histoire 170

Gilbert Naccache, l’intempestif

À l’heure du bilan, le militant a de l’énergie à revendre. Dans le dernier opus de sa quadrilogie, fraîchement paru sous le titre « Ana…chroniques » (Chama éditions, 2017), Gilbert Naccache remonte ses « souvenirs des dernières années du vingtième siècle et un peu au-delà ». Il prend tout ce qui remonte, depuis sa sortie de prison en août 1979 jusqu’à la révolution du 14 janvier 2011, en se livrant à une manière alerte d’historiciser le présent et d’actualiser l’histoire. Sur soixante-dix ans de distance, ces mémoires font vibrer chez lui deux cordes jumelles, celle de l’observation et celle de l’analyse.

Les faces cachées des relations tuniso-franco-européennes (6)

L’étude de l’évolution des relations tuniso-européennes après la conquête ottomane de Tunis en 1574 -à l’issue d’une âpre lutte avec l’Espagne pour le contrôle de la rive sud de la Méditerranée- revêt une importance particulière dans la mesure où elle correspond à la fin de la dynastie hafside au Maghreb et au partage territorial de cette région désormais constituée de provinces séparées relevant chacune directement de la Sublime Porte.

Résistances : Quand l’art bande mou à Carthage

Décidément, l’art bande mou à Carthage. Au moment de la piqûre de rappel de la Fête des Martyrs en son 79ème anniversaire, la Présidence de la République met les bouchées doubles pour trompeter ténacité et résistance du peuple tunisien au cours de l’histoire. Organisée en collaboration avec les ministères de la Culture et celui de l’Education, Résistances se veut une exposition itinérante qui sillonnera toutes les régions du pays jusqu’à la fin du mois d’avril 2019. On aura beau tourner sa langue mille fois dans sa bouche, on a beau fouiner dans son vocabulaire, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette initiative poussiéreuse d’une expo qui ne l’est pas moins : nulle.

Les Faces cachées des relations tuniso-franco-européennes (4)

La quatrième partie de cette série sera consacrée à l’évolution historique du cadre législatif et réglementaire régissant les relations commerciales et économiques entre la Tunisie et la France depuis le 17ème siècle jusqu’à la veille de la colonisation. Cette étude nous permettra de saisir l’importance jouée par les accords de capitulation et les conventions commerciales inégalitaires dans la pénétration économico-commerciale européenne en Afrique du Nord, qui sera le fer de lance de l’entreprise coloniale française en Tunisie.

Le « je » colonial de Michel Onfray

Le pire, c’est qu’il y a chez nous des gens qui prennent les insultes d’Onfray pour des compliments ! Le pire du pire, c’est qu’il s’en trouve d’autres pour abonder sans s’en apercevoir dans son sens en lui reprochant de négliger que nous aussi nous aurions eu « nos » Descartes. Et le pire du pire du pire, c’est que la majorité d’entre nous partage la conception coloniale de l’histoire comme réalisation du « progrès » dont la modernité, inventé et répandue généreusement par l’Europe, serait le passage obligé voire carrément, pour certains, le but à atteindre.

À quelle heure se réveille la nation ?

Organisée par la fondation Rambourg au palais Ksar es-Saïd, à Tunis, L’éveil d’une nation. L’art à l’aube de la Tunisie moderne (1837-1881) se donne les bons moyens pour rafraîchir la mémoire sans l’escamoter. Geste nécessaire, mais qui n’est pas sans risques.

Appartenir à Dhiba et Ben Guerdane, entre emblèmes et stigmates

Lorsque l’on interroge les habitants de Dhiba et Ben Guerdane sur leur perception du Sud tunisien, région à laquelle ils revendiquent appartenir, c’est la « marginalisation » tahmîch qu’ils évoquent en premier lieu. La forte perception de l’exclusion transcende les générations et le genre, même si elle est plus aiguë chez les jeunes chômeurs. Elle confirme l’affermissement, depuis la chute de Ben Ali, du tahmîch comme catégorie cognitive structurant la façon dont les populations rendent compte d’elles-mêmes, dans l’ensemble des territoires urbains et périurbains relégués dans le pays, à l’instar des quartiers populaires du Grand-Tunis ou du gouvernorat de Kasserine, à la frontière avec l’Algérie.

كتاب ”عيال الله“ لمحمّد الطالبي : نحو نظرة جديدة لعلاقة المسلم بخالقه و بمحيطه

إنّ هدف كتابة مقال عن هذا الكتاب (الذي أسال حبرا كثيرا منذ صدوره) هو مجرّد محاولة لتذكير أبناء جيلي و من بعدهم بقيمة هذا المفكّر العظيم الذي قضّى عمره و أفناه في البحث و تقديم أعمال مهمّة. و من جهة أخرى، أردت أن أُبْعِدَ وَ أَمْحُوَ تِلك الصّورة التي ظهر بها الدكتور الطالبي في الإعلام التونسي في السنوات الأخيرة في برامج مبتذلة لا همّ لها سوى تحقيق نسب مشاهدة مرتفعة.

