Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Après celle des harragas dont beaucoup, malheureusement, terminent leur aventure avant de l’avoir commencée au fond des eaux profondes de la méditerranée, ce sont des milliers de hauts cadres (médecins, ingénieurs, chercheurs et enseignants de niveau universitaire) dont le pays a fort besoin pour faire face à ses multiples difficultés, qui décident de plier bagages et d’aller s’installer essentiellement en Europe, au Canada, aux pays du Golfe, voire ailleurs.

Face à ce constat amer, on est en droit de penser qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Ou bien, contrairement à ce qu’on a cru, la révolution n’était qu’une simple invention et une manipulation étrangère, comme le prétendent les tenants de la théorie du complot, ou bien n’ayant pas d’encadrement au départ, elle a été tout simplement récupérée et détournée de ses objectifs initiaux à tel point que plus personne (ou presque) ne s’y reconnait. Une troisième hypothèse, qui serait un mélange des deux autres, pourrait probablement s’avérer encore plus crédible : le contexte général de misère et de pauvreté, d’humiliations diverses et variées vécues sous l’ancien régime et le désespoir qui en est résulté ont fini par déboucher sur une réelle explosion sociale (ou une révolte spontanée) que des forces étrangères ont su immédiatement exploiter à des fins inavouées en s’appuyant sur des forces politiques locales (et ou rapatriées) prêtes à jouer le jeu pour confisquer cette révolution et lui donner une orientation différente de celle qu’elle devait avoir initialement.

Ce qui est sûr, toutefois, c’est qu’il est encore tôt ou prématuré pour avoir des certitudes à ce sujet et se faire une idée précise de la nature et des conditions de déroulement exactes de ce grand tournant qu’a connu la Tunisie un certain 14 janvier 2011. Seuls les historiens pourront, dans quelques années, nous éclairer de façon objective et vérifiable sur ce qui s’est passé. Aujourd’hui, en tout cas, ce qui est évident, c’est que les changements qui ont eu lieu ont complétement déstabilisé la Tunisie et les tunisiens, que la démocratie a été (et est encore) instrumentalisée par et au profit de forces rétrogrades et que le rapport de forces politiques actuel ne favorise en aucun cas l’assainissement de la situation.

Peuple et pays déstabilisés

Débarrassée donc de son dictateur depuis 7 ans, la Tunisie donne pourtant  l’impression de stagner et parfois même de frôler la catastrophe. Jusque-là, elle a certes évité le chaos des autres pays du mal-nommé « printemps arabe » et surtout  réussi en grande partie sa transition démocratique : adoption d’une nouvelle constitution considérée comme une des plus progressistes du monde arabe, élections législatives et présidentielles libres et transparentes…

Mais là où le bât blesse, c’est que la situation sur les plans économique et social ne cesse de se dégrader y compris par rapport à ce qu’elle était avant la révolution, à tel point que l’espoir du début est en train de céder le pas à une inquiétude de plus en plus répandue et ancrée dans les esprits. Cette situation qui fragilise et déstabilise tout le pays, n’est certainement pas le fruit du hasard. Elle résulte incontestablement d’un certain nombre de facteurs internes et externes qu’on peut énumérer comme suit.

  1. Révolution détournée de ses objectifs initiaux 

Quel que soit l’avis qu’on porte sur la révolution, il est incontestable (et il faut le dire sans détours) qu’elle a été très vite confisquée par les islamistes d’Ennahdha (avec la complicité d’autres forces rétrogrades) qui en ont dénaturé les objectifs initiaux. D’un soulèvement populaire à caractère social et politique autour des questions de l’emploi, la liberté et la dignité, on s’est retrouvé du jour au lendemain avec une remise en cause du « mode de vie social » des Tunisiens et des controverses périlleuses sur leur identité religieuse. Ce qui a contribué à brouiller le message politique, à diviser l’opinion publique nationale et à créer des tensions et tiraillements aboutissant, au final, jusqu’aux assassinats politiques.

En outre, depuis leur accession au pouvoir, à la tête de la Troïka dans un premier temps, puis associés à Nidaa Tounes dans un deuxième temps, les nahdhaouis et leurs alliés n’ont fait que transformer les priorités du pays et aggraver sa situation à tous les niveaux : les questions fondamentales qui étaient à l’origine de la révolution, (à savoir les difficultés économiques et sociales des Tunisiens et la situation des régions défavorisées) semblent avoir été reléguées au second plan et n’ont à ce jour trouvé aucune solution. Le plus urgent aux yeux des nouveaux dirigeants de la Tunisie, les islamistes, était (et est encore) de renforcer leurs positions dans les différents lieux du pouvoir, de mieux s’implanter dans tous les coins du pays et de distribuer le butin à leurs partisans, en leur octroyant toutes sortes d’avantages et de privilèges (comme les innombrables recrutements dans la fonction publique qui n’en avait pas besoin, ou les dédommagements de leurs militants qui auraient été emprisonnés sous la dictature).

