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Par Houssem Hablani

Mon cher successeur 2017,  voilà que tu te prépares à prendre le fardeau d’une humanité pleurnicharde qui ne peut jamais être satisfaite et qui ne cesse de nous accuser, nous les représentants de la durabilité du temps éternel, d’avoir causé ses malheurs ou ses bonheurs. Je t’informe, toi le nouveau-né, et je te préviens, ne sois pas porté par le zèle et la volonté, et cela dans toutes les périodes de ton âge sacré, que tu sois jeune ou vieux, sois toujours raisonnable. Car quelle que soit la bonne conduite que tu veux exiger, l’être humain est toujours un voyou ingrat qui consume la flamme de la bougie par son propre souffle et accuse par la suite le vent de l’avoir consumé. Sache que ce vaurien est incapable d’assumer ses responsabilités en bien ou en mal, il fait tout pour se détruire et, au lieu de se châtier, il te châtiera d’avoir été le porteur de la malchance. Sois sûr que quoi que tu fasses pour corriger ses erreurs commises précédemment, il en commettra de plus graves prochainement.

Mon cher et innocent successeur, je te défends de lui sourire et de le servir, car tes sourires seront des larmes et tes services seront inutiles devant l’ingratitude habituelle du genre humain. Garde ta bienveillance et ne l’accorde à aucun, sauf aux nouveau-nés, qui sont comme toi innocents et chers. Méprise les vœux et rejette les souhaits, et ne cède jamais aux impérissables implorations, car l’être humain est un profiteur : il t’implore aujourd’hui et il te fouettera demain.

Mon cher, depuis les ans anciens qui sont nos aïeux, l’être humain n’a pas eu honte d’incriminer le Destin, notre premier père, et de le considérer comme l’unique coupable de malheur et de méchanceté dans cette vie qui est notre mère. Il est récurrent que l’être humain oublie que nous ne sommes, toi, moi, le Destin et la Vie, que des témoins, des spectateurs… nous incarnons seulement la simple réalité fluide. Sois vigilant, ignore les propos inutiles que tu entendras… L’être humain va annoncer ta naissance par les plus belles fêtes, les plus délicieux des gâteaux et les plus fraîches des boissons. Il va féliciter ton arrivée par la lumière et la musique, il va te porter sur ses épaules et te faire danser, il va stimuler ton désir par tous les caprices inattendus, mais je te demande de ne pas céder à ces jeux car, aux premiers dénuements qu’il rencontrera, il va t’insulter et t’injurier comme un bâtard qui ne mérite pas la vie et il attendra avec impatience ta mort.

Mon cher nouveau-né, si je t’écris ces mots aujourd’hui, c’est parce que je suis ton prédécesseur, j’ai vécu 12 mois et pendant mon voyage éphémère depuis ma naissance jusqu’à ma mort qui aura lieu cette nuit, j’ai connu la nature humaine dans toute sa nudité. L’ être humain, qu’il soit riche ou pauvre, indemne ou malade, joyeux ou triste, en paix ou en guerre, n’ose point dire qu’il est le coupable et le responsable de sa condition. Car s’il ya des guerres, c’est parce que l’être humain l’a voulu, et s’il ya de la pauvreté, c’est parce qu’il a semé l’inégalité et l’injustice de par son égoïsme et sa jalousie. Pendant toute ma durée de vie, j’ai appris une leçon fondamentale : « l’être humain n’est autre que le destructeur de lui-même ». Et s’il veut vivre et construire vers le bien de son être, il doit cesser de se lamenter et de jeter ses fautes sur le Destin, la Vie et les Ans. Il doit prendre les mesures qui s’imposent et apprendre à se diriger : à ce moment-là il pourra vivre comme le seul responsable de lui-même.
Voilà, mon aimable successeur, ce sont des mots en or que tu dois comprendre avant qu’il ne soit tard, avant de finir ta vie dans la nostalgie et la tristesse.

Ton prédécesseur, l’An 2016.