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Dans deux mois, exactement le 6 mai, les électeurs tunisiens seront appelés à faire le bon choix pour les municipales. Car un peu partout dans le monde, les élections communales ont toujours réservé de mauvaises surprises en matière de gouvernance locale. Si la Tunisie, sous la férule de son jeune Premier ministre, Youssef Chahed, le gouvernement a annoncé depuis quelques mois une guerre contre la corruption, la politique à l’échelle locale peut, parfois, rimer avec pots-de-vin et malversations occultes. On n’invente rien ! Il suffit de taper sur Google les mots clés suivants: “maires”+ “corruption”+”Prison”. Et vous allez être surpris par la longueur de la liste.

Nous commençons notre “CorruptMayor’s tour” par le plus célèbre d’entre eux: l’ancien Premier ministre de l’entité sioniste, Ehud Olmert. Au pouvoir de 2006 à 2009, il a été condamné en 2012 à un total de 2 ans et 3 mois de prison: 18 mois pour des pots-de-vin touchés dans le cadre du pharaonique projet immobilier Holyland à Al-Qods, lorsqu’il était maire de la ville entre 1993 et 2003, 8 mois pour fraude et corruption, et 1 mois pour entrave à la justice. En 2014, son successeur à la tête de la Ville-Sainte (de 2003 à 2008), Uri Lupolianski avait été, également, condamné, dans la même affaire, à 6 ans de prison ferme pour corruption.

En France, l’« Affaire Dauphiné News » a abouti à la condamnation, le 9 juillet 1996, par un arrêt définitif de la chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Lyon, de l’ancien maire RPR de Grenoble de 1983 à 1995, Alain Carignon, à 5 ans de prison (dont 1 an avec sursis), 5 ans d’inéligibilité, et 400 mille francs d’amende pour corruption, abus de biens sociaux, et subornation de témoins. Et l’exemple du ministre délégué à l’Environnement du gouvernement Chirac, puis, ministre de la Communication du Gouvernement Balladur de 1993, n’est pas un cas isolé au sein de l’Union européenne.

En 2013, la justice grecque avait condamné l’ancien maire de Salonique, deuxième ville du pays, Vassilis Papageorgopoulos (parti Nouvelle démocratie) à la prison à vie pour détournement en 10 ans de 18 millions d’euros, une somme qui aurait dû être versée comme cotisations sociales. D’ailleurs, l’ancien secrétaire général de la mairie et l’ex-trésorier ont également été condamnés à la perpétuité.

Toujours dans le vieux Continent, et plus précisément en Macédoine, après plusieurs ajournements, le procès du chef du gouvernement, Zoran Zaev, accusé d’avoir touché un pot-de-vin d’environ 160 mille euros en 2013 quand il était le maire d’une ville, s’est ouvert, le 6 mars 2018, devant un tribunal de Skopje.

En Amérique centrale, la justice de la République Dominicaine, a aussi frappé fort en condamnant, en décembre 2017, l’ex-maire de San Francisco de Macoris, Félix Manuel Rodríguez, à 5 ans de prison pour le détournement de quelques 400 millions $RD. L’ancien édile de la capitale de la province de Duarte a aussi été contraint de rembourser à la ville 5 millions $RD.

Enfin, en Chine, la campagne d’assainissement de l’administration menée par Xi Jinping, a fait chuter deux ex-maires pour corruption. Le premier n’est autre que l’ancien maître de la métropole chinoise de Nankin, Ji Jianye, alias « le bulldozer », condamné, en 2015, à 15 ans de réclusion pour corruption. Un deuxième responsable chinois, Huang Xingguo, ancien chef par intérim du comité du Parti Communiste pour la municipalité de Tianjin et maire de la ville, a été condamné en septembre 2017, à 12 ans de prison pour avoir accepté des pots-de-vin d’un montant de plus de 40 millions de yuans (6 millions de dollars).

En somme, la municipalité est susceptible de constituer une véritable source de tentation de corruption. Voici les électeurs avertis. Ne leur reste plus qu’à faire le bon choix.