En attendant que le rideau s’ouvre, le public constitué en majorité de millennials s’impatiente. On entend la baguette du batteur sur la cymbale, les riffs du bassiste, derniers réglages avant la rencontre avec une salle enflammée. Après quelques minutes, une lumière synchronisée au rythme de la guitare électrique et de la batterie éclaire le rideau rouge de la salle de l’opéra qui s’ouvre lentement. Les cris dans l’audience s’élèvent. Tout le monde se lève, car le rock ne s’écoute pas assis.
Mahmoud Rdaideh, chanteur et fondateur du groupe, veste en cuir noir et guitare au cou se lance dans les premières chansons, les incontournables titres de l’album «El Makina», sorti en 2012. La voix de l’interprète fait chavirer les cœurs de ses fans qui le suivent à l’unisson à chaque “Ah ah ”. Arrive le titre “Yumain o Leila”, une ballade mélancolique délicieusement rock, dans les aigus à la Tom Yorke. Mahmoud Rdaideh nous raconte l’amour perdu et le manque. Les couples s’enlacent, les bras se lèvent, les corps basculent en arrière. Et on se rend compte que ce concert est plus qu’un live. C’est une trêve pour ces jeunes plus tout à fait jeunes.
Après l’amour, place à la colère. Parce que le rock c’est aussi du bruit et du headbang. Le chanteur lance “Asslema“ au public. 2000 voix lui répondent. Rdaideh enchaîne : “Ça fait sept ans qu’on n’est pas venu en Tunisie. Je vais vous chanter une chanson que vous aimez! Ready ?!“. Le morceau “Ashrar“ est lancé. Un titre politique qui dit “j’ai regardé les infos, je me suis endormi et j’ai rêvé que je tuais tous les méchants”. Il faut dire que le rock arabe des années 2000 a été l’un des bâtisseurs de la pensée politique chez les millennials. Et ce n’est pas un hasard que dimanche soir, c’était plus la réunion d’une communauté que celle d’une fan base. On était loin de la pop individualiste prônant le self empowerment et le twerk.
Pour finir en beauté, le groupe jordanien interprète le classique tunisois «Aman Aman Yalmani» sur fond de youyous lancés des balcons et des rangées orchestres. Le titre fait danser le public sur le rythme de la guitare électrique et de la darbouka. Et vous savez ce qui rendait ce live exceptionnel ? Il n’y avait pas 2000 smartphones en l’air en train de filmer, mais 2000 corps en train de guérir.
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