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C’était trop beau pour être vrai. A peine enclenché, le processus de régulation des médias s’est heurté à de trop nombreuses résistances, dont celle de l’exécutif lui-même, qui ont fini par provoquer une crise au sein même de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle. Ainsi, Riadh Ferjani, Rachida Ennaifer et Mohsen Riahi, membres de cette instance, ont annoncé, lundi, leur boycott de l’audition des PDG du secteur de l’audiovisuel public, à cause de dépassements constatés dans la procédure.

Cette procédure démarrait, officiellement, en février dernier, avec les deux appels à candidature pour la désignation du P-D.G. de la télévision nationale et du D.G. de la radio tunisienne. Prévu en deux étapes, ce recrutement devait tenir compte des critères établis par une commission paritaire (3 membres de la HAICA et 3 représentants du premier ministère) pour aboutir à un classement final des meilleurs candidats. Or, les quatre derniers candidats proposés, lors de l’audition du 15 avril dernier, ne répondaient pas aux critères. Ce qui signifie que la commission paritaire fonctionne à sens unique. Suite à cela, la Haica a fini par dénoncer, dans un communiqué publié le 7 mai dernier, les « atermoiements » de l’exécutif, sans donner, cependant, de détails sur la nature du vice qui entache la procédure.

C’est en décidant de boycotter l’audition des candidats que les trois membres de la Haica révèlent que des noms, hors classement et hors recrutement, ont été rajoutés à la dernière liste de candidature par le premier ministère. Dans une déclaration à Radio Tataouine, Nouri Lajmi, le président de la Haica, a affirmé que le gouvernement n’a pas respecté le classement, auquel a abouti la sélection des candidats à la direction de la télévision et de la radio nationale par la Haica, ajoutant que la Haute Autorité n’a pas tranché la question.

Du coup, ce n’est pas seulement le manque de crédibilité et de transparence de la procédure que dévoile cette crise, mais bien la résistance d’une administration sclérosée au changement. De l’avis de certains, cette attitude ne fait que conforter le front du refus constitué par les détracteurs de la Haica, dont notamment les patrons des médias privés. Ajouté au retour à la répression des journalistes et le musèlement de la liberté d’expression, ce travail de sape de la régulation fragilise encore plus le processus de transition, au défi de l’article 122 de la constitution qui stipule que « les instances constitutionnelles indépendantes œuvrent au renforcement de la démocratie. Tous les organes de l’État se doivent de leur porter assistance dans la réalisation de leur mission ».