceux du régime tunisien, cette opposition ou ces oppositions ne pourront jamais renverser la dictature actuelle.
Ce point précis et ses conséquences, m’emmènent à pointer sur ce qui m’apparu comme une contradiction principale dans l’analyse de l’auteur, celle-ci est due à mon avis à un blocage récurrent chez beaucoup de personnes qui ne veulent pas voir l’autre, « l’étranger », « s’immiscer » dans nos affaires nationales au nom d’un certain nationalisme, d’une certaine souveraineté et d’une certaine culture arabo-musulmane alors que d’un côté cet « étranger » « s’immisce » déjà en soutenant le régime en place, alors pourquoi ne pas l’instrumentaliser pour soutenir l’opposition. D’un autre côté, dans un monde d’interdépendance totale je ne vois pas comment un petit pays comme la Tunisie peut se prémunir des interférences de son environnement et des politiques des puissances internationales alors que ces mêmes puissances internationales avec tout ce qu’ils ont de moyens ne peuvent s’isoler des interférences de leur environnement et des politiques ou des idéologies des pays ou de groupe qui comparativement à eux sont minuscules. L’ingérence ou l’immixtion ont toujours existé et ils existeront toujours il faut dans notre cas juste l’utiliser à profit pour se débarrasser de la dictature comme ils l’ont fait les auteurs des révolutions roses.
Ainsi, C’est ce blocage là qui fait penser à Sami de pouvoir séparer le soutien logistique, financier, politique et médiatique dont les trois révolutions roses, serbe, géorgienne et ukrainienne des expériences elles-mêmes alors que la logistique, la finance, les médias et la communication font partie intégrante de ces expériences et sans elles n’auront jamais pu exister afin de servir à certains de cas d’étude ou de cas d’école. Parce que je ne vois pas comment on peut parler d ‘ « approche technique plus que politique : optimisation de l’organisation, diversification des moyens de communication, etc. » sans logistique, finance, politique, médias étrangers. Aussi je ne vois pas comment on peut parler de stratégie de communication et de médias sans logistique, finance, politique, médias étrangers. Comme s’est dit dans l’article en question, c’est que sans les fondations Soros, sans l’implication des stratèges américains, militaires ou de la CIA ces expériences n’auraient été rien d’autres que des coquilles vides.
Je pense, pour finir sur ce point, que la réussite des ces révolutions roses est due à la coïncidence des intérêts des puissances, américaine dans ce cas précis, avec ceux des opposants à ces régimes et aussi à l’énorme aide logistique, financière, politique et des médias étrangers. Je pense que se sont les deux ingrédients de tout changement de régime des temps modernes qu’ils se seraient produit pendant la guerre froide ou qu’ils se produiraient aujourd’hui, que ces régimes soient bleu, vert, rouge, marron, blanc ou noir c’est toujours la même chose et se sont toujours les mêmes ingrédients, donc arrêtons d’être des naïfs, les révolutions utopiques n’existent pas.
Je répète souvent les dires de Richard Nixon définissant la politique étrangère américaine et que je pense expriment très bien une réalité qui devrait être comprise par chacun de nous : « Nous n’avons (les Etats-Unis) pas d’ennemis permanents et nous n’avons pas d’amis permanents, nous avons seulement des intérêts permanents ».
C’est cette hypothèse de départ qui était bien comprise par les acteurs des révolutions roses. Faire coïncider les intérêts américains avec l’intérêt de l’opposition, qui consiste à abattre une dictature. Ensuite établir une stratégie et la mettre en application et enfin définir les moyens de mise en application de la stratégie précédemment définie. Les peuples en soi, ils étaient comme tous les peuples vivant sous une oppression, mûrs pour le changement, mais ceci le peuple ne peut jamais le faire tout seul, ceci est l’affaire de l’opposition ou de l’élite, ceci est une constante dans l’histoire. Ce peuple qui va se dresser comme un seul homme contre son oppresseur est une illusion, ce peuple qui va prendre conscience tout seul de ce qui lui arrive est aussi une chimère.
