La Tunisie en dépression démocratique

Quel est le point commun entre Afraa Benazza et Hicham Alaoui ? A priori, on pourrait penser qu’il n’y en a pas. La première, qui n’a pas vingt ans, est une inflexible militante kefoise dont l’éclosion, comme celle de beaucoup d’autres insoumis, constitue le principal acquis de notre révolution. Le second est un opposant marocain réformateur, membre de la caste régnante au Maroc et candidat au trône. Tous deux pourtant, aussi différents soient-ils, ont été victimes de l’arbitraire de l’Etat tunisien.

Béji Caïd Essebsi déclare la guerre au parlementarisme

Dans son interview paru le 06 septembre dans les journaux Essahafa et La Presse, l’idée maîtresse autour de laquelle s’articule tout le propos de Béji Caïd Essebsi est de réviser la constitution de façon à affaiblir la représentation parlementaire pour renforcer les pouvoirs de l’Exécutif et notamment ceux du président de la République.

Le remaniement ministériel, en quoi concerne-t-il le peuple ?

Outre quelques « compétences », entreront aussi au gouvernement des personnes ayant fait allégeance à l’un des partis actuellement au pouvoir ou à tel ou tel clan. Ce remaniement sera ainsi l’occasion de quelques règlements de compte et d’un rééquilibrage des influences et de l’autorité au sein de la coalition régnante comme au sein de chacune de ses composantes. Mais ceux qui remanient aujourd’hui le gouvernement sont ceux-là mêmes qui l’ont remanié il y a un an et ceux-là mêmes qui l’avaient constitué au lendemain des élections d’octobre 2014. L’orientation de notre gouvernement – la consolidation de la démocratie policière et l’approfondissement de la politique libérale – n’est donc pas appelée à changer.

Egalité à l’héritage : repenser les termes du débat

La seule question véritable concerne le paradigme dans lequel le problème est posé. En l’occurrence, le paradigme de l’égalité qui n’est jamais interrogé sinon dans sa compatibilité avec l’identité ou la tradition, sur lesquelles les partisans de l’égalité n’ont rien à répondre sinon leur sempiternelle ritournelle sur l’« ijtihad ».

Qu’en est-il des divergences au sein d’Ennahdha ?

Je suppose que beaucoup de gens sont rassurés. Ennahdha que l’on disait homogène, immuable, imperméable aux tensions de la société (voire aux bouleversements de l’histoire), connaît désormais des tiraillements qui n’hésitent plus à s’exposer en public.

Les marins tunisiens disent « Non ! » au racisme

Les petits merdeux de Génération Identitaire (GI) embarqués à bord du navire C-Star ont été, comme qui dirait, rejetés à la mer. Bon débarras ! Zarzis n’a pas voulu d’eux et c’est tant mieux. Refoulés de tous les ports méditerranéens, incapables sur leur rafiot à 76000 euros de bloquer les tentatives d’émigration clandestine, ils ont du se contenter, dans l’espoir d’entraver son action, de filer le train au navire d’une ONG qui vient en aide aux migrants.

Carte d’identité biométrique : le flicage électronique généralisé

La sur-puissance du ministère de l’Intérieur, la tradition répressive des forces sécuritaires, le peu de scrupules quant aux moyens employés, laissent penser en effet que la carte d’identité biométrique sera un formidable instrument de fichage et de flicage électronique de la population – de chaque individu – qui sera associé à l’ensemble des nouvelles technologies d’identification, de reconnaissance et de surveillance.

Après le printemps des luttes, l’été de la revanche

Au printemps des luttes, en somme, vient succéder l’été de la revanche. Et de ce point de vue, la prétendue « guerre à la corruption » engagée par le Premier ministre – en premier lieu certes pour sauver sa peau et peut-être aussi dans le cadre de la rivalité qui oppose certains clans affairistes – semble n’avoir été que le prélude à l’adoption de ces lois. En un mot, renforcer la popularité du chef du gouvernement pour désamorcer les réactions hostiles aux législations autoritaires en voie d’être adoptées.

Le gouverneur de Sousse, le trac et la langue du colon

Prenant la parole, à Nice, devant le président français et deux de ces prédécesseurs à l’Elysée, le gouverneur de Sousse, Adel Chelioui, a pitoyablement maltraité le discours en français qu’il avait rédigé ou qu’on a rédigé pour lui. Malgré les circonstances (commémoration de l’attentat du 14 juillet 2016), le public, une foule de grands personnages, a eu visiblement du mal à retenir ses rires devant la prestation ridicule du responsable tunisien.

