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Photo d’illustration : Des écoliers à Ras Jebel, par Citizen59, wikipedia.
Lettre ouverte à Mr. Le Ministre de l’Éducation,
Ce qui va mal avec le système éducatif tunisien et comment y remédier.

Prenez un élève, n’importe lequel. Assenez lui, en moyenne, 8 heures de cours intensifs et surchargés par jour, à raison de 5 jours par semaine. Sachant que l’individu moyen cale au bout de 45 minutes de cours et passe le reste à observer les mouches ou à braver l’autorité de son professeur, calculez le temps et la santé mentale perdus en l’espace d’une semaine.

Si, en plus, on considère les heures de cours absolument inutiles, le compte s’élève à plusieurs années de nos existences.

Pour ne prendre qu’un exemple de cours inutiles, considérons le programme d’informatique des années lycée. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de nous justifier pourquoi exactement étudions-nous Turbo Pascal* ? Une solution à ce problème particulier serait de moderniser nos cours, en général, et ceux d’informatique en particulier. Le langage C serait une excellente alternative. Un travail graphique et linguistique qui va avec l’ère du temps et dont l’apprentissage dès le plus jeune âge permettra à l’élève de programmer de lui-même, instaurera le sens de la créativité et de la productivité et nous sortira du simple rang de consommateur qui a toujours été le nôtre.

Voilà ce qui nous ramène aux cafés du départ.

Il est évident qu’un enfant qui s’ennuie et à qui on inculque des leçons qu’il n’utilisera jamais (ainsi que des cours qui ne débouchent nulle part) ne verra jamais l’utilité de venir en classe. C’est plus « fun » d’aller se faire une bière devant le lycée ou une cigarette au café du coin. De toute façon, « ceux qui ont étudié sont morts ».

Ainsi, on tombe dans la médiocrité de pensée. L’ennui étant le père des grands maux et la perte d’initiative le propre des peuples sous endorphine, achevés par la conviction que nos diplômes ne mènent nulle part, nous finissons par peupler les cafés populaires et inonder le monde sous le flot incessant d’« express ya m3allem (يا معلم ) ».

Mais rendre les cours au goût du jour et réduire le temps des études n’est pas suffisant pour instaurer l’esprit d’entrepreneuriat chez l’élève.

Non, pour entreprendre, il doit être encadré, il doit vivre le moment d’initiative, exposer des idées et les voir germer et fleurir ! L’élève a besoin de clubs, de travail associatif et de travail organisationnel, mais il n’ira pas les chercher de lui-même, parce que ces mots font peurs.

Alors, messieurs dames du ministère, voilà l’idée : Réduisez (et allégez) les heures de cours et faites en sorte que ces associations scolaires (oui, associations, non pas clubs. J’y reviendrai.) soient obligatoires. Pas d’examens ou de devoirs, juste une présence obligatoire et un rapport d’activité décent en fin d’année.

Ce rapport d’activité décent comportera à la fois des activités internes à l’établissement scolaire (journées portes ouvertes, expositions, excursions… )et d’autres à portée sociale qui viseront au développement de la région (campagne de propreté, campagne de sensibilisation, action sociale en partenariat avec des associations et organisations en dehors du cadre éducatif…).

Bien sûr tant d’activités requièrent de l’argent et pour subvenir à leurs besoins, la caisse scolaire ne sera pas suffisante. D’où, le besoin du statut d’association car une association peut, contrairement à un club, profiter du sponsoring de sociétés externes et non plus seulement compter sur l’argent public.

L’élève aura deux ou trois associations (selon la proximité du lieu de vie de l’élève ) auxquelles il devra adhérer, dans 3 domaines différents relevant respectivement des arts/sciences sociales, des sports, et des sciences justes, et ce, suivant son propre choix.

Ces associations seraient sous la tutelle d’un professeur sans qu’elles ne soient obligatoirement en rapport avec son domaine d’enseignement. Du moment qu’il présente une passion pour le sujet, fût-il un professeur de maths amoureux d’Histoire, il sera capable de fournir à l’élève l’information, l’encadrement, et la passion pour que tous deux s’épanouissent.

Ce terrain de créativité et d’entrepreneuriat, en plus de garantir –directement ou indirectement- un développement social régional, laissera germer chez le jeune le sens de l’initiative. Et avec un peu de chance (et beaucoup d’analyse psycho-sociale), on peut s’assurer que ce jeune commencera à s’ennuyer de ses cafés.

NB : Turbo pascal, définition : logiciel tellement dépassé qu’il n’est même plus compatible avec nos systèmes d’exploitation.