La glorification du passé, de Carthage à Hannibal, est le symptôme d’un problème de souveraineté et de puissance au présent. Le balancement entre une Histoire monumentale et critique du bourguibisme, est symptomatique d’une crise de légitimité des nationalismes constructivistes de l’indépendance. Cet intérêt pour l’Histoire n’est pas tant à voir comme un triomphe de la connaissance, que comme un symptôme de l’inquiétude que suscite cette crise du présent.
Petit plaidoyer en faveur d’une journée de la reconnaissance des femmes
Qu’on me permette ici d’affirmer que le principe d’une journée internationale des droits des femmes, encore plus que sa version locale, me dérange par son côté fortement marketé. Non pas simplement, on connaît la chanson, parce que consacrer un jour à une cause, quelle qu’elle fût, est aussi absurde que grotesque ; mais pour deux raisons essentielles, que je détaille dans ce qui suit.
En finir avec le vintage politique. La gauche du “monde d’après”
« Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté. » (Manifeste pour les “produits” de haute nécessité, par Ernest Breleur, Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Gérard Delver, Edouard Glissant, Guillaume Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William, 2009).
Petite réflexion autour de nos réflexes démocratiques
Le principe de l’alternative est évidemment bien connu ; celui de la fourche, de la double option, souvent envisagée comme le pire et le « moins pire », de sorte que le choix rationnel – et donc sage – apparaît d’emblée comme évident : il faut évidemment tendre vers ledit moins pire, l’avaliser et le valider.
Le masque et la sorcière. Descartes contre Sartre
Oscar Wilde disait : « l’homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque et il dira la vérité ». C’est dire si le masque est, fondamentalement, ce qui révèle. Le masque est aveu, et la pandémie actuelle ne lasse pas de le confirmer.
Mythe de la double caverne : Platon, Jean et Mohamed à l’heure du Covid-19
On connaît bien le mythe de la caverne platonicien. Des prisonniers qui ne savent pas qu’ils le sont, prennent pour la réalité les reflets et les ombres qu’ils voient sur les parois de l’antre qui les héberge. Imaginons que l’un d’entre eux, raconte Platon, soit conduit de force vers la sortie. Il sera ébloui par la lumière du soleil et sa première réaction sera de vouloir retourner dans la caverne.
L’œuf, le « sans-part », le Président et… Leibniz
Ces derniers jours auront été sans nul doute marqués par « l’épisode de l’œuf ». Rappelons-en toute de même brièvement la teneur. Sorti durant le couvre-feu nocturne pour aider à la distribution des aides alimentaires dans la région de Kairouan, Kais Said, noyé dans la foule qui s’était agglutinée apprenant sa venue, est brusquement pris à parti par un homme désespéré qui lui tend un œuf avant de s’éclipser, non sans avoir expliqué que c’était là tout ce dont il disposait pour dîner.
Aux origines du socialisme libéral : le nouveau libéralisme
L’expression « socialisme libéral » donne à voir, de prime abord, une sorte de concession réciproque. Tout se passe comme si la distinction faisait état d’une médiété qui serait validée aussi bien par la droite que par un « libéralisme de gauche » relativement tempéré.
Pouvoirs, fonctions : la dialectique de la responsabilité politique reconsidérée
« La marge de manœuvre du Président de la République est limitée, c’est le chef de gouvernement qui est la véritable tête de l’exécutif, chef de gouvernement lui-même subordonné au Parlement ». La pandémie actuelle est une occasion supplémentaire de nous rappeler ce principe ; à ceux qui déplorent une certaine apathie du chef de l’Etat, l’on oppose immanquablement l’argument de la séparation des pouvoirs et la suprématie de la primature sur la magistrature suprême. Rien n’est pourtant moins sûr.
