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Le rapport de RSF, paru, aujourd’hui, jeudi 12 février 2015, classe la Tunisie 126e sur 180 pays en matière de liberté d’expression. Rappelons que la Tunisie était dans le 133e rang, elle a gagné 7 places en seulement une année. Ça serait une bonne nouvelle si c’était une performance due à des réformes et mesures prises par notre pays. Hélas, le classement s’est amélioré uniquement devant le recul spectaculaire d’autres pays comme l’Égypte, le Maroc, l’Iran et l’Arabie Saoudite.

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classement-tunisie-liberte-expression-rsfDans ce classement, la Tunisie est devancée par le Koweït (90e), le Congo (107e), le Qatar (115e), le Mali (118e), l’Algérie (119e), les Émirats Arabes Unis (120e), l’Afghanistan (122e) et le Soudan du Sud (125e). Encore une fois, les médias tunisiens n’arrivent pas à changer leur environnement politique et économique imprégné par les vieilles habitudes de l’ancien régime.

Selon le classement de RSF, la Tunisie a un score global de 35,99 sur 100 ce qui constitue une situation difficile. Les critères de classement de RSF englobent le pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence, les infrastructures et les exactions.

Même si notre pays figure dans la liste de ceux qui progressent, sa performance reste relative. Selon RSF, la Tunisie stagne. Le rapport précise que la « stabilisation de la situation politique en 2014 profite aux activités d’information. En revanche, le nombre d’agressions commises à l’encontre des journalistes est toujours élevé et la mise en pratique des dispositions garantissant la liberté de l’information tarde à se mettre en place.»

Yasmine Kacha, responsable du bureau Tunisie, nous explique que malgré les dispositifs législatifs favorables et l’installation de la HAICA, les journalistes et les net-citoyens sont encore menacés par la violence policière et l’application du Code pénal, dont de nombreuses dispositions violent la Constitution. Or, en matière d’infractions relatives à la presse, le recours aux décrets-lois 115 et 116 est impératif.

Rappelons que l’année 2014 était marquée par de nombreuses agressions contre les journalistes, surtout durant les deux campagnes électorales législatives et présidentielles ainsi que la disparition forcée des deux journalistes tunisiens en Libye Sofiane Chourabi et Nadhir Ketari. Nous notons aussi que le procès de Yassine Ayari est considéré comme une menace à la liberté d’opinion et menace la liberté d’information en Tunisie.

Alors que plusieurs journalistes et professionnels des médias restent intimidés par des procès ou par des agressions physiques et morales (comme ce fut le cas du secrétaire général de la HAICA, agressé par un inconnu dans son bureau), la crainte de voir les médias tomber sous la coupe des lobbies économiques et politiques demeure, à juste titre, très forte.