Cette élite et cette opposition géorgienne, ukrainienne ou serbe a su adapter la bonne méthode et s’est donnée les moyens pour aboutir. La question que je me pose est la suivante : Est-ce que les auteurs des révolutions roses, orange ou autres sont considérées comme des traîtres, des harkis, des agents du colonialisme ou de l’impérialisme sioniste d’un côté par leurs pairs et concitoyens et d’un autre côté par tous ceux qui sont fascinés par ces cas d’école ? Toi Sami ou d’autres, considères-tu les auteurs de ces révolutions comme des traîtres, des harkis, des agents du colonialisme ou de l’impérialisme sionisme ? On peut même faire un sondage sur cette question parce que la réponse pourrait être plus que primordiale dans notre combat contre la dictature.
A cette question précise les Ukrainiens, les Géorgiens, les Serbes et d’autres aussi ont répondu non dans leur majorité parce qu’ils ont suivi et ils ont adhéré avec les auteurs de ces révolutions à leur projet de destituer une dictature. Bon, dans ces cas précis ce n’était pas vraiment difficile puisqu’on sait depuis des décennies que les miséreux de l’Est communiste rêvaient des richards de l’Ouest libéral ou capitaliste et qu’il n’y a pas de différence culturo-religieuse ou utopie révolutionnaire à défendre. L’utopie révolutionnaire marxiste/communiste s’est effondrée par elle-même économiquement et la différence culturo-religieuse entre ses deux parties du monde, au dépend de leur passé de guerre froide, est en réalité très minime. [Est-ce que les Ukrainiens, les Géorgiens, les Serbes et d’autres ont baissé leur pantalon ?? Bien évidemment que non, voire même l’inverse puisqu’ils n’ont pas accepté de rester indéfiniment le pantalon baissé devant leur bourreau, ce qui est schématiquement le cas de toutes les populations arabes qui vivent depuis des décennies sous différentes dictatures ].
Que répondraient-ils les Tunisiens à cette question précise alors que beaucoup de choses nous séparent, nous Tunisiens, de la pièce maîtresse des révolutions roses, qui n’est rien d’autre que le soutien financier, logistique et médiatique américain ??
Sami répond que ce n’est pas à lui de juger si les auteurs de ses révolutions sont des traîtres, des harkis,.. Mais que dans son cas personnel c’est au seul critère de la pratique et des résultats auxquels il fait appel pour juger s’ils sont des traîtres ou non. Ceci veut-il dire que la fin justifie les moyens ?? Mais encore, en s’appuyant sur la situation irakienne, il faut juger les acteurs politiques irakiens à la lumière de leurs actes et de leurs politiques à partir d’une réalité qui parle mieux que tous ces discours démagogiques de (Janjaouides, collabos, sionistes, néo-harkis, terroristes, réactionnaires, démocrates, intégristes, etc..).
Je partage totalement les dires de Sami relatif à ce dernier point mais je vais prendre comme exemple pour l’illustrer autrement : la visite qu’a effectuée Moncef Marzouki auprès de l’ambassadeur américain à Tunis, et les réactions passionnées et démesurées qu’elle a entraîné de la part des uns et des autres obligeant le CPR de rétorquer à chaud afin de minimiser la portée de celle-ci, et d’autres situations internationales.
Qui est-ce le démagogue et le populiste espérant un jour être à la tête d’un pays comme la Tunisie et qui peut se passer d’entrevues avec l’ambassadeur américain ou les officiels américains ? De même qu’avec des officiels français, italiens, russes, algériens, voir saoudiens ou koweïtiens ? Qui est-ce le démagogue et le populiste espérant un jour être à la tête d’un pays comme la Tunisie et qui peut penser pouvoir couper les ponts avec les Américains et se passer complètement d’eux ? S’il faut applaudir et soutenir le pragmatisme politique dans le cas irakien qui sait comment réussir et comment encaisser des points au dépend de l’occupant alors je pense qu’il faut aussi siffler et démentir la démagogie politique et le populisme.
Prenant aussi le cas libyen et ce pauvre Kadhafi, hier héros de la cause arabe devenu aujourd’hui, dans la bouche des mêmes personnes, un traître américano-sioniste. Qu’est-ce qui est le mieux pour les intérêts des libyens et de la Libye, un embargo ou une normalisation avec les puissances occidentales ? Le pragmatisme politique et l’intérêt de la Libye voudraient une normalisation avec les puissances occidentales pourquoi vouloir continuer à s’entêter. Oui c’est vrai que Kadhafi a plus normalisé ses relations pour sauver sa peau en premier que de penser vraiment aux intérêts des libyens. Mais voilà que les intérêts du peuple, du régime et des américains coïncident, au nom de quelle cause et pour quelle raison devrait-on voir dans cette décision particulière de Kadhafi une trahison ?