« Mnēmē » de Nidhal Chamekh : l’art par temps de détresse

Se faire le chiffonnier de la mémoire des luttes. Nidhal Chamekh ne recule décidément plus devant cette tâche qu’il s’est fixée depuis « De quoi rêvent les martyrs ? » (2011). Mais à quel temps décline-t-il cette mémoire dans « Mnēmē », son exposition à Selma Feriani Gallery (29 octobre – 12 novembre 2016) ? D’une main, il ramène la virtuosité du dessin à un principe de délicatesse. De l’autre, il accorde la rémanence des formes et des luttes au retour du refoulé, où l’image se peuple de fantômes. Entre deux mains qui s’alternent, c’est la pratique du montage qui permet à Nidhal Chamekh de prendre la mémoire à rebrousse-poil.

Les faces cachées des relations Tuniso-Franco-Européennes

Les rapports inéquitables et déséquilibrés entre la Tunisie et l’ensemble européen trouvent leur origine dans la nature et le contenu des accords et conventions conclus avec la France à l’indépendance, ainsi que l’accord « d’association » de 1969 conclu avec la Communauté économique européenne et tous les accords ultérieurs similaires dont l’accord de libre échange complet et approfondi en cours de négociation.

تقديم ومناقشة كتاب : ”منذ خمسين سنة…عشت معركة بنزرت“ لعبد المجيد شاكر

قد لا نجانب الحقيقة إن قلنا إن الكتاب برمته، رغم صدوره بعد 50 سنة من المعركة لا يختلف في شيء عن أدبيات ”الحزب الحر الدستوري الجديد“ السابقة المنشورة حول المعركة، أسبابها، وقائعها، انعكاساتها : تمجيد مطلق لموقف الزعيم ومفاخرة بما تم إنجازه. هذه الخصيصة بالذات تجعل منه وثيقة خاما لدراسة موقف الحزب من هذه المعركة وهو أمر يفيد الدارسين من وجهة نظر ما.

Are Arabs “Behind”?

“We Arabs, we are behind” we have sighed to ourselves for more than a century. Streams of powerless tears flood our newspaper columns. A veritable fountain of tears spewing from our tear ducts. And we ask Europe, who quietly laughs at us, to give us a hand. “We Arabs, we are behind. Let’s be modern!” We’re spending our time running to catch a train that is behind us. Europe is not our future; it is our past.

De quoi le « surmusulman » est-il le nom ?

Encore une fois, l’islam se confesse. En s’allongeant sur le divan rouge écarlate de la psychanalyse, à quoi pense-t-il ? Aucune de ses associations dites « libres » ne semble spontanée pour l’oreille de Fethi Benslama. S’il n’est sans doute pas le seul à avoir pris la température du sujet de l’islam, l’auteur d’« Un furieux désir de sacrifice » livre un diagnostic sans détour : l’islamisme vomit ses déchets sur le mode de la surenchère identitaire. Le « surmusulman » en est le produit alarmant.

عبد الجليل بوقرّة : مسيرة بورقيبة من الإستقلال إلى الإنقلاب

هذه الدّراسة التاريخيّة الموجزة سلّط من خلالها الدكتور عبد الجليل بوقرّة الضّوء على أهمّ الفترات في مسيرة بورقيبة إنطلاقا من سنة 1956 إلى حدود سنة 1987 و ذلك بهدف تقييم جميع المراحل و القرارات التي إتخذها بورقيبة و نقد جميع من أحاطوا به و ساهموا بدورهم في بناء الدولة و كانوا شهود عيان على تقهقرها و تراجعها.

هل العرب ”متأخرون“؟

”نحن العرب متأخرون“ هكذا نتنهد منذ ما يعدو عن قرن. سيل من دموع العجز تُغرق أعمدة الصحف. إسهال بكائي حقيقي. ونطلب من أوربا الضاحكة على ذقوننا أن تمد لنا يدها: ”نحن العرب متأخرون، فلنلتحق بركب الحداثة إذن“. في الواقع نقضي الوقت محاولين اللحاق بقطار تركناه وراءنا. أوربا ليست مستقبلنا، أوروبا هي ماضينا.

Les Arabes sont-ils «en retard» ?

« Nous, les Arabes, nous sommes en retard », soupirons-nous depuis plus d’un siècle. Des flots de larmes impuissantes inondent les colonnes de nos journaux. Une véritable diarrhée lacrymale. Et nous demandons à l’Europe qui rigole en douce de nous tendre la main : « Nous, les Arabes, nous sommes en retard. Soyons modernes ! ». En fait nous passons notre temps à courir pour rattraper un train qui est derrière nous. L’Europe n’est pas notre avenir ; elle est notre passé.

Protectorat 1881, un film à double hélice

L’histoire se répète, dit-on. Cela risquerait pourtant de devenir lassant. Avec son long-métrage « Protectorat 1881 », il s’agit pour Tarek Ibrahim d’exorciser, sous la forme d’un docufiction à bases d’archives, l’histoire de la mainmise coloniale sur la Tunisie et les premiers balbutiements de la résistance populaire. « Protectorat 1881 » a-t-il pourtant davantage à offrir qu’une histoire à rebrousse-poil ?