Depuis 2021, la Tunisie vit une situation paradoxale : jamais l’État de droit n’a autant été mis à mal que sous le règne d’un enseignant de droit constitutionnel. Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle inscrit dans la mémoire collective toute une série de dangereux précédents.
Pouvoirs, fonctions : la dialectique de la responsabilité politique reconsidérée
« La marge de manœuvre du Président de la République est limitée, c’est le chef de gouvernement qui est la véritable tête de l’exécutif, chef de gouvernement lui-même subordonné au Parlement ». La pandémie actuelle est une occasion supplémentaire de nous rappeler ce principe ; à ceux qui déplorent une certaine apathie du chef de l’Etat, l’on oppose immanquablement l’argument de la séparation des pouvoirs et la suprématie de la primature sur la magistrature suprême. Rien n’est pourtant moins sûr.
Béji Caïd Essebsi, un président hors-jeu
Rassembleur, c’est la qualité qui a redonné vie au corps politique de Béji Caïd Essebsi depuis sa réapparition en 2011 jusqu’à son accession à la présidence de la République fin 2014. A force de confondre le sens du consensus et l’énergie fédératrice, le chef de l’Etat s’est retrouvé à la marge du jeu politique, obsédé par le pouvoir magique de l’article 99 de la constitution, lui permettant de convoquer le gouvernement à un vote de confiance au parlement. Un péché trop mignon qu’il n’a pas pu se permettre. C’est ce que nous croyons retenir de son interview, hier soir, sur El Hiwar Ettounsi.
#Edito : Le « prestige de l’Etat », vitrine mensongère d’une Tunisie en crise
Où est le « prestige » dans le fait de sortir des enfants de leurs écoles pour applaudir un président ? Où est le prestige quand le même président devient l’égérie d’un fabriquant de produits pharmaceutiques ? Est-ce qu’un Etat qui condamne des couples dont le délit est un flirt nocturne à la sortie d’un bar a du « prestige » ? Absolument pas. Où est le prestige d’un Etat dont le législateur est devenu un simple instrument de l’Exécutif ? Comment un Etat incapable de respecter les échéances électorales peut-il se targuer d’avoir un quelconque « prestige » ?
Béji Caïd Essebsi déclare la guerre au parlementarisme
Dans son interview paru le 06 septembre dans les journaux Essahafa et La Presse, l’idée maîtresse autour de laquelle s’articule tout le propos de Béji Caïd Essebsi est de réviser la constitution de façon à affaiblir la représentation parlementaire pour renforcer les pouvoirs de l’Exécutif et notamment ceux du président de la République.
Mehdi Barhoumi (expert en gouvernance) : « L’amnistie administrative est une fuite en avant »
Dans sa nouvelle mouture, le projet de loi sur la réconciliation économique et financière ne concerne plus directement les hommes d’affaires corrompus et les accusés d’infractions de change et d’évasion fiscale. Cette proposition législative de la présidence de la République n’est désormais qu’une amnistie des fonctionnaires et assimilés. Adoptée par la commission de la législation générale à l’Assemblée, elle sera soumise au vote en plénière durant la semaine prochaine. Quel impact de ce projet de loi sur l’administration publique ? Peut-il garantir une certaine « réconciliation » ? Comment peut-il appuyer la lutte contre la corruption ou la saper ? Mehdi Barhoumi, expert en gouvernance et directeur de programmes chez International Alert, a répondu à nos questions.
Nawaat, cible du harcèlement de la présidence de la République
Nawaat condamne fermement le harcèlement du directeur de sa rédaction et l’intention manifeste des autorités à s’acharner contre ses journalistes. Nous considérons ces procédés, indignes, comme une menace sérieuse contre la liberté d’expression et le droit de s’organiser. Nous nous engageons auprès de nos lecteurs et de l’opinion publique de ne jamais céder face aux pressions et à l’intimidation. Nawaat a résisté à la répression de la dictature et résistera davantage sous la protection de la Constitution tunisienne, des conventions internationales ratifiées, de la loi et, surtout, des tribunaux tunisiens. Et c’est sous la protection de ces mêmes tribunaux que nous continuerons à publier des leaks, y compris provenant de la présidence de la République, si l’occasion se présente.
Monsieur le président vous incarnez l’unité nationale !
Pourquoi le président de république n’était pas présent à cet événement aussi important dans l’histoire du pays ? Pourquoi les trois présidents n’étaient pas présents ? Imaginons quelle belle image aurait-on donné aux millions de téléspectateurs de cette Tunisie, certes petite,mais grande par son histoire et sa révolution, si les trois président étaient présents!
Affaire Attessia : Le déficit de crédibilité précarise la liberté d’expression
Tout en confirmant avoir subie des pressions de l’exécutif, la chaîne dirigée par Moez Ben Gharbia a assuré, dans un communiqué publié aujourd’hui, qu’elle diffusera « en entier » l’interview avec l’ancien président Marzouki « au moment opportun ». Retour sur une affaire dévoilant une crise de confiance aigue entre hommes de médias, responsables politiques et pouvoir exécutif. Une situation engendrée par un déficit de crédibilité de ces acteurs clés du débat public.
