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BusinessNews-essebsi

La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. Noam Chomsky.

Nizar Bahloul devrait vraiment contempler cette phrase car, volontairement ou involontairement, il est passé maître dans l’art de la propagande. En effet, Nizar Bahloul est loin du journalisme où c’est uniquement la vérité, l’intégrité et la loyauté aux citoyens qui dictent la ligne éditoriale, mais il est plutôt dans le cas où l’on vient avec un parti pris et un socle de croyances dogmatiques que l’on s’efforce de justifier en tordant, en déformant et en triant sur le volet les faits.

Sur son journal « Businessnews », qui aurait dû être plus justement appelé « PropagandeNews », lui et son équipe, à force de nous chanter les louanges de Béji Caid Essebsi (BCE) et de Nidaa à longueur de journée, par moment, on ne peut s’empêcher de se demander si l’on n’est pas sur la page officielle de la compagne électorale de BCE ! D’ailleurs, durant les trois dernières années, il n’y a jamais eu aucun article qui dit du bien de la Troïka. Absolument aucun !

Et c’est pareil pour Moncef Marzouki. On ne lui accorde même pas le bénéfice du doute sur tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a dit. Par contre, on n’est absolument pas gêné d’effacer et d’occulter systématiquement et méthodiquement ses longues années de militantisme contre la dictature, pour ne s’attarder que sur des détails qui, une fois pris dans leur contexte, sont extrêmement insignifiants. A ce point Moncef Marzouki est un schizophrène qui, après avoir passé sa vie à combattre la dictature et à prêcher la démocratie, deviendra lui-même un dictateur et un extrémiste une fois au pouvoir ? Allons Nizar Bahloul; donnez-moi un peu de répit !

Le comble de l’ironie c’est qu’au lieu de se lamenter sur le fait que nous avons raté une occasion historique pour jeter les bases d’une vraie tradition démocratique dans notre pays, Nizar Bahloul s’adonne à ses impulsions propagandistes et essaye longuement de nous justifier pourquoi BCE avait raison de refuser le débat avec Marzouki. En venant de la part d’un journaliste qui aurait dû faire preuve d’un meilleur jugement, cette prise de position est doublement écœurante et choquante et elle devrait, à elle seule, suffire pour le disqualifier à jamais du camp des journalistes impartiales et intègres.

En effet, de par sa mission et sa vocation, un vrai journaliste ne peut, en aucun cas, être du côté de ceux qui s’opposent au débat et à la discussion et il ne doit jamais adopter la rhétorique politicienne derrière laquelle se cache tel ou tel candidat, et ce, quelles que soient les circonstances.

Pour revenir sur le « pourquoi » de ce refus, qui a été farouchement défendu et justifié par Nizar Bahloul, il est évident que l’explication avancée est basée sur un argument totalement fallacieux. En effet, pour échapper à cet exercice démocratique et par crainte d’y laisser quelques plumes, BCE s’est contenté de faire le parallèle entre [Marzouki vs BCE] et [Le Pen vs Chirac]. Le problème c’est qu’au mieux il s’agit là d’un mauvais exemple pour ne pas dire que la comparaison est fondamentalement erronée.

En 2002, la démocratie française était déjà bien rodée et donc, le fait de « zapper » un débat était beaucoup plus une manœuvre électorale de la part de Chirac qu’autre chose. Par contre, dans notre cas, la démocratie est toujours un « work in progress » dont on n’est même pas certain qu’il verra le jour. Justement, devant le retour en force des ex-RCDistes, beaucoup de citoyens, y compris moi-même, ont des craintes légitimes que cette longue et douloureuse période de gestation se solde par une démocratie mort-née. Ainsi, contrairement au contexte français de 2002, l’urgence en Tunisie est d’instaurer les traditions démocratiques et c’est pourquoi il aurait été plus patriotique (puisque Mr Bahloul nous donne des leçons de patriotisme !) d’organiser cette rencontre, ne serait-ce que pour jeter les bases du débat démocratique et pour créer un précédent.

Cela étant dit, peu importe ce que Nizar Bahloul et les Nidaaistes disent, il est clair qu’en refusant le débat, BCE prouve, une fois de plus, qu’il n’a rien compris à la démocratie et qu’il ne fait que se cacher derrière l’image que lui a soigneusement toiletté Karoui&Karoui. Quant à Nizar Bahloul, fidèle à ses convictions et à sa ligne éditoriale propagandiste, il a sauté sur l’occasion pour enfoncer davantage le clou tout en ratant une occasion pour nous montrer qu’il lui reste quand même les réflexes d’un vrai journaliste impartiale.

Mais malheureusement, en ces temps de clivages et de polarisations politiques, il me semble que Nizar Bahloul, motivé et habité par je ne sais quelle cause, n’est même pas intéressé par le journalisme impartial et équilibré. Peut-être que pour lui ce genre de journalisme est beaucoup trop ennuyeux et qui, par-dessus tout, ne permet pas de générer des revenus via les « Ads » publicitaires. En effet, il ne faut pas perdre de vue que Businessnews est, avant tout, une entreprise qui cherche forcément à maximiser ses profits. Ainsi, le sensationnalisme journalistique, qui y est pratiqué à tout-va, apparaît comme la stratégie commerciale optimale adoptée par Nizar Bahloul pour capter des parts de marché. Après tout, le client (lecteur) est roi et le but est de satisfaire par tous les moyens ce client (lecteur) avide d’arguments populistes bien « packagés » qui résonnent parfaitement avec ses croyances politiques.

Quoi qu’il en soit, en Tunisie post révolutionnaire, Nizar Bahloul a parfaitement le droit de pratiquer le journalisme qui lui convient. Toutefois, il est important de rappeler que, ce droit, il ne l’a pas obtenu en servant de Pluvian d’Egypte pour les Taycoons de l’ancien régime, mais plutôt grâce aux sacrifices des centaines de martyres qui sont tombés pour qu’il puisse jouir de ce droit.

Donc, Nizar Bahloul, par pitié écrivez ce que vous voulez mais épargnez-nous le discours qui monopolise la patrie et le patriotisme. D’abord, à ce que je sache, vous n’êtes pas le gardien ni de l’une ni de l’autre et ensuite cela nous rappelle trop les pratiques des RCDistes et de ZABA que j’imagine vous connaissez assez bien !

C’est l’avis d’un simple citoyen qui est, selon la logique de Nizar Bahloul, hautement non patriotique !