Il n’y a pas de politique sans lutte identitaire
Les identités, outre qu’elles disent la dignité, sont une composante et parfois le tout d’une stratégie. Regretter ou dénoncer la persistance des identités, c’est renoncer à la lutte, c’est contribuer à désarmer les résistances des opprimés.
Interview avec Edgar Morin : « L’espoir n’est jamais une certitude » !
En ces temps d’indigence, quoi de plus salutaire que la voix lucide d’Edgar Morin pour dessiller nos dénis. L’auteur de La Méthode est venu nous rappeler que « tout ce qui ne se régénère pas dégénère », la démocratie en l’occurrence. Car « si elle n’est pas vitalisée par la diversité des opinions et le choc des idées, la démocratie devient synonyme de médiocratie ». En fait, comme tout système, la démocratie se nourrit d’antagonismes tout en les régulant. Ainsi parla Morin, face à un public tunisien venu nombreux détremper son désarroi dans la complexité décomplexée.
Les eaux bouillantes du calcul politique vs Les eaux glacées du calcul égoïste
L’observateur, ou même un spectateur impartial, qui tente de faire le lien entre un débat politique acharné et le faible taux de concrétisation des promesses et programmes politiques, pense soit à une éventuelle hypocrisie de la part de l’homme politique, soit à une incompétence à voir clair et à agir en faisant des calculs justes et sensés. Qui convaincra ensuite l’électeur méfiant à aller voter ? Est-ce que les simples promesses non garanties peuvent secouer sa perception et formes de l’engagement ?
Un sentiment d’absence
Jean-Jacques Rousseau, lorsqu’il disait de lui, dans ses Confessions(1782-1789), que les particularités de son cœur, dès son entrée dans sa vie, le mettant en contradiction avec lui-même, “a fait que l’abstinence et la jouissance, le plaisir et la sagesse” lui ont échappé durant toute sa vie, n’était-il pas, au final, sujet à ce sentiment étrange, qu’il n’aurait su par ailleurs saisir avec clarté ?
L’existentialisme, un cas pratique d’occidentalisme islamique ?
En reprenant succinctement quelques-uns des principes de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, nous pouvons dire qu’ils sont acculturables à notre propre vision islamique du monde. Cet exercice d’occidentalisme islamique, même s’il n’a pas été exhaustif, doit servir au moins à une chose : fixer notre relation à la pensée occidentale, afin de comprendre l’essence même des sociétés qui en ont découlé.
Une définition de l’occidentalisme islamique
L’occidentalisme islamique a la volonté d’introduire dans son propre champ tout ce qui procède de la pensée occidentale. Il ne se bornera donc qu’à construire à l’intérieur de toute doctrine occidentale une sorte de césure intelligible, une ligne de faille objective qui différenciera, et divisera, ce qui s’insérera, et ce qui n’aura pas sa place, dans son champ de validité.
L’exemple de Socrate pour la paix de la France laïque et diverse
La profondeur héroïque dont Socrate a fit preuve, elle doit se transposer dans notre monde dans l’attitude des “Européens de souche” comme des musulmans. Ces derniers, cela est clair, doivent avant tout appliquer les lois, sans nervosité face à ce qu’ils ressentent comme de l’injustice, tant que la liberté et la démocratie prévalent en France.
L’islam, la philosophie et la liberté
Utiliser une pensée appartenant à une autre “sphère civilisationnelle”, est-ce là un coin qu’on enfoncerait à l’intérieur de la foi musulmane ? Ou plutôt, y-a-t-il un risque flagrant de dénaturer notre propre vision de l’Unicité et des Attributs de Dieu ? Et donc d’une perte chez les musulmans de ce qui fonde leur identité propre ?
De l’utilité de la philosophie occidentale dans la pensée islamique moderne, et inversement
Depuis Platon (la République), la philosophie occidentale considère que l’âme est gouvernée par trois sphères : le désir, la raison et ce que Socrate appela le thymos (que Hegel identifie au besoin de reconnaissance de l’homme par lui-même et par autrui).