Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

presidentielles-tunisie-2014

A ceux qui exhortent les « perdants » du dernier scrutin de quitter la politique, je leur dis ceci : « la course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents ». Et comme l’a très bien dit Paul Krugman, « les scrutins déterminent celui qui a le pouvoir et non pas nécessairement celui qui a raison ». Le gourou du « temple de l’ignorance » et du « journalisme partisan » ne cache pas son camp donc moi aussi, qui ne suis pas un journaliste, j’ai encore moins de raisons pour cacher le mien.

Ainsi, à quelques jours du scrutin, je vais partager avec vous ce que je pense des neuf candidats que je connais (désolé pour les autres !).

D’abord, ceux pour qui je ne vais jamais voter

Béji Caid Essebssi : J’ai tout dis ici.

Mustafa K. Nabli (MKN) : A mes yeux c’est de loin la candidature la plus louche ! Pourquoi ? Parce que MKN est le chouchou des institutions comme la Banque Mondiale et l’FMI en Tunisie. Donc, au lieu d’avoir à traiter avec eux depuis Washington, on les aura pendant les cinq prochaines années à Carthage. Et on aura droit à toutes les réformes structurelles possibles.

L’argument principal que la campagne de MKN essaye de vendre aux Tunisiens c’est qu’il est un économiste et donc il est mieux placé pour résoudre les problèmes économiques de la Tunisie. Personnellement, je n’y crois pas car les problèmes de la Tunisie sont structuraux et donc il faut beaucoup de temps pour que les choses changent. MKN ne pourra pas inverser la vapeur en l’espace de cinq ans.

Par ailleurs, dans son interview avec Samir El-Wafi, il n’a pas nié ses étroites relations avec le sulfureux Kamel Eltaïef. Donc, Seriez-vous prêt à avoir un président ayant comme sponsor et comme conseiller quelqu’un comme Kamel Eltaïef ? Matière à réflexion …

Mondher Zenaidi (MZ) : Ce n’est pas l’intelligence qui lui manque. D’ailleurs, cette intelligence était évidente lors de son interview avec Samir El Wafi qui, malgré son insistance, n’a rien obtenu de cette personnalité extrêmement mercurienne et insaisissable qui a pu amadouer et dompter des anciens opposants comme Slim Bagga et Tawfik Mathlouthi!

A mes yeux, le péché capital de MZ c’est qu’il a mis cette intelligence au service de la dictature de Zaba sans jamais rien dénoncer malgré les abus et les excès qui débordaient de partout. Donc, prétendre maintenant qu’il faisait de « la résistance depuis l’intérieur », alors que les gens crevaient dans l’obscurité des caves du ministère de l’intérieur, est à la fois faux et scandaleux. Elle était où cette « résistance » lorsque le brave Mokhtar Yahyaoui subissait les foudres de Ben Ali pour avoir osé dire non ?

En plus, n’oublions pas que MZ était l’envoyé de Ben Ali à Kasserine pour essayer d’avorter la révolution et non pas dans le cadre d’une « mission humanitaire » comme il a essayé de nous le faire croire dans l’émission de Samir El wafi.

Kamel Morjane : C’est une version moins sympathique de Monther Zeneïdi. Donc, non merci !

Slim Riahi : J’ai beau essayé d’écrire quelque chose sur Slim Riahi sans évoquer son argent mais, honnêtement, je n’y suis pas parvenu puisqu’il y a une question qui me taraude l’esprit : si ses comptes en banque n’étaient pas bien fournis, est-ce qu’on aurait entendu parler de lui ? Car à part le fait qu’il a beaucoup d’argent, qu’a-t-il fait ? Qu’est ce qu’il a de plus que le citoyen lambda à part son argent ? Donc, les Tunisiens sont-ils prêts à accorder leur confiance à quelqu’un qui n’a que l’argent comme unique atout ?

Larbi Nasra : Le même cas que Slim Riahi. A part l’argent, il n’y a pas grand-chose. Même si dans ce cas particulier j’ai vraiment peur de deux choses : la première c’est que la présidence se transforme en une émission de téléréalité (d’une qualité à dormir debout) animée par Abderrazek Chebbi et que ce dernier sera appelé pour assumer les fonctions de porte parole de la présidence !

Ceux pour qui je peux voter sont

Moncef Marzouki (MM) : Malgré les campagnes de dénigrement qui tournent 24/7 depuis trois ans, il est de loin la personnalité pour qui j’ai le plus de respect et d’admiration. C’est un choix dont je suis fier et que j’assume pleinement malgré tout. MM c’est notre José Mujica et notre Evo Morales et tant pis pour ceux qui n’arrivent pas à le voir. D’ailleurs, si c’était à moi je lui décernerai un prix pour avoir démystifier irréversiblement le poste de Président. Ce poste qui était jusqu’à peu synonyme de peur et d’injustice. C’est la constance de son discours depuis plus de 30 ans qui est la principale qualité qui fait de MM le candidat parfait a qui on peut confier la révolution.

Hamma Hammami : Tout ce que j’ai dit sur MM j’aurai pu le dire sur Hamma Hammami. J’ai donc un profond respect pour l’homme. Le seul bémol c’est qu’il est trop à gauche et que je ne peux pas penser à un autre candidat avec lequel je suis en total désaccord sur toutes les questions d’ordre économique. Malgré cela, c’est un candidat pour qui je suis prêt à voter.

Ahmed Néjib Chebbi : Il est de la trempe de MM et HH même s’il a entaché sa carrière d’opposant en acceptant de faire partie du décor de Zaba pendant quelques années.

Conclusion

Je pense que ma règle d’or est assez claire pour tout le monde :

1. Je n’ai pas besoin d’une personnalité de l’ancienne garde qui, après avoir pratiqué la dictature pendant des décennies veut aujourd’hui que l’on oublie tout et que l’on fasse comme si de rien n’était.

2. Je n’ai pas besoin d’un taycoon (Riahi et Nasra) pour qui la présidence est un nième privilège que l’on peut s’offrir en puisant dans ses comptes en banque.

3. Il faut faire confiance à ceux qui ont tenu le même discours depuis 30 ans.

C’est assez simple non ?