Fahem Boukaddous lors de ses nombreuses hospitalisation.

En tant que médecin des hôpitaux publics exerçant à l’hôpital Sahloul de Sousse, j’ai eu à prendre en charge le suivi médical de Fahem Boukadous pendant son séjour aux urgences de ce même hôpital. En lui prodiguant les soins que son état de santé nécessitait et après l’avoir soumis à une série d’examens complets et minutieux, j’ai pu constater l’existence d’un lien étroit entre ses fréquentes crises d’asthme et son état psychologique général. J’ai pu, par la même occasion, prendre la mesure exacte de l’ampleur de ses souffrances ainsi que de son extrême sensibilité à l’injustice. Je puis affirmer avec certitude que sa vie est continuellement en danger, en particulier, s’il venait à manquer des premiers soins de secours, d’oxygène ou des médicaments indispensables comme les corticoïdes, à l’occasion du déclenchement d’une de ses nombreuses crises qui sans cesse le terrassent. Je me vois contrainte de rappeler que les conditions de détention dans les prisons constituent généralement un facteur aggravant pour l’asthme en raison de l’humidité, de la chaleur, du manque d’aération et de l’absence d’hygiène, facteurs de risques et sources de danger aux conséquences graves pour l’évolution de cette pathologie.

En tant que praticienne, j’ai juré sur l’honneur de me consacrer à sauver la vie humaine en toute circonstance, à apporter mes soins à tous ceux qui en ont besoin, à contribuer à faire triompher le principe de droit en matière de santé, à ne tenir compte d’autres critères que ceux qui prévalent dans notre profession et à respecter la vie dans ses palpitements infimes… Ayant foi dans la mission de la médecine dont le but premier demeure celui de ne jamais refuser de venir en aide à n’importe quel patient… J’ai tenu, dans cet appel, à associer ma voix à celle de mes confrères pour dire que nous sommes, après Le Très-Haut, responsables de la vie de nos patients, et de ce fait nous ne devons pas rester les bras croisés face aux atteintes au droit à la vie. A partir de mon statut en tant que médecin, j’exige l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre Fahem Boukadous eu égard à ses problèmes de santé et son élargissement afin qu’il puisse avoir libre accès aux soins et reprendre dans la sécurité ses forces. Pareillement, j’exige la suspension de la peines extrêmement dure et injuste qui lui a été infligée, la fin des filatures et des persécutions de la police politique contre El Fahem, l’arrêt des interventions illégales dans le processus de soins auquel ce patient est soumis, qui constituent une atteinte à l’autonomie et à la neutralité de l’institution médicale et paramédicale, et la cessation des multiples atteintes et humiliations contre le corps médical dans son ensemble, en particulier à la suite de la tentative de faire sortir par la coercition Fahem Boukadous de l’hôpital contre le gré des médecins – tous d’honorables professeurs d’université – qui l’avaient sous leur autorité, à travers un « coup » lamentable monté par des éléments appartenant à des milieux connus, qui ont violé sans vergogne l’intégrité des bâtiments de santé publique, édifiés non pour servir de terrain pour les agissements policiers, mais pour la sauvegarde et la protection d’hommes et des femmes dans leur humanité. Je tiens à attirer, ici, l’attention de l’ensemble des professionnels pour les inviter à mesurer l’ampleur du danger que représente l’infiltration de ce secteur éminemment sensible par des éléments venus d’ailleurs.

Je réitère une fois encore mon appel afin que Fahem Boukadous puisse bénéficier de son droit aux soins à l’extérieur de l’enceinte de la prison, c’est-à-dire à l’hôpital, et j’implore l’ensemble de la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme et toutes les forces vives de la nation à appuyer cet appel. J’adresse un salut chaleureux à tous ceux qui ont exprimé leur soutien à Fahem Boukadous et à tous les militants du Bassin minier.

D. Magda Sbaii

Traduit de l’arabe par Abdelatif Ben Salem

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