Face à cela et profitant de leur acquis le plus important, la liberté d’expression, les Tunisiens ne ratent plus aucune occasion pour exprimer leur ras-le-bol, chacun à sa façon et selon sa position ou ses intérêts : en dehors de ceux qui ont exprimé leur mécontentement en quittant le pays, il y a épisodiquement d’un côté ceux qui manifestent de façon pacifique et qui sont généralement organisés et encadrés par des associations, des partis et/ou des syndicats et de l’autre ce qu’il convient d’appeler des « casseurs » qui profitent de l’occasion pour servir des intérêts personnels ou agir pour le compte de groupes politiques ayant des agendas inavoués, voire même pour préparer le terrain à des actions terroristes à venir.

  1. Régime politique hybride et improvisé

Devenu lui-même source d’affaiblissement de l’état et de conflits permanents entre ses principales institutions, le régime politique tunisien actuel montre de plus en plus ses limites et ses inconvénients : relations ambigües, voire antagonistes entre les deux chefs de l’Exécutif, instabilité gouvernementale récurrente, résultant d’une majorité parlementaire changeante et tributaire elle-même des intérêts des partis, etc…

En effet, en faisant passer le pays d’un régime présidentialiste (= déformation du régime présidentiel) incarné par les fortes personnalités de Bourguiba, puis du dictateur Ben Ali, à un régime improvisé et hybride qui n’est ni présidentiel, ni parlementaire, mais un peu des deux, l’Assemblée Nationale Constituante n’a fait que léguer à la Tunisie un système politique incohérent et qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

Plus proche toutefois du régime parlementaire, il semble avoir été choisi en dépit des risques connus de ce régime. Car les mauvais exemples de régime parlementaire ne sont malheureusement (ou heureusement ?) pas rares. Celui de la 4ème République en France reste, sans doute, le meilleur, mais pas le seul. D’autres exemples, plus récents, peuvent être cités, comme ceux de la Belgique, de l’Italie ou de l’Allemagne. Dans tous ces exemples, la principale caractéristique du régime parlementaire est sans doute son instabilité, puisqu’on assiste souvent à des assemblées où aucun parti n’a de majorité suffisante pour gouverner et où les alliances se font (et se défont) selon les questions et les circonstances ; ce qui crée inévitablement des blocages réguliers et une instabilité presque permanente au niveau des instances dirigeantes du pays. Mais, si des pays comme la Belgique ou l’Allemagne, peuvent rester plusieurs mois sans gouvernement, il n’est pas certain que la Tunisie où la démocratie n’est que naissante et balbutiante, puisse vivre la même expérience sans tomber dans des situations qu’il ne serait pas difficile d’imaginer.

Pour toutes ces raisons, le seul choix raisonnable, aurait dû être celui d’un régime présidentiel réel, mais revu et corrigé (empruntant si nécessaire au régime parlementaire ce qu’il a de mieux) tout en étant adapté à la situation de la Tunisie et à son histoire récente. Dans une telle hypothèse [et sans rentrer ici dans trop de détails techniques], le rôle du président de la République serait limité de façon précise et celui du parlement élargi et renforcé, de telle façon qu’un certain équilibre puisse être établi entre les deux. Avec en plus des moyens de contrôle réciproque efficaces entre l’exécutif et le législatif, le pays aurait eu ainsi un régime stable et une réelle séparation des pouvoirs.

  1. Mode de scrutin inadapté et de plus en plus contesté 

L’adoption par la Tunisie d’un mode de scrutin proportionnel (dans un premier temps pour l’élection des membres de l’ANC), pouvait à la limite se comprendre dans une phase de rédaction de la Constitution, car il était important d’assurer un maximum d’équité et permettre à l’ensemble des forces politiques et sociales (aussi minoritaires soient-elles) d’y participer. Mais, l’utilisation de ce même mode de scrutin aux élections législatives était une grave erreur car l’expérience nous montre qu’il ne pouvait que contribuer à effriter les voix des électeurs et empêcher ainsi la constitution d’une majorité franche capable de diriger le pays avec la cohérence et la sérénité requises. Et cette situation donne généralement naissance à des coalitions partisanes improbables, changeantes et tributaires des intérêts des partis qui la composent.

