Le plaidoyer de la cornemuse
Au-delà d’un fil conducteur faiblement politisé, on a eu droit à un tout autre duel : celui des bêtes de scène. Au fil des épisodes, stars montantes et étoiles filantes s’arrachent la vedette au grand plaisir des fanatiques du « madar ». En témoigne le crêpage de chignons, moult fois répété entre Najoua et Wassila. Avant que cette borgne ne finisse par triompher sur les planches… au royaume des aveugles. L’enchaînement pousse-au-crime des situations n’a pas manqué de mettre aux prises Brahim et Maher, Farah et Karim, Bringa et Habiba, Guennouj et Bradaris. En l’occurrence, Wajdi, remarquablement interprété par Aziz Jebali, repêché in extremis après une tentative de harga avortée, figure parmi les rares rescapés des luttes intestines et guerres fratricides.
Malgré la foudre vengeresse, bien présente à coup de regards courroucés et mâchoires serrées qui a meublé des pans entiers de la série, on ne peut qu’apprécier les intermèdes musicaux que le canevas de « Nouba » a réservé au Mezoued. Sans doute pour rendre hommage à ses ténors, mais aussi pour donner libre cours à la cornemuse d’égrener sa colère et ses états d’âme à plein décibels sur fond de zendali. Après être longtemps cantonnée chez une frange déclassée de la société. Et d’être restée l’apanage des laissés-pour-compte et des classes marginalisées. A cet égard, le florilège musical de Nouba nous prend aux tripes avec les titres d’anthologie de ce registre «roturier». Le tout, dans un produit réglé comme du papier à musique, au milieu d’un paysage télévisuel ramadanesque qui a crevé son bendir.
En dernière analyse, la chute du dernier épisode, où on voit Farah, Maher, Baba el Hedi et Basdig tortiller des hanches, réussit à elle seule à imprimer dans nos esprits l’image que Bouchnak fait sienne de son pays. Une Tunisie qui chante et danse contre vents et marées. Car amoureuse de la vie, comme tous les ôcheg. Fondu au noir.