Appliquant ces mêmes critères de la pratique politique et des résultats obtenus dans une situation réelle afin de juger si un tel ou tel acteur politique défend pou non réellement les intérêts de son pays et poussons la provocation encore un peu plus loin et évoquant le cas palestinien. Enfin de compte, Arafat n’est-il pas un néo-harki et un agent de l’impérialisme sioniste, même si durant toute sa vie il a combattu l’entité israélienne ? Quel résultat Arafat a-t-il légué aux palestiniens après tant d’années de pratiques politiques ? Je pense qu’on peut tous s’accorder sur le fait que l’occupation actuelle est plus que catastrophique pour les Palestiniens qu’elle ne l’était par exemple avant 1967 et ceci est le résultat intrinsèque de l’action politique d’Arafat. Alors qu’aux yeux de la majorité des arabes le traître à la cause palestinienne était Bourguiba parce qu’il était le seul, parmi des rares, qui parlait de pragmatisme politique. Aujourd’hui les traîtres sont ceux qui ont signé le traité d’Oslo, les traîtres sont ceux qui s’accrochent à la feuille de route, le traître et le néo-harki c’est Abbas, le traître c’est Sadate, les traîtres se sont les pays qui vont normaliser leur relation avec Israël et ainsi de suite…..
Aujourd’hui, généralement dans le monde arabe les traîtres sont les pragmatiques et les défenseurs de la cause arabe sont les populistes. Il ne faut pas se le cacher ou se voiler la face, nous Arabes nous sommes formatés depuis belle lurette pour applaudir les populistes et c’est la cause principale de notre malheur. D’ou l’importance, au moins dans un premier lieu d’une opposition majoritairement technocrates pour ne pas dire une opposition de technocrates imperméables à toute forme de populisme pour espérer nous débarrasser de nos dictatures.
Revenons à nos moutons ukrainiens, géorgiens, serbes et autres qui se battaient pour améliorer leurs situations sociales et économiques et qui pour cela ils se battaient surtout pour leur liberté. Il ne faut pas oublier que les auteurs de ces révolutions voulaient se débarrasser des vestiges du communisme pour accéder à une démocratie libérale et finir par adhérer à l’Union Européenne. Nous les Tunisiens, nous les Arabes, nous nous battons pourquoi au fait ? Contre une dictature ou pour la démocratie ? Pour une liberté individuelle ou une égalité collective ? Pour une religion ou pour une culture ? Pour une utopie révolutionnaire ou pour une démocratie libérale ? Pour un panarabisme ou pour une Oumma ? Pour une société laïque ou une république théocratique ? Etc.… on peut démultiplier encore les questions, les antagonismes, les contradictions qui ne caractérisent pas les sociétés et les opposants de ces sociétés dans lesquelles ont eu ces révolutions roses mais qui caractérisent nos sociétés et nos opposants parce que pour décider sur le comment faire, il faut au moins avoir un but et savoir ce qu’on veut et pourquoi on se bat, ceci afin de définir la stratégie, finance, communication, médias, etc.….
Les dires de Richard Nixon sont en réalité une devise de toute politique étrangère et ceci n’est pas le propre des Américains, mais aussi des Anglais, des Français, des Chinois, des Russes, etc.… ou chaque pays défend ses intérêts parfois au dépens des amis et en se joignant aux ennemis. Pour moi ce qui est valable pour ces puissances l’est aussi pour les autres pays. Chaque pays doit défendre ses propres intérêts. C’est pour moi une évidence, un axiome de base. La politique étrangère, avec son lobbying, n’est rien d’autres qu’une théorie de jeu dynamique aboutissant selon les stratégies adoptées à des conflits ou à des négociations selon les intérêts des acteurs en place. C’est ainsi qu’il faut lire les actions du régime tunisien qu’il soit des libérations des prisonniers politiques, quel prisonnier politique à libérer ? Quand ? Comment jouer au mieux et faire jouer au mieux la concurrence commerciale entre la France et l’Italie pour l’intérêt du régime en place ? Comment jouer France2 contre la RAI1 ? Comment amadouer la Libye pour attirer les faveurs des américains ? etc.… Le régime joue au niveau de la politique étrangère la devise de Richard Nixon pour ses intérêts. Bon, ici il ne s’agit pas forcément des intérêts du pays mais plutôt des intérêts propres. Ce que je veux dire par cela, c’est qu’appliquer cette devise n’est pas le propre des américains mais plutôt à adopter par chacun lorsqu’il s’agit des intérêts de son propre pays. D’un côté, le propre de la théorie de jeu et d’un autre côté, le propre des relations internationales c’est que nos intérêts ne vont pas coïncider tout le temps avec les mêmes acteurs.
