Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Les bêtes communément appelées escargots sont en fait des mollusques, c’est-à-dire animaux à corps mou, souvent couverts par une coquille calcaire. Certaines espèces sont marines (surtout celles à coquille constituée de deux valves symétriques, appelés Lamellibranches, mais pas uniquement), d’eau douce ou terrestres.

Parmi les escargots vivant en eau douce, certains peuvent transmettre une maladie parasitaire, la bilharziose, causée par la transmission de l’agent pathogène qu’ils hébergent. Dans les années 1980, la Tunisie a réussi à éradiquer cette maladie qui a longtemps sévi au centre et au sud du pays.

Les mollusques terrestres comprennent les escargots dont la coquille est unique, et les limaces qui ne présentent pas de coquille externe.

Les limaces se rencontrent surtout dans les jardins et les milieux présentant un important couvert végétal. On les voit en particulier après les pluies ou le soir, lorsqu’elles sont actives, sur un sol humide. Elles sont redoutées par les jardiniers qui leurs vouent une lutte sans merci. Elles se cachent pendant la journée dans le sol ou sous différents types d’abris (pierres, objets au sol, branches mortes…). Elles consomment des végétaux, mais aussi des champignons ou même de la matière organique morte (cadavres, crottes). Cependant, elles sont consommées par divers types d’animaux : oiseaux, musaraignes, hérissons, amphibiens, reptiles, insectes… Par l’utilisation des pesticides, les limaces se sont raréfiées, et ont même disparu de plusieurs sites.

Limaces

Concernant le reste des escargots terrestres, c’est-à-dire les plus communs parmi eux, couverts par une coquille unique, certains ont une importance économique et sont consommés par les humains, au moins dans certaines régions. D’ailleurs, des ramasseurs d’escargots sont relevés après chaque pluie, notamment en automne et en hiver.

En effet, les escargots ne sont actifs que pendant les périodes humides, globalement entre l’automne et l’hiver, mais parfois au printemps à la faveur des évènements pluvieux. Lorsque la sécheresse s’installe, ces animaux ferment l’ouverture de leur coquille par un opercule, un disque blanchâtre qui leur permet de s’isoler des chaleurs ambiantes. Ils passent ainsi la saison chaude collés à un substrat (plante, pierre….) et se réactivent lorsque la pluie tombe. C’est à ce moment que les ramasseurs viennent les cueillir pour les consommer ou les vendre sur les marchés.

L’escargot est hermaphrodite, c’est-à-dire que chaque individu possède deux appareils reproducteurs mâle et femelle. L’autofécondation n’est pas possible, et il faut toujours deux partenaires pour la reproduction. Les cellules sexuelles mâle et femelle ne sont pas mûres en même temps, et l’accouplement consiste en l’échange de spermatozoïdes qui sont stockés dans le corps de l’animal et assureront par la suite la fécondation des ovules à leur maturité. Les œufs sont déposés dans un sol humide où ils achèvent leur développement.

Ce sont les adultes qui sont ramassés pour être consommés. Si le ramassage a lieu avant la période de reproduction, le renouvellement des générations est alors compromis, notamment lorsque le nombre d’adultes prélevés du milieu naturel est important.

Les escargots terrestres peuvent se rencontrer dans une grande diversité d’habitats (forêts, prairies, steppes…). Leur présence est conditionnée par l’existence d’un couvert végétal duquel ils peuvent s’alimenter.

L’utilisation des pesticides dans les espaces cultivés a eu raison de plusieurs populations en raison de la sensibilité des escargots à ces produits.

Pour ce qui concerne la Tunisie, seules certaines espèces ont un intérêt économique : le petit gris (Cornu aspersum), l’escargot de Bourgogne (Helix pomatia), l’hélice tapada (Helix melanostoma) et la Mourguette de Provence (Eobania vermiculata). L’espèce la plus communément consommée en Tunisie est la Mourguette de Provence qui présente souvent une coquille blanche ornée par des raies parallèles de couleur marron.

La raréfaction des escargots n’est pas liée à un seul facteur. Parmi les facteurs expliquant cette raréfaction, citons :

  • La sensibilité aux pesticides utilisés notamment en agriculture,
  • L’allongement des périodes de sécheresse qui décime une partie des populations,
  • La collecte excessive des adultes en âge de se reproduire.
Mourguette de Provence

L’interdiction de ramassage des escargots entre les mois de mars et de mai par les autorités n’est pas respectée, et ne correspond pas nécessairement au cycle biologique des espèces, puisque leur saison de reproduction ne correspond pas à celle où l’interdiction est effective. Il serait préférable que la période d’interdiction de ramassage, mais également de vente corresponde à celle où ces animaux se reproduisent.

La rançon de l’exportation

L’élevage des escargots, destiné à priori à satisfaire les besoins de l’exportation plutôt que le marché national, devrait s’orienter vers ce dernier puisqu’il est la cause principale du ramassage des escargots dans certaines régions. Le ramassage en vue de l’exportation devrait, quant à lui, être interdit, pour améliorer l’état de conservation des espèces ciblées par la collecte.

L’énormité des volumes exportés (675 tonnes par saison au début des années 2000 selon l’APIA) souligne les pressions exercées sur les populations naturelles. Cette activité a besoin d’être encadrée par la loi, car à ce rythme et au vu des contraintes naturelles que subissent les populations d’escargots, le renouvellement des stocks est plus que compromis. D’autant plus qu’il apparait clairement que les volumes exportés ne proviennent pas uniquement des élevages.

Par conséquent, il est urgent d’évaluer l’état de conservation des populations naturelles des espèces d’escargots terrestres ayant une importance économique, aussi bien pour le marché national que pour l’exportation. Cette évaluation permettra d’avoir une idée précise sur l’état des populations et leur devenir, au vu des prélèvements dont elles sont objet et des contraintes naturelles qu’elles subissent (sécheresses prolongées, changements climatiques, utilisations des pesticides…).

Nous estimons nécessaire l’interdiction du ramassage des escargots de leur milieu naturel et de recourir à l’élevage pour satisfaire les besoins locaux.

Certaines actions méritent cependant d’être envisagées, notamment le renforcement de certaines populations naturelles, notamment celles qui vivent dans des zones favorables (telles que les steppes à Chénopodiacées et les abords des sebkhas) et, pourquoi pas, penser à la création de zones d’interdiction de ramassage, pour donner aux populations existantes, le temps de  se reconstituer.