Démocratie 131

De la fin de la république de Weimar au Coup de force de Saied en Tunisie

Dans l’Allemagne des années 30 comme en Tunisie aujourd’hui, les fossoyeurs de la démocratie parviennent au pouvoir par les canaux démocratiques légaux prévus par la constitution. Si la comparaison interdit tout amalgame entre le régime nazi et le régime autocratique tunisien, ce dernier comporte cependant des relents fascisants. De fait, dans les deux pays, une expérience démocratique chaotique est stoppée, paradoxalement par « entrisme » démocratique.

Que reste-t-il de nos espoirs ?

Au-delà de ce que nous pouvons penser du président Kaïs Saied, de ses velléités autoritaires et populistes, de ses fuites en avant…, onze ans après les évènements de janvier 2011, il est nécessaire que nous dressions un diagnostic des années passées afin d’essayer de circonscrire les dysfonctionnements, les maux et les dérives qui ont préparé le terrain à l’avènement de cette figure politique hors du commun.

La Tunisie, entre espoir et vigilance

En période de changement révolutionnaire, les premières mesures prises sont généralement en contradiction avec les textes de lois en vigueur. Ce qui s’est passé, en Tunisie-même, fin 2010 – début 2011, n’était pas du tout conforme à la Constitution de 1959. Et pourtant, nous l’avions tous applaudi, car il s’agissait d’un mouvement de révolte populaire et légitime face à un ordre établi qui ne correspondait plus aux aspirations du peuple. Alors, aujourd’hui, ne pourrait-on pas dire qu’on est dans une situation comparable à celle de 2011 ? Ne pourrait-on pas entendre et prendre en considération les cris de colère des foules qui ont manifesté toute la journée du 25 juillet dernier et même avant?

A bas le paternalisme de la démocratie libérale !

La démocratie est la pierre philosophale des temps modernes. Elle est la seule à même de transformer les sauvageons en civilisés. Ceux qui aspirent au progrès doivent impérativement commencer par aspirer à la démocratie. Le peuple qui l’accueille en son sein doit se réjouir de son salut prochain, tout en portant dans le plus grand silence la croix sur laquelle les politiciens peuvent éventuellement le crucifier. Il ne faut pas se plaindre, quand on voit la dissidence des élus censés représenter le peuple. En Tunisie, quand les gens se plaignent, on voudrait bien les fouetter pour châtier leur manque de foi en la sainte démocratie.

Démocratie : la fin d’une utopie ?

L’ambivalence du discours politique, dont les engagements électoraux non tenus sont le paroxysme, ne font qu’accroître la méfiance du citoyen vis-à-vis du cercle politique qu’il voit désormais comme une concentration d’egos cupides et corrompus ne cherchant qu’à s’enrichir sur le dos du contribuable. En Tunisie, ni les partis « progressistes » – qui ont surfé sur la mode républicaine – ni les partis « réactionnaires » – qui ont surfé sur la mode religieuse – n’ont finalement réussi à faire de la politique désintéressée et à redresser le portefeuille du Tunisien, ne créant que dégoût chez l’électeur désabusé.

Demain, un documentaire pour réinventer la vie

« L’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul », aurait dit Gandhi. C’est un peu ce qu’on fait Cyril Dion et Mélanie Laurent avec le film documentaire « Demain » qui montre que partout dans le monde des solutions existent et que des individus expérimentent déjà des nouveaux mode de vie, de nouvelles façons de cultiver, d’enseigner, de produire de l’énergie, d’échanger ou de vivre en démocratie. Interview du co-réalisateur, Cyril Dion, à l’occasion de la diffusion du film à l’Institut Français de Tunis, aujourd’hui 15 septembre à 19h30.

Patrice de Charette ou le regard franc et direct sur les dysfonctionnements de la justice tunisienne.

Patrice de Charette, chef de mission pour l’Assistance technique au Programme d’appui à la réforme de la justice [tunisienne] (PARJ), un « officiel » remarquable par sa franchise en public et par son honnêteté intellectuelle. L’ «Officiel étranger» s’éclipse derrière sa qualité de magistrat, œuvrant pour une justice plus efficace, plus performante, plus humaine… quel que soit le lieu. Des magistrats Tunisiens, il en parle en tant que « collègues », qualificatif qu’il utilise d’ailleurs à maintes reprises durant l’interview. Et il évoque les carences et dysfonctionnements de la justice tunisienne comme le ferait tout aussi naturellement un Ahmed Soueb, Raoudha Karafi, Ahmed Rahmouni ou feu Mokhtar Yahyaoui, chacun avec son style et son appréciation, il est vrai.

Des groupes de défense de la liberté d’expression vivement préoccupés par les attaques perpétrées à l’encontre des médias indépendants en Algérie

Les organisations signataires exhortent les autorités algériennes à mettre un terme aux attaques de plus en plus fréquentes à l’encontre de journalistes et de médias critiques et à aligner la législation relative aux médias sur les garanties constitutionnelles et les obligations internationales de l’Algérie en matière de droits humains.