Peut-on être un démocrate et servir en même temps les intérêts de notre pays et ceux des puissances qui nous ont aidées ? Premièrement, je dirais que ceci n’a rien à voir avec la démocratie. Deuxièmement, faire coïncider nos intérêts avec ceux des autres pour le bien de notre pays est noble et juste en soi, ce qui ne l’est pas c’est de faire coïncider nos intérêts avec ceux des autres pour le bien et le maintien d’un régime ce qui est le cas maintenant et qui ne pourrait jamais être le cas sous un régime démocratique. Ce n’est quand même pas un hasard que tous les leaders politiques en général, il y a eu et il y a des exceptions, d’une démocratie jouent l’intérêt de leur pays et que ceux d’une dictature jouent l’intérêt de leur régime en place et leur maintient au pouvoir. Pouvoir coïncider les intérêts de notre pays avec ceux des puissances est une nécessité et une réalité dans un monde de totale interdépendance mais c’est à chaque leader politique de penser en premier lieu à son pays et non pas à son régime, ce qui sera forcément le cas sous une démocratie. Dans un monde de dépendance et d’échange, faire coïncider les intérêts d’un pays avec ceux des autres n’est rien d’autre qu’un contrat entre acheteur et vendeur et il n’est possible que si chacune des contreparties trouve un réel intérêt pour « l’échange » ( ce qui est dans notre cas le soutien politique, financier, logistique, .…). Un vendeur ou un acheteur qui n’est pas satisfait des termes de l’échange peut toujours se retourner vers d’autres vendeurs ou d’autres acheteurs. Ce qui veut dire qu’on n’est pas obligé ou qu’un pays n’est pas obligé pour ses intérêts à avoir à faire avec les mêmes puissances. Juste j’attire ici l’attention sur un point important relatif à l’histoire propre d’un pays. Par exemple, la Tunisie est ancrée dans la Méditerranée et était une colonie française, juste c’est deux paramètres constituent une contrainte. Par-là je veux dire qu’il n’est pas aussi simple et facile de faire coïncider les intérêts de la Tunisie avec la France ou l’Italie que de faire coïncider c’est même intérêts avec l’Inde (déjà d’un point de vue commerciale ceci pose beaucoup de problèmes). Sami s’adresse à notre mémoire pour nous rappeler les cas des pressions françaises pour amener la Tunisie à rester dans le souk de Peugeot et Renault au dépend des voitures japonaises Isuzu mais il oublie de nous signaler que les pressions françaises ne sont dues réellement qu’à l’emprunt accordé par la même France à la Tunisie. La France n’a pas accordé un prêt à la Tunisie pour le bien-être de l’économie japonaise, la France défendait ses intérêts et c’est normal. C’est la Tunisie qui n’a pas défendu ses intérêts dans ce cas là parce si elle savait qu’elle allait acheter des voitures japonaises elle aurait dû demander un prêt au japonais ou de corréler cet emprunt français d’une quelconque réciprocité ou au lieu de s’adresser à un pays elle aurait dû s’adresser à un pool de pays, etc…. Techniquement, il y avait possibilité de faire quelque chose mais peut-être aussi que la Tunisie était prise à la gorge et que les Japonais ne l’auraient pas forcément accordé l’emprunt demandé.
Pour ce qui est du fait de démontrer de quelle manière et sous quelle forme nos intérêts peuvent coïncider avec ceux des puissances occidentales, je dirais que ceci ne peut pas se faire d’une manière cavalière et individuelle mais plutôt d’une façon pensée et débattue. Aussi, je pense que pour commencer, il faut qu’on sache nous même pourquoi on se bat, c’est quoi notre but dans tout cela. Deuxièmement, l’article de Abderahmane Hamida « Monde arabe, démocratisation ou disparition » posté par Mokhtar Yahyaoui sur le forum de Nawaat évoque une piste pour faire coïncider les intérêts des oppositions arabes de destituer leur dictateur avec ceux des intérêts des puissances occidentales, ceci de points de vue économique, politique, etc.… et qui peuvent être développés, travaillés et analysés en profondeur.
