Contactée par Nawaat, la cheffe de mission de l’OIM en Tunisie, Lorena Lando explique cet arrêt par l’absence de budget destiné à une aide d’urgence : « 30 personnes ne déclenchent pas de moyens économiques ‘façon crise’ comme on le fait dans d’autres pays de la région. Nos fonds sont basés sur des projets, mais pour la nourriture par exemple, la Tunisie n’entre pas dans ce cadre de réponse aux urgences ». Le Croissant Rouge Tunisien (CRT), qui dispose d’un mandat de volontariat dans leur cas, a également arrêté de fournir repas et aide sociale 3 mois après l’arrivée des exilés à La Marsa. Selon Wajdi Ben Ahmed, médecin chargé du dossier au CRT, « ce sont les autorités à travers le Ministère des Affaires Sociales, qui sont en train de faire la distribution de nourriture ». Mais depuis le désengagement des organisations, personne n’a pris le relais.
Réfugiés sans statut : l’UNHCR ne reconnaît pas d’erreurs
Ils étaient plusieurs centaines de milliers à avoir fui la Libye pour Choucha en 2011. Parmi eux, beaucoup de migrants travailleurs, qui ont pu ensuite retourner dans leurs pays d’origine. L’UNHCR indique avoir alors identifié 4500 demandeurs d’asile et réfugiés, dont 3800 ont pu démarrer une nouvelle vie à l’étranger. A La Marsa, 4 personnes ont également obtenu ce statut, mais ne bénéficient pas de programmes de réinstallation ni d’aide matérielle ou financière. Les 30 autres, déboutées, estiment qu’il y a eu des erreurs lors de leurs entretiens individuels avec les officiers de protection de l’UNHCR, une position soutenue par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) depuis 2012.
Pour Nebil Benbekhti, administrateur principal de l’unité de protection du l’UNHCR à Tunis interrogé au sujet d’éventuelles erreurs, « ça reste à prouver et ça n’a pas été fait ». Seulement quelques dossiers sur les 30 refus contestés ont été vérifiés au sein même de l’agence onusienne, sans réexamen approfondi en présence de la personne concernée, ni possibilité d’autre recours. Les besoins de protection sont établis lors des entretiens, explique Nebil Benbekhti, notamment à la lumière « des situations dans les pays d’origine, qui peuvent être de notoriété publique. Par exemple à Choucha, il y avait des Somaliens, des Erythréens, des Soudanais, qui viennent de pays où il y a des situations tout à fait génératrices de réfugiés et qui ne sont pas les pays d’origine des personnes de La Marsa ». Mohamed est pourtant originaire du Darfour au Soudan, où les violences avaient entraîné 2,4 millions de réfugiés et plus de 300 000 morts lorsqu’il a fui son pays. Il ne connait pas les raisons du refus de sa demande d’asile, mais Mohamed considère qu’ « il y a eu de très mauvaises interprétations » lors de son entretien.