“Eux et lui” : hommage en vidéo à une société civile aux protestations parmi les plus civilisées du monde.

Avec le prix Nobel de la paix attribué au Quartet, c’est l’ensemble de la société civile tunisienne, souvent auteur d’actes parmi les plus civilisés de la planète, y compris face à la violence, que nous voyons ainsi honorée. Et nous ne pouvions rendre un meilleur hommage à une telle société civile, autrement qu’en rapportant sur ce qui nous semble relever d’une protestation pacifique, d’un civisme exceptionnel. […]

#Manich_Msameh – #مانيش_مسامح – ou le grand désastre de la justice tunisienne !

Que les auteurs du projet de la loi sur la réconciliation eussent eu consacré autant d’effort et autant d’énergie pour secourir cette grande sinistrée, qu’est la Justice tunisienne, nous n’en serions sûrement pas là aujourd’hui ! C’est ce que, déjà, depuis quatre ans, nous écrivons et rappelons sans relâche sur Nawaat. On ne rend pas la justice à coup de lois immunisant les infractions pénales au profit d’une catégorie de la population, mais en donnant les moyens à ladite justice pour faire son travail, quel que soit le “statut” social ou économique du justiciable. Il faut être littéralement aveugle et sourd pour ne pas […]

La crise de la démocratie européenne et ses répercussions sur la Tunisie

La crise économique persistante qui touche l’Union Européenne depuis 2008 –notamment les pays de la zone euro et par ricochet certains pays, dont la Tunisie, qui leur sont liés par des relations économiques étroites ainsi que des accords de partenariat– a largement contribué à détourner l’attention d’un aspect fondamental qui devrait nous interpeller au plus haut point, à savoir la crise de la démocratie, voire la régression démocratique en occident et au sein de l’Union Européenne, ainsi que ses implications négatives sur la transition démocratique en Tunisie.

Hkeya “OFF”.

[…] Comment retracer l’itinéraire d’un jeune homme ordinaire, un enfant de la Mère Tunisie ? Un brillant étudiant de 23 ans au-dessus de tout soupçon. De l’éclosion d’une destinée en cours à la sauvagerie terroriste n’y aurait-il qu’un pas ? Face à cela, comment réagissent les figures politiques nationales, les grands médias et l’opinion générale ? […]

El-Kantaoui : Hommes d’État, terrorisme et effet Pavlov…

[…] Au rythme des attentats qui se sont succédé, certaines personnes n’en ont raté aucun pour se lâcher, comme pris, à chaque fois, par une sorte de réflexe pavlovien les poussant à tenir des discours parfois ahurissants. Une rhétorique basée sur la «guerre contre le terrorisme», justifiant tous les excès –à peine masquée- en matière d’abus de droit comme des garanties fondamentales. Oui, nous sommes en pleine «guerre contre le terrorisme» et non point contre la République, ses institutions et les libertés fondamentales qu’elle proclame. Oui, nous sommes en pleine «guerre contre le terrorisme» et non point contre nos propres idéaux démocratiques et les valeurs proclamées et garanties au sein de notre Constitution […]

Interview avec Edgar Morin : « L’espoir n’est jamais une certitude » !

En ces temps d’indigence, quoi de plus salutaire que la voix lucide d’Edgar Morin pour dessiller nos dénis. L’auteur de La Méthode est venu nous rappeler que « tout ce qui ne se régénère pas dégénère », la démocratie en l’occurrence. Car « si elle n’est pas vitalisée par la diversité des opinions et le choc des idées, la démocratie devient synonyme de médiocratie ». En fait, comme tout système, la démocratie se nourrit d’antagonismes tout en les régulant. Ainsi parla Morin, face à un public tunisien venu nombreux détremper son désarroi dans la complexité décomplexée.

L’Espace public en Tunisie : Un enjeu démocratique !

La révolution en dégageant le régime Ben-Ali a également ébranlé et bousculé tout le système instauré depuis l’indépendance. La société civile, qui a connu un développement extraordinaire en quelques mois, est de fait entrée dans un processus de défiance et d’autonomisation vis-à-vis de l’Etat. Un Etat fortement déstabilisé et affaibli par plusieurs semaines d’insurrections. Dès lors non seulement la société n’accepte plus l’hégémonie de l’Etat mais celui-ci n’est également plus en mesure d’imposer son hégémonie sur l’ensemble de l’espace public.

Les discours fétides de Marzouki et de Caid Essebsi, ou comment faire tanguer une démocratie fragile

Il s’agit ici, ni de journalistes, ni de politiciens « primaires » et encore moins de sympathisants qui se livrent à une « guerre des mots », mais bel et bien de deux candidats à l’investiture suprême, qui comme le stipule l’article 72 de la Constitution tunisienne, se doit d’être le « symbole de l’unité » de l’Etat. C’est ce caractère fédérateur, que doit représenter le futur président de la République qui doit se placer au-dessus de toute allégeance partisane comme le stipule l’article 76 de la Constitution : « le président de la République ne peut cumuler ses fonctions avec toute responsabilité partisane», et ce afin de justifier son autorité de représentant de tous les citoyens.