Le dernier numéro du journal « Attariq Aljadid » organe du parti « Attajdid » n’a pas été autorisé à la distribution publique cette semaine. Une semaine auparavant le journal « El Mawkif » organe du parti démocrate progressiste à été confronté à la même situation. Le forum démocratique pour le travail et les libertés s’est souvent plein lui aussi de voir le journal de son parti « Mouatinon » introuvable dans les kiosques à journaux après sa parution.

Le journal « Attariq Aljadid », comme le reste n’a fait officiellement l’objet d’aucune procédure légale de saisie, ainsi les partis d’opposition ont pris l’habitude de dénoncer des « saisie déguisés » que le ministre de l’intérieure à aussi pris l’habitude de démentir automatiquement. Des démentis qui se sont la plupart du temps accompagnée par l’apparition du journal en question, on ne sait par quel miracle, dans les kiosques des journaux. Ce fut le cas du journal n°121 d’Attarik el Jadid hier quatre jours après sa disparation. Il est à noter aussi que les médias nationaux ont de leurs coté pris l’habitude d’ignorer les communiqués relatifs à ces pratiques sauf à reproduire les démenties de « la source autorisé » diffusé par l’agence officielle TAP en réaction aux agences de presse internationaux qui l’ont fait.

Ces pratiques sont devenues courantes au point qu’ils se sont banalisés et ne prêtent plus à grande attention. Même autorisés à être distribué normalement ce genre de journaux ne sont pas souvent exposés sur le même plan d’égalité dans les étales des vendeurs ni disponibles partout a la disposition des lecteurs. Parfois, quand des militants ont pris l’initiative de distribuer directement les journaux de leurs partis, ils se sont trouvés confronté à une police qui n’a jamais manqué de subtilité pour les dissuader. En bref, il y a en Tunisie un problème de fond, de liberté de la presse et d’expression et de liberté d’accès à l’information.

Le pays continu à sombrer dans la médiocrité et la flagornerie généralisée, l’intérêt à la politique déjà au seuil plat est en train de disparaitre totalement. Le non droit prend assise et gagne du terrain dans des domaines de plus en plus importants reflété par un sentiment diffus d’arbitraire et de résignation.

L’hégémonie de la pensée unique, la censure et le déni de la liberté de la presse et de l’expression sont des problèmes chroniques en Tunisie qui ne date pas d’aujourd’hui. A force de chercher par tout moyen à les dissimuler on ne fait qu’apporter les preuves de leur importance et dévoiler la nature du faux unanimisme avec lequel on s’obstine à le cacher. Ciblant des journaux de parti officiellement reconnues et faisant partie intégrale du paysage politique tunisien le problème, engendré par ces manœuvres, dépasse de loin les simples entraves à la liberté de la presse et d’expression. En réalité ce qu’on met en question ce n’est pas la libre circulation d’un journal ou d’une idée mais la liberté d’action politique d partis politiques officiels et reconnus. Priver un parti de diffuser son journal, de trouver un local pour tenir ses réunion comme de la liberté de circulation de ses membres à travers le pays ce n’est ni plus ni moins autre que le condamner à l’inaction.

Ainsi nous nous sommes trouvé dans la situation unique dans le monde dans son genre ou les parti d’opposition sont soumis à la tutelle du parti du pouvoir, ancien parti unique qui n’a jamais compris le sens du pluralisme politique et de la différence entre diriger le pouvoir et diriger l’Etat selon son unique agenda. Pour gérer cette situation invraisemblable de système de parti unique avec présence de plusieurs partis d’opposition, Ettajamaa (RCD) s’est mis en dehors de la légalité par la manipulation des organes et des appareils de l’Etat pour appliquer ses visées. Une pratique qui à porté atteinte à la neutralité du pouvoir, de l’administration, de la justice et de la police et totalement défiguré le système républicain. Un pouvoir à l’intérieure du pouvoir et une opposition à la mesure du parti (RCD)et à sa merci.

Le dirigeant d’Ettagdid Ahmed Ibrahim a dénoncé dans sa conférence de presse du mercredi 1er avril “certains milieux du pouvoir“, qualifiés d’”éléments incontrôlables exhortant le pouvoir à “mettre fin à ces pratiques nuisibles au pays, et à la discordance entre le discours officiel et la réalité“. Ce discours semble constituer une nette remise en question pour celui adopté dans le communiqué de protestation diffusé par le parti un jour auparavant. Le directeur du journal Hichem Skik, rapporté par le journal « Le Temps » aujourd’hui est plus explicite sur l’origine de ce revirement : “Nous avons contacté des responsables au gouvernement ils nous ont dit qu’ils ne sont pas au courant de cette saisie. Quant aux responsables de la SOTUPRESSE ils sont aux abonnés absents. Il y a donc certaines parties qui ont une autorité occulte qui sont derrière ces agissements“. Peut-on lire la le reflet de l’embarras ressenti à l’intérieure même du pouvoir face à cette situation.

La question qui se pose ainsi concerne l’identification de ”ces milieux du pouvoir”, qualifiés d’”éléments incontrôlables” et qui constitueraient ”une autorité occulte” agissant en dehors des normes de la loi que le candidat d’Ettajdid stigmatise comme cherchant à ”imposer le black-out sur ma candidature à la prochaine élection présidentielle et me réduire au silence et empêcher les citoyennes et les citoyens de me connaître et de sympathiser avec mon programme de ferme opposition au pouvoir et à son parti”.

Le numéro 121 d’Attariq Aljadid dont il est question à choisi une manchette subtile pour sa première. En gras sur tout la largeur de la première page on peut lire « Je vais m’opposer d’égal à égal avec le candidat du pouvoir ». La formulation n’était certainement pas fortuite, en qualifiant le président Ben Ali de candidat du pouvoir fait purement et simplement radier d’entré le parti au pouvoir de la compétition. Le message codé semble dire aux apparatchiks du parti « vous n’êtes même pas digne de considération comme parti, vous n’exister que grâce aux pouvoir et dépende de son maintien ». La suite on la connait : même le pouvoir ne peu plus supporter le voyeurisme et les mépris de la loi de son parti.

Quelques jours auparavant le site du même parti relève avec dérision les propos d’un député RCD dans une interview accordé à un journal de la place. Répondant à une question sur son évaluation de son action au cours de son mandat et s’il considère qu’elle est en mesure de lui permettre le renouvellement de la confiance de ses électeurs ? le député répond spontanément que le renouvellement de son mandat ne dépend en fait que de la décision du Président ben Ali souhaitant avoir honoré la confiance qu’il lui a déjà accordé.

Yahyaoui Mokhtar
Tunis le Jeudi 2 avril 209