D’ailleurs les effets pernicieux de ce mode de scrutin sur les principales institutions de l’état et leur fonctionnement, n’ont pas tardé à nous donner l’ARP qu’on connait aujourd’hui : avec d’une part une majorité basée sur une coalition contre-nature et de l’autre une opposition divisée, inefficace et totalement impuissante. En plus et avec une telle configuration, au lieu d’être un appui au gouvernement et lui offrir une majorité de soutien, l’ARP est devenue au contraire un instrument de blocage et de perturbation de son action. Celle-ci est ainsi continuellement tributaire du bon vouloir des alliances précaires au sein de l’ARP et des intérêts de tel ou tel parti (voire des lobbies qu’ils peuvent indirectement représenter ou défendre) : en 7 ans, la Tunisie a eu sept gouvernements et il semblerait qu’on s’apprête probablement à en avoir un huitième. Tout cela n’est vraiment pas sérieux et il serait raisonnable et urgent, comme le proposent plusieurs constitutionnalistes de renom (dont Mrs Amine Mahfoudh, Sadok Belaïd, Rafaa Ben Achour …), de revenir à un mode de scrutin majoritaire, qui a au moins l’avantage de conduire le plus souvent à l’apparition d’une majorité stable et d’une opposition efficace (comme dans le cas de la Vème République en France).

Démocratie instrumentalisée

En règle générale, les régimes démocratiques sont ceux qui garantissent le mieux aux citoyens d’une nation une participation directe ou indirecte à l’exercice du pouvoir politique dans leur pays et les prémunissent contre toute forme de despotisme. Sauf que l’histoire nous apprend aussi que les exceptions font parfois la règle et que ce ne sont pas les exemples allant dans ce sens qui manquent. Il est ainsi bien connu qu’en faisant semblant d’en être les adeptes, les régimes autoritaires peuvent, en cas de besoin, se servir de la démocratie (qu’ils détestent en réalité) juste pour accéder au pouvoir et se prévaloir par la suite d’une légitimité populaire issue des urnes qui leur donnerait la possibilité et le droit de tout faire (sans qu’on ne puisse rien leur reprocher). C’était le cas avec Hitler en Allemagne, Mussolini en Italie, ou encore les islamistes en Algérie. Et c’est aujourd’hui, malheureusement, le cas en Tunisie avec les islamistes d’Ennahdha.

Ce qui est certain aussi, c’est que dans n’importe quel pays, les périodes de crise économique, l’absence d’une réelle tradition démocratique comme le manque de conscience ou de formation politique d’une bonne partie des électeurs facilitent généralement l’apparition de ces « monstres » et leur donnent l’occasion et la possibilité de disposer d’un pouvoir pratiquement sans limite. C’est, d’ailleurs, exactement dans ce genre de conditions que les islamistes tunisiens ont pu, à la suite des premières élections libres et démocratiques de 2011, devenir la première force politique du pays. Or, rien que par leur soutien inconditionnel et déclaré aux agissements totalitaires et aux plans obscurantistes d’Erdogan en Turquie, ils montrent, une fois de plus et à qui en douterait encore, leur vrai visage et le modèle auquel ils aspirent, contrairement aux prétentions fallacieuses de « transformation de leur mouvement en un parti politique modéré, “civil”, rompant avec l’islamisme politique » et on ne sait quels autres mensonges présentés lors de leur Xème congrès (20 et 21 mai 2016 à Hammamet).

Il suffit d’ailleurs de lire les aveux de l’un de leurs dirigeants, qu’on nous présente souvent comme tolérant et modéré, pour connaître leur réelle identité et ce à quoi ils veulent mener le pays. Parlant justement de la soi-disant « légitimité » du pouvoir d’Ennahdha suite aux élections qui ont eu lieu en Tunisie après la révolution, Abdelfattah Mourou déclare dans un discours prononcé lors d’une rencontre internationale des affiliés aux Frères Musulmans ce qui suit :

«Nous sommes les enfants d’une majorité qui a voté pour nous. C’est pourquoi nous nous attachons à notre légitimité vis-à-vis de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Et la raison de cela, c’est que nous pensons que nous avons là une occasion unique d’exercer le pouvoir et qu’elle ne se renouvellera pas. Tout ce que nous avons gagné pourrait s’évaporer si nous décidions d’abandonner les rênes du pouvoir qui sont aujourd’hui entre nos mains. Or, nous ne sommes pas des naïfs au point de laisser ce pouvoir à nos rivaux et attendre qu’il y ait un éventuel consensus entre eux et nous. Nous tenons à nos postes et nous ne permettrons pas à d’autres de nous les disputer (ou de les partager avec nous). Et ce raisonnement tient au fait que nous avons acquis la conviction et le sentiment que l’islam que nous voulons ne peut exister que par l’intermédiaire de l’état. Et nous pensons fermement, en s’appuyant sur notre longue et dure expérience historique de 10 ou 11 siècles, que l’islam ne pourra exister que par la répression exercée par un chef autoritaire ayant un pouvoir despotique ; et que ceux qui ne sont pas contents de notre islam et de nos pratiques ont besoin d’un chef fort et tyrannique pour les dévoiler et les exterminer. C’est pourquoi, nous tenons à mettre en place cet Etat répressif qui permettra l’application de l’islam et imposera la Chariaa par l’intermédiaire d’un chef qui dirigera le pays et les gens par la force et la répression ».  