Youssef Chahed aux Etats-Unis : Ce que révèle le langage des gestes

J’ai le sentiment que la visite de Youssef Chahed aux Etats-Unis n’est pas autre chose qu’un cadeau de bazar qu’a offert l’administration américaine à notre gouvernement, histoire de compenser –quoi que le mot soit excessif– la diminution prévue dans le prochain budget américain des aides économiques et militaires à la Tunisie.

Il faut exclure la France de la francophonie

La Francophonie, vestige de l’empire colonial français, c’est d’abord la France. Elle est un instrument de la diplomatie française, de sa politique d’influence, de ses priorités, de ses repositionnements et de ses revirements. A entendre la secrétaire générale de l’OIF en visite de travail à Tunis, la Francophonie serait une organisation destinée à promouvoir la solidarité, l’entraide, la démocratie, la justice et tant et tant de belles choses. Pour que ce soit le cas, il faudrait commencer par en exclure la France.

Les success stories de Tunisiens à l’étranger, un besoin de reconnaissance collective ?

Les articles de ce type sont copieusement relayés sur les réseaux sociaux par nos concitoyens qui y trouvent apparemment des motifs de fierté. On ne s’interroge que rarement sur la nature de l’« exploit » réalisé par l’un de nos compatriotes expatriés ou nés à l’étranger. On ne se pose pas de questions sur ce que signifient ces « succès », leur pourquoi et leur comment. On ne questionne pas plus leur sens moral et politique ni les choix et les ambitions que porte notre héros du jour.

Crise du Golfe : la Tunisie a-t-elle une diplomatie ?

Avec la crise qui oppose actuellement le Qatar à l’Arabie saoudite, la diplomatie tunisienne est confrontée à des enjeux qui ne sont pas seulement externes. La crise du Golfe est également une crise tuniso-tunisienne. La politique extérieure de la Troïka continue de peser sur la Tunisie. Les liens avec le Qatar restent lourds. Une exacerbation du conflit ou la capitulation de ce dernier aurait par conséquent des implications immédiates sur la situation politique.

Non-jeûneurs condamnés : Un problème d’arbitraire de l’Etat ou de liberté individuelle ?

Qu’on proteste contre l’arbitraire policier et judiciaire est une chose, qu’on le fasse au nom de la liberté de manger en public pendant le ramadan, embrouille la question politique posée au lieu de la clarifier. Cela masque et obscurcit les enjeux réels que soulèvent ce type de condamnations tout autant que le recours qui peut être fait pour les justifier à l’article de la constitution qui octroie à l’Etat, cette machine bureaucratique et policière, le rôle de protecteur de la religion qu’il ne mérite assurément pas.

« Guerre contre la corruption » : L’entourloupe des supporters de Youssef Chahed

Ne boudons pas, bien sûr, notre plaisir. Qu’un malappris soit derrière les barreaux est toujours plaisant. De là à penser que Youssef Chahed aurait l’intention d’engager réellement la bataille contre toutes les formes de banditisme économique et la corruption, il y a un pas que je ne franchirai pas mais que franchissent en se trémoussant 50 pétitionnaires-supporters de Chahed.

Marivaux et la réconciliation nationale

Marivaux est un auteur français du XVIIIème siècle qui a composé de nombreuses pièces pour le théâtre. Dans l’une d’entre elles, il parle de la réconciliation nationale. Ce salopard est pour. Voici de quoi il s’agit. La pièce, une comédie en un acte et en prose représentée pour la première fois en 1725, s’intitule « L’Île des esclaves ». L’histoire commence par la révolution ou ce qui en tient lieu.

La lumière nous vient du sud

Politiquement, il y a deux manières de réfléchir. Soit du point de vue de l’Etat, c’est-à-dire (et ce n’est pas un raccourci) du point de vue de la classe dominante, des puissants en gros. Soit du point de vue de ceux qui souffrent. Et il n’y a pas de synthèse possible.

La déconciliation, voilà la ligne

Cette haine de la révolution, Béji Caïd Essebsi lui a donné un nom : la réconciliation, qu’il a cru habile de qualifier d’ « économique et financière ». Un maquillage fragile qui parvient à peine à masquer son sens véritable : clore le chapitre de la révolution et effacer de sa mémoire ce qui en faisait la gloire : l’éviction des RCDistes du pouvoir. C’est là le projet de BCE, son unique ambition. Un échec serait une défaite personnelle, un désaveu qu’il ne peut tolérer.

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