Révolution 308

À peine j’ouvre les yeux : un film contre l’amnésie et la nostalgie

Sorti en salles à la veille du 5ème anniversaire de la fuite du général Ben Ali, le premier long métrage de Leyla Bouzid, À peine j’ouvre les yeux, vient d’achever une honorable carrière nationale de dix semaines, avant de continuer son chemin dans le monde, du Liban au Canada, en passant par les festivals de San Francisco et de Tribeca (New York). Les jeunes protagonistes du film sont emblématiques de toute une génération qui poursuit son chemin. Leurs esprits ont commencé à se libérer, il leur reste à libérer leurs corps et ceux de leurs parents. Vaste chantier, qui engage toute la société et pas telle ou telle classe sociale seulement, n’en déplaise aux porte-paroles du peuple.

Où sont les moutons ?

Les plus avertis savent que, le chômage de masse est irréversible. Aucun contre-exemple ne le contredit. Ignorance ? Entêtement ? Ou, procédé délibéré visant à éluder l’abcès : la concentration de richesses (d’origine douteuse, le plus souvent) entre les mains d’une minorité au détriment de la communauté ?

Patriotes et patriotes ou noss

Comme tous les ans, nous célébrons ce 20 mars, le départ de l’Administration coloniale en oubliant, dans la bonne tradition bourguibienne et ugététiste, qu’elle s’est soldée par la liquidation d’une grande partie du mouvement national. Et puis…. et puis, va-t-on, une fois de plus, se laisser aller à chanter la victoire du 20 mars en occultant tous ces Tunisiens qui peinent à vivre, qu’on pourrait appeler les vaincus de l’Indépendance bourguibienne et qui semblent condamnés à être les vaincus de cette révolution inachevée qui a commencé le 17 décembre 2010 ?

Interview de Choukri Hmed : Exception tunisienne, attentes citoyennes

Parmi les 1001 bilans faits de la Tunisie postrévolutionnaire, le travail du sociologue Choukri Hmed, « Au-delà de l’exception tunisienne », s’avère plutôt…exceptionnel. La démarche de l’auteur ne consiste pas à « établir un bilan provisoire des années de transition, ni de minimiser l’importance des réalisations politiques incontestables, mais de souligner qu’au-delà de l’exceptionnalité tunisienne subsistent des réalités sociales, politiques et économiques qui représentent autant de failles et de risques de ce processus révolutionnaire singulier ».

Le bourgeois et la Révolution

La bourgeoisie n’est pas une sorte de « haut du panier » du peuple, tirant le pays vers l’avant. La bourgeoisie nationale d’un pays postcolonial ne l’a jamais été. Ceux qu’on appelle parfois « société civile » ou « technocrates » ont d’autres intérêts que celui du peuple tunisien : maintenir un status quo autour de leurs privilèges et leur mode de vie, leurs revenus et leurs valeurs libérales occidentales.

Sublime Dictature

Tandis que certains s’ingénient à imaginer remède aux retombées de l’abominable chose sur l’esthétique des villes et l’hygiène publique (coordonner avec ou sans les municipalités l’enlèvement des cartons et autres détritus abandonnés tous les soirs sur la voie…), quelques mois avant le mouvement dit révolutionnaire qui entraîna l’éviction de Ben Ali, « l’Economiste Maghrébin », dans un éditorial signé Hédi Mechri, imputa le chômage, entre autres, au commerce informel. Une policière municipale appliqua la recette sur un fauteur de Sidi Bouzid.

TrackTour #3 : Hommage aux villes révoltées

TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.

Révolution mon amour

Le 17 décembre 2010, un jeune tunisien s’immole par le feu. Les régions se soulèvent une à une. Après 23 ans de dictature, le 14 janvier 2011, Ben Ali quitte la Tunisie. Comme tant d’autres tunisiens, Karim Rmadi, Olfa Lamloum, Ghassen Amami et Selim Kharrat décident de revenir au bercail. A chacun des raisons, une réinsertion dans cette « nouvelle » Tunisie et un avenir qu’il lui imagine.

Violence(s), le mystère du passage à l’acte théâtral

Après une avant-première au Piccolo Teatro de Milan, Violence(s) mise en scène par Fadhel Jaibi sur un texte de Jalila Baccar fait son avant-première nationale à la salle du quatrième art, le 6 novembre 2015. Sur scène, Violence(s) lie deux générations, celle des aînés du théâtre, Jalila Baccar, Fatma Ben Saidane, Lobna Mlika et Noomene Hamda, à celle des jeunes fraîchement sortis de l’École de Théâtre Nationale, à savoir Nesrine Mouelhi, Ahmed Taha Hamrouni, Aymen Mejri et Mouin Moumni.

Héraclès au pays des jasmins

Dans l’antiquité, La Tunisie n’était pas encore connue sous ce nom mais les voyageurs et les aventuriers la reconnaissaient et l’identifiaient par l’odeur de ses jasmins. Avant d’aborder la terre ferme, les marins encore au large des côtes tunisiennes, pouvaient sentir le parfum des jasmins et mettaient le cap sur le bon port. Au lendemain de la révolution Héraclès impressionné par l’exploit des tunisiens, s’est invité au pays des jasmins pour offrir ses services.

La ferme de la STIL à Jemna : quand l’intérêt collectif devance le gain personnel

le 12 janvier 2011, en pleine révolte populaire contre le régime de Ben Ali, des dizaines d’habitants de Jemna se sont dirigés vers la ferme de la STIL (la Société Tunisienne de l’Industrie Laitière) et l’ont pris de force pour mettre fin, d’après eux, à « un long historique d’injustice ». Avant la confiscation des terres par les habitants, la ferme de la STIL a été louée par l’État à des entrepreneurs privés. Quand la « légitimité révolutionnaire » s’est imposée, les habitants de la ville ont réussi à réaliser leur rêve et reprendre « la terre de leurs ancêtres » rapidement et sans difficulté.