Nawaat a accueilli, samedi dernier, une projection-débat sur la réforme de la loi 52, relative à la consommation des stupéfiants en Tunisie. Cet événement organisé à l’initiative d’« Al Sajin 52 » a réuni des anti et des pro-cannabis, ainsi que des acteurs de la société civile, des médecins et des avocats engagés dans ce combat.

Après la projection du film documentaire « Matetfarjouch fina » (ne nous regardez pas) de Souhail Bayoudh, le débat était lancé par l’avocat Ghazi Mrabet et l’activiste Amal Amraoui, deux membres de l’initiative Al Sajin 52. Premier du genre a être lancé en Tunisie, ce débat sur la consommation du cannabis et sa pénalisation « ne sera certainement pas le dernier », selon les organisateurs qui projettent une série de rencontres sur le même thème.

Médecins, avocats, activistes, journalistes, consommateurs et familles de détenus sont tous d’accord sur la nécessité de réformer la loi 52, jugée répressive et caduque par rapport à la réalité tunisienne. Cependant, les avis sur cette réforme ne sont pas homogènes. En effet, si les médecins considèrent que le cannabis est une drogue addictive qui nuit à la santé, d’autres, surtout les jeunes, objectent que le consommateur de Zatla n’est pas plus dépendant qu’un fumeur de tabac ou un consommateur d’alcool.

Les différents participants ont exprimé, chacun de son côté, des propositions que l’Etat peut adopter pour encadrer, contrôler et prévenir la vente et la consommation de stupéfiants, au lieu de perpétuer la prohibition et les sanctions sévères.

Dépénaliser ou juste réformer, et comment ?

Le dialogue entre les différents acteurs vient de commencer. Le Professeur Mouldi Amamy, Chef du service de réanimation du CAMU et Professeur à la faculté de Médecine de Tunis, nous explique qu’une commission nationale, qui réunit plusieurs ministères, ONG et spécialistes présentera prochainement une proposition de réforme de la loi 52 à l’Assemblé Nationale Constituante. La commission a exprimé sa volonté de travailler avec l’initiative Al Sajin 52, ainsi que les acteurs politiques pour élargir le débat et afin de présenter une véritable réforme, qui reflète les attentes des victimes de cette loi.

Rappelons qu’Al Sajin 52 a envoyé, jeudi 13 mars, une lettre ouverte au chef du gouvernement intitulée « Arrêtons l’hypocrisie!» lui demandant d’ouvrir un débat national afin de modifier sensiblement la loi 52.

Après cette lettre ouverte et le débat à Nawaat, l’initiative commence à trouver un écho sur la scène politique et dans les médias. Les activistes d’Al Sajin 52 espèrent que cette loi sera modifiée. Reste à savoir de quelle manière. Comme l’affirme Ghazi Mrabet, « l’enjeu actuel est de pousser vers une véritable réforme qui protégera l’intérêt du peuple tunisien et les droits de l’homme ».

M-A-J : Nous nous excusions pour l’erreur que nous avons faite sur le prénom du Professeur Mouldi Amamou au sein de la vidéo. Il ne s’agit donc pas de “Touhami” Amamou comme incrusté sur la vidéo, mais de “Mouldi Amamou”.