La présidentialisation en Tunisie : Une menace pour la démocratie ?
Le Tunisien associe fréquemment les termes « présidentiel » ou « présidentialiste », qui sont deux termes différents, à l’époque de la concentration des pouvoirs entre les mains de Ben Ali et des abus de son régime autoritaire. De plus, quelques politiciens et médias diffusent des idées fausses dans le but de convaincre l’opinion publique que la présidentialisation signifie la dictature et le retour à la persécution.
Médias : Le service public asservi par le président Caïd Essebsi
Lors de sa dernière allocution, le président Béji Caïd Essebsi a instrumentalisé tous les médias pour concentrer l’essentiel de son discours sur une question partisane. Impliquer les médias privés relève de leur libre choix mais y mêler les médias publics s’apparente à un abus de pouvoir. «La patrie avant les partis» ? Pas vraiment.
La diplomatie tunisienne contre les mensonges de Marzouki
Bien que responsable de la haute diplomatie du pays, M. Moncef Marzouki s’est laissé aller à son péché mignon consistant à dénigrer autrui. Or, en l’occurrence, il ne réalisait pas qu’il se dénigrait lui-même tout en rabaissant le pays, salissant son image de marque.
Pourquoi je voterai contre Marzouki
Par Mouhieddine Cherbib – Je dois préciser d’abord que Moncef Marzouki a longtemps été pour moi un compagnon de lutte et un ami. Je fais partie des gens qui l’ont soutenu et aidé durant les années de lutte contre le système Ben Ali. J’étais à un certain moment parmi « les visiteurs de Carthage » – notamment, pour la préparation du Forum Social Mondial à Tunis en 2013 -, et je pensais sincèrement que le nouveau président allait changer radicalement la manière de présider, qu’il allait faire ce qu’il pouvait pour promouvoir les droits humains, la liberté d’expression contre la nouvelle raison d’État que l’on voyait poindre du côté de la Kasbah.
Marzouki/Essebsi : une simple lecture en termes de théorie de jeux
On suppose d’abord que les deux candidats aux présidentielles disposent de l’ensemble d’information sur le contexte/terrain commun et que les deux personnes se connaissent très bien. Aussi que chacun a la possibilité (théorique et pratique) de coopérer (choix C) ou d’adopter une attitude et un comportement déviant ou opportuniste (choix O). Enfin, pour une question particulière, on suppose que chacun prend sa décision sans pouvoir observer la décision prise par l’autre.
Pourquoi il est déraisonnable de voter pour M. Marzouki
Il s’agit moins ici d’un témoignage à charge que d’une parole de vérité s’élevant contre le mensonge dont ma courte expérience au CPR m’a démontré que M. Marzouki en fait non seulement une philosophie de vie, mais une industrie tournant à plein régime.
Les discours fétides de Marzouki et de Caid Essebsi, ou comment faire tanguer une démocratie fragile
Il s’agit ici, ni de journalistes, ni de politiciens « primaires » et encore moins de sympathisants qui se livrent à une « guerre des mots », mais bel et bien de deux candidats à l’investiture suprême, qui comme le stipule l’article 72 de la Constitution tunisienne, se doit d’être le « symbole de l’unité » de l’Etat. C’est ce caractère fédérateur, que doit représenter le futur président de la République qui doit se placer au-dessus de toute allégeance partisane comme le stipule l’article 76 de la Constitution : « le président de la République ne peut cumuler ses fonctions avec toute responsabilité partisane», et ce afin de justifier son autorité de représentant de tous les citoyens.
Comment choisir le ou la futur(e) président(e) de la République de Tunisie ?
Il reste la question de savoir comment il faut choisir celui ou celle qui siègera à Carthage, qui sera chef des armées et de la diplomatie. Les critères peuvent être multiples et divers, légitimes ou franchement bancals, le travail présenté ci-après a choisi de se concentrer sur la collusion du candidat ou de la candidate avec les anciens régimes et sur leur opposition à ceux-ci. Les informations n’étant pas toujours disponibles, il ne se prétend pas exhaustif ou absolu. Il se veut servir de recueil d’informations pour faciliter le choix citoyen des « défenseurs de la nation ». En espérant qu’il sera diffusé au plus grand nombre, bon vote.
Présidentielles 2014: Pour qui je vais voter et Pourquoi ?
A ceux qui exhortent les « perdants » du dernier scrutin de quitter la politique, je leur dis ceci : « la course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents ». Et comme l’a très bien dit Paul Krugman, « les scrutins déterminent celui qui a le pouvoir et non pas nécessairement celui qui a raison ». Le gourou du « temple de l’ignorance » et du « journalisme partisan » ne cache pas son camp donc moi aussi, qui ne suis pas un journaliste, j’ai encore moins de raisons pour cacher le mien. Ainsi, à quelques jours du scrutin, je vais partager avec vous ce que je pense des neuf candidats que je connais…