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Source : La page officielle de Hamma Hammami

Pour ne rien vous cacher j’ai voté Front Populaire (FP) lors des précédentes législatives d’octobre 2014. Combien même j’ai longtemps hésité entre El Massar et le FP car j’ai fait partie de ceux qui ont bataillé, en vain, pour que les listes démocratiques et progressistes en France puissent se regrouper lors des législatives pour ne pas voir se renouveler l’amère expérience de 2011. Et pour reprendre une formule d’un ami « notre tord et notre erreur est d’avoir eu raison ».

Ceci étant ce qui m’a finalement décidé à voter Front populaire c’est le fait que celui-ci a toujours affirmé son identité contrairement à El Massar qui a entretenu jusqu’au bout ambiguïté tant sur son identité que sur sa stratégie. Etre de gauche n’est pas simplement une posture intellectuelle même si elle peut l’être aussi et c’est tant mieux ! Etre de gauche aujourd’hui en Tunisie, après la révolution, c’est comme être de gauche avant la révolution c’est-à-dire affirmer un certain nombre de valeurs et de principes : la défense des droits de l’homme et des libertés, la démocratie, l’égalité entre les hommes et les femmes, la justice sociale, la défense de l’Etat de droit et de ses institutions pour garantir le vivre ensemble et assurer la sécurité pour tous les tunisien(ne)s… En fait c’est être ainsi fidèle aux aspirations de la révolution : Liberté, dignité, justice sociale, travail. C’est notamment comment leur trouver une traduction politique.

Bien sûr être de gauche aujourd’hui ce n’est pas comme on pouvait l’être hier. Mais on ne peut être de gauche aujourd’hui en reniant ceux et celles qui se sont battus, hier, pour la justice, la liberté, l’égalité … Car la gauche a une longue histoire en Tunisie. La gauche c’est la politique au service du peuple et notamment au service de ceux qui vivent de leur travail et de leur labeur, au service de ceux et celles qui créent. La gauche c’est être solidaire de ceux qui souffrent. La gauche c’est être aux côtés de ceux qui se battent contre l’injustice partout dans le monde (le Forum Social Mondial FSM, où se retrouvent tous ceux qui luttent et imaginent un « autre monde » va, à nouveau, avoir lieu en Tunisie en 2015 et constitue une occasion pour y puiser de nouvelles expériences mais aussi pour valoriser les acquis de la révolution tunisienne). La gauche c’est l’espoir dans l’avenir et donc dans la jeunesse. Etre de gauche c’est parfois aussi – et même plus souvent qu’on ne le croit – soutenir des causes dites minoritaires et prétendument « perdues d’avance ». Etre à contre-courant. Et, dans nos sociétés arabo-musulmanes, être de gauche c’est être souvent à contre-courant. Eh bien, soit !

Mais la gauche aujourd’hui, après la révolution, c’est aussi une autre façon de faire de la politique, c’est être attentif et à l’écoute de tous ceux qui ont des idées alternatives pour inventer de nouvelles pratiques politiques. C’est une manière de permettre au peuple de se réapproprier les outils et les moyens politiques pour ne plus les laisser aux seuls politiciens. D’ailleurs le plus grand acquis de la révolution c’est, avec la liberté retrouvée, la naissance et le développement d’une société civile inventive et vigilante. Et la gauche doit être capable de se renouveler en s’appuyant sur cette société civile.

La gauche doit être capable de se renouveler notamment en direction de la jeunesse car elle est la seule vraie alternative au conservatisme. Et aujourd’hui le pays a besoin d’une force capable de faire contrepoids à Ennahda et à Nida Tounès qui verraient d’un bon œil se constituer et se perpétuer, à leur seul profit évidemment, une bipolarisation de la vie politique. Et la gauche doit préparer dès à présent sa reconstruction en vue des prochaines échéances (municipales, régionales et bien sûr les prochaines élections générales dans 5 ans en 2019). Le Front Populaire après le succès des législatives et, il faut l’espérer un bon score à la présidentielle, doit prendre l’initiative de lancer l’idée, chère au martyr Chokri Belaïd, d’un grand mouvement de gauche.

Mais pour l’heure il faut barrer la route à Moncef Marzouki qui n’est que le cheval de Troie des islamistes d’Ennahda et du Qatar. Il faut lui barrer la route car au cours de ces trois années il n’a fait que traîner dans la boue la Tunisie et les Tunisien(ne)s. Il n’a pas hésité, dans le seul but de garder le pouvoir, à s’appuyer sur les pires voyous des LPR et sur les takfiristes, lesquels, en temps normal auraient fait l’objet de poursuites judiciaires pour incitation à la haine et à la violence. De même toutes ses interventions n’ont été que haine et rancœur. Il y a une différence entre populaire et populiste. La Tunisie n’a vraiment pas besoin de ça. La politique doit aussi avoir une certaine morale et une éthique.

Pour l’heure il est important que Hamma Hammami obtienne un bon score lors du premier tour de l’élection présidentielle. Le premier tour signifie faire un choix positif. Le 2ème tour c’est choisir par défaut, pour le moins pire. Le “vote utile” c’est pour le 2ème tour s’il a lieu.

Pour toutes ces raisons, stratégiques ou conjoncturelles, j’ai décidé d’apporter mon soutien à Hamma Hammami et donc de voter pour lui le 23 novembre 2014.