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Capture d’écran : édition du 22 février 2015 de l’émission de divertissement « Labes » d’EL Hiwar Ettounsi.

Et voilà qu’El Hiwar Ettounsi Tv récidive. Après le numéro de « Liman Yajroô faqat » du 22 février (lire notre article), l’émission de divertissement « Labes » a invité, dans la soirée de samedi dernier, Seif Trabelsi. Ce n’est plus en tant que neveu de Leila Ben Ali et frère d’Imed Trabelsi qu’il est convié. Il est plutôt présenté par l’animateur comme « artiste ». Le rebranding se poursuit. Leurres, copinage et arrangements.

C’est en suivant Samir El Wefi dans ses maladresses professionnelles, sa légèreté et son attachement à ce qu’il qualifierait de « l’école du buzz » que Naoufel Ouertani a conduit l’interview. « Il a fait un buzz quand il a parlé de politique pour la première fois mais c’est aussi un artiste qui a des nouveautés et qui donne des concerts », ainsi présente-t-il son invité. Pourtant, aucun des agendas culturels proposés par les médias tunisiens n’informe sur ces concerts. Google n’en sait rien. Deux autres moteurs de recherche non plus. Ni en arabe ni en français d’ailleurs. C’est tout simplement parce que Seif Trabelsi ou « Seif Baraket », comme il se fait appeler en Egypte n’a pas récemment donné de concerts et n’a pas de dates prévues non plus.

« Artiste », un alibi fallacieux

L’alibi, avancé par Ouertani et censé lui servir d’accroche d’actualité justifiant l’invitation, ne tient pas. C’est tout simplement un leurre. L’invité, lui-même, tend à le confirmer en déclarant qu’il « vit du commerce » et non pas de la musique. D’ailleurs, ce traitement de faveur se manifeste clairement quand l’émission propose aux téléspectateurs un extrait d’une chanson de Seif Trabelsi. Son année d’enregistrement ? 2010. Cinq ans sont amplement suffisants pour que ce morceau devienne dépassé. Et c’est face à un animateur qui multiplie les railleries sur la voix de l’invité que ce dernier dévoilera une des motivations de son interlocuteur : le copinage. « Je suis venu à ton mariage », lance Seif Trabelsi. Un aspect que l’animateur affirme, plus tard dans l’émission, en disant : « Je te connais Seif. Tu es quelqu’un de bien et de rigolo ».

Les arrangements Wefi/Trabelsi

Samir m’a dit que Seif n’a dit que 20% de ce qu’il sait. S’il aurait tout dit, le pays aurait été chamboulé, avance Ouertani dans la même émission.

Pourquoi un animateur adepte de ce qu’il appelle « l’école du buzz » se contenterait des « 20% » ? La réponse ne tarde pas à venir. En parlant des médisances contre lui après son passage dans « Liman yajroô faqat », Seif Trabelsi a évoqué celles des membres de la famille d’un homme corrompu gardé sous couvert d’anonymat. « Pourtant, son nom n’a pas été cité. Il (Samir) m’a dit que cette personne a déjà purgé sa peine. Pas la peine de parler de lui. Et j’étais d’accord », affirme l’invité. Une séance de préparation a donc précédé l’émission. Seif Trabelsi n’était pas un simple invité. Il intervenait carrément dans le contenu éditorial.

La cerise sur le gâteau est posée par l’animateur. A la fin de l’interview, Ouertani annonce la fin d’une phase importante du rebranding : « Nous ne parlerons de toi dorénavant que quand il s’agit de tes activités artistiques. J’ai classé l’autre histoire ». La douche est finie. Seif Trabelsi peut se rhabiller. Il a été lavé de ses pêchés par le saint pouvoir de Ouertani et d’El Hiwar Ettounsi Tv.