Comme on peut le constater, ce discours a l’avantage d’être tellement clair et direct qu’il ne laisse place à aucun doute sur la conception que les islamistes tunisiens ont de l’exercice du pouvoir politique et de la démocratie.

Rapport de force défavorable à l’assainissement de la situation

Redresser la situation du pays est donc devenue une tâche urgente et nécessaire, malgré ou à cause de ce parcours semé d’embûches depuis le déclenchement de la révolution. Tous les observateurs et experts (locaux et étrangers) ne cessent de le répéter, la situation du pays en général ne supporte plus aucune attente. Il est plus qu’urgent de procéder à un effort de redressement à tous les niveaux et notamment sur les plans économique et social. Seulement pour y parvenir, la Tunisie a besoin d’un pouvoir ayant une réelle volonté politique pour aller dans ce sens et un minimum de stabilité au niveau de ses principales institutions. Or, malgré ses prétentions, l’actuelle majorité politique au pouvoir, à savoir Ennahdha et Nidaa Tounes, ne semble pas du tout préoccupée par un tel objectif. Au contraire, ses deux composantes multiplient les manœuvres pour renforcer leur propre pouvoir dans toutes les régions du pays et s’assurer une mainmise sur l’ensemble des rouages de l’état (ou ce qu’il en reste), afin d’avoir les mains libres pour servir les intérêts de leurs partis respectifs et les forces occultes qu’ils représentent.

En face de cette majorité (imposée au corps électoral), il n’y a aucune opposition digne de ce nom, mais une multitude de petits partis sans aucune représentativité effective ou poids réel et qui ne servent qu’à se donner en spectacle, soit sur les plateaux de télévision, soit au sein du l’ARP, où leurs députés transforment régulièrement les séances plénières en un show théâtral désolant, avec des querelles et des mascarades à répétition. Le plus regrettable dans tout ça, c‘est que les forces progressistes tunisiennes (qui pourraient normalement constituer une alternative efficace) continuent à montrer leur incapacité à agir ensemble, en regroupant leurs forces et compétences au sein d’une seule et unique structure dont la forme et le leadership, au final, importent moins que l’objectif recherché. Malheureusement donc, le rapport de forces actuel en Tunisie reste largement en faveur de la majorité au pouvoir. Ce qui ne peut que compliquer toute tentative d’assainissement de la situation dans sa globalité et exposer le pays à tous les risques possibles et imaginables.

Aujourd’hui, on a vraiment envie de savoir de quelle révolution on parle encore. Celle tout-à-fait légitime qui a été menée sur la base des mots d’ordre « liberté, dignité et emploi », par une jeunesse et des régions entières honteusement appauvries et marginalisées, ou celle que les islamistes cherchent à nous imposer, en nous ramenant des siècles en arrière, à l’ignorance, l’obscurantisme et la soumission, au nom d’un islam dont ils revendiquent le monopole et qu’ils ont dénaturé et transformé en un fonds de commerce ? Voilà un débat sur lequel il serait complétement inutile de s’attarder, tellement les réponses sont évidentes. Il suffit pour cela de lire les journaux, de se promener dans les rues ou d’aller dans quelques familles tunisiennes pour s’en rendre compte et découvrir l’état de délabrement du pays et le sentiment de déception et de désespoir répandu chez les gens. 

Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le parti islamiste Ennahdha (qui est à l’origine de cette situation) n’est pas le seul et unique responsable. Nous tous, Tunisiennes et Tunisiens, assumons aussi une part importante de cette responsabilité. Car, le parti Ennahdha n’a et ne peut avoir de puissance que celle qu’on lui donne par nos propres voix ou notre abstention lors de toutes les échéances électorales. Ne pas voter pour les listes de ce parti, à commencer par les élections municipales à venir, c’est le réduire à sa juste valeur. C’est aussi l’empêcher de continuer à nuire à la Tunisie et de nous imposer ce qu’Abdelfattah Mourou lui-même nous a annoncé sans vergogne, à savoir un Etat despotique et la répression d’un tyran. Il serait, tout de même, dommage d’avoir « dégagé » une dictature pour, en fin de compte, la remplacer par une autre. La Tunisie n’a besoin ni de Ben Ali, ni de Ghannouchi et de ses acolytes. Elle doit rester fidèle à son histoire, à l’esprit réformiste et progressiste de ses premières années d’indépendance et préparer à sa jeunesse un avenir de progrès, de démocratie et d’ouverture sur le monde.