D’ailleurs, une chose très importante à propos des intérêts des puissances occidentales, pour moi il est essentiel de prendre ces mêmes puissances dans leur propre jeu et règles. Sami évoque l’écart entre les actes et les dires des Américains, et à juste titre, dans le domaine de la libéralisation et la privatisation d’un côté et du protectionnisme économique d’un autre côté en évoquant les crises qui ont eu lieu entre les USA et l’Union Européenne, les USA et la Chine, etc…mais il faut signaler que l’UE, la Chine, le Japon et d’autres n’ont pu répondre économiquement aux américains que parce qu’ils maîtrisent les règles de jeu et qu’ils jouent les mêmes règles. Aussi, parce qu’ils ont demandé l’arbitrage de l’OMC au nom de la libéralisation et la privatisation, etc.…. Et là on a besoin des technocrates qui maîtrisent les règles des jeux et non pas de politiques.
Même dans le cas de ces révolutions roses, on a vu qu’on a à faire à des professionnels des révolutions non-violentes, des technocrates des révolutions, qui comme les technocrates du FMI, Banque Mondiale ou OMC, ont appris les règles des jeux et parlent le même langage, ils étaient même formés par ces mêmes technocrates qui défendent les intérêts des puissances. C’est en connaissant le langage des technocrates et leurs techniques qu’ils défendront au mieux les intérêts de leurs concitoyens.
Je suis convaincu d’une chose c’est que les puissances occidentales peuvent être « battue » en les prenant au mot et en poussant leurs techniques de communication, la libéralisation et la privatisation à leurs limites, demander la libéralisation avant qu’ils ne la demandent et sur des secteurs qu’ils subventionnent ou protègent parce que c’est en basant sur les principes mêmes du libéralisme que nous pourrons contrecarrer certains monopoles et les duopoles qui caractérisent certaines puissances occidentales. C’est au nom du libéralisme que la Chine a adhéré à l’OMC pour accroître ses parts de marché dans des secteurs qui lui sont porteurs de plus-value. C’est au nom du libéralisme que du temps et de l’aide ont été accordés à certains pays, tel que la Tunisie, pour s’adapter à cette nouvelle concurrence chinoise. Aujourd’hui, si un pan du textile tunisien est menacé ceci incombe en premier lieu à l’état tunisien et en deuxième lieu aux patrons et industriels du textile qui n’ont pas profité du temps et de l’aide accorder pour se préparer, ceci n’est nullement la faute de l’OMC ou du libéralisme.
Dieu merci qu’en Tunisie on n’a plus de politique mais juste un résiduel de pseudo-politique accroché à une vision du monde évolué et des méthodes politiques datant des années 60. Ces pseudos-politiques n’ont pas pu se débarrasser de la dictature et ils ne réussiront jamais à le faire.
Les conclusions que je tire de l’article de Sami et les récents événements en Ukraine et les réactions qu’ils ont engendrées sont les suivantes :
Je suis étonné de la facilité et de la naïveté avec la quelle nos pseudos-politiques ont essayé de nous vendre le cas ukrainien, ceci sans le moindre discernement et sans la moindre analyse. Les Ukrainiens l’ont fait pourquoi pas les Tunisiens, il ne manquait que le « Just do it ! ». Au moins le cercle des anonymes a le mérite d’analyser, de penser, de débattre avant de se lancer dans des comparaisons hâtives.
Les révolutions des roses sont le fait des techniciens et des technocrates. Le régime tunisien se maintient grâce à des techniciens et à des technocrates. Serait-il possible aujourd’hui de voir émerger une opposition de technocrates tunisiens qui aborderaient la question du changement de régime tel qu’un produit de consommation qu’il faut vendre aux tunisiens, le faire acheter par les Tunisiens. Et que pour cela il faut effectuer des études de marché, faire du marketing, définir un business plan, chercher les moyens de financement et trouver le slogan que chacun associera à ce produit de consommation, qui n’est rien d’autre que « se débarrasser de la dictature », à l’instar du slogan véhiculé par tous les Tunisiens « Virgin green, Oushroub in »
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