enploi-femmes

L’entrée des femmes sur le marché de l’emploi est devenue une réalité et une nécessité inéluctable quoique que cette situation les empêche dans certains cas de répondre aux exigences de la vie familiale. A cet égard, les femmes actives se déchirent entre la sphère domestique et la sphère publique. En effet, les femmes qui travaillent à temps plein consacrent moins de temps avec leurs enfants. Cette contrainte les oblige à adopter des arrangements pour assurer l’éducation des enfants. Certaines comptent sur les parents et l’époux, d’autres sur l’aide des travailleuses domestiques, des voisins, des garderies et des jardins d’enfants. La question de la conciliation entre vie familiale te vie professionnelle s’avère moins compliquée pour les femmes travaillant à temps partiel. La participation du conjoint aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants permet de minimiser la « nocivité » de l’activité féminine.

Ces conclusions sont le résultat d’un travail de terrain basé sur une approche qualitative et quantitative à travers des recherches documentaires, des questionnaires et des entretiens.

Introduction

Parmi les nouveaux traits qui caractérisent le comportement de la population tunisienne sur le marché de l’emploi est la hausse rapide du taux global d’activité féminin. En passant de 5,6% en 1966 à 22,8% en 1999, 23,8% en 2000 et 24,7% en 2008.

En effet, depuis toujours les femmes travaillent. Le travail féminin n’est donc ni un phénomène des temps modernes ni une innovation liée à l’industrialisation. Ce qui a pourtant changé au fil des décennies, sont les formes du travail auquel les femmes sont occupées.

Dans tous les pays du monde, l’ouverture du marché du travail aux femmes ne s’est pas traduite par une participation rapide des citoyennes aux emplois rémunérés. Pendant de longues années, les femmes ont été, par différentes mesures, découragées de jouer un rôle actif dans la vie professionnelle. Elles ont subi des discriminations multiples.

De nos jours, de nombreux textes de loi se trouvent modifiés, certaines discriminations ont disparu, d’autres ont changé de visage. Aujourd’hui, le travail féminin rémunéré est redevenu une réalité sociale et économique, les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer une activité rémunérée.

« La progression du travail féminin est irréversible et inévitable. Mais dans son ensemble, le travail rémunéré des femmes se caractérise comme étant peu qualifié, d’une faible productivité, irrégulier, moins payé et moins valorisé que celui des hommes. Par ailleurs, il est la plupart du temps considéré comme temporaire. Les coutumes, habitudes et mœurs veulent que la majorité des femmes quittent leur poste de travail à la naissance d’un enfant. En fait, elles échangent le travail rémunéré contre des tâches familiales et domestiques (non rémunérées et encore moins reconnues): soigner et éduquer les enfants, s’occuper du ménage … »
(Anxo D. et Daune-Richard A.-M., (1991))

Actuellement, en Tunisie, il est admis que la femme bénéficie du mouvement général de changement des modes de vie et de l’amélioration des conditions de son emploi. Cependant, des carences structurelles affectent de larges pans le marché du travail, mais eu égard aux contraintes spécifiques qui marquent la vie quotidienne de la femme en tant qu’active et mère d’enfants.

La carrière professionnelle d’une femme est souvent perturbée lors d’une naissance. De l’interruption totale du travail au simple décalage des horaires, en passant par la prise d’un temps partiel, il existe toute une palette d’ajustements possibles. L’environnement familial interfère donc fortement dans la carrière des femmes.
 En Tunisie, concilier activité professionnelle et vie familiale pour les femmes est moins difficile. Les conditions y sont réunies pour que les mères de famille tunisiennes puissent travailler sans grande difficulté. Par exemple, les crèches et les jardins d’enfants représentent une part importante des modes d’accueil d’enfants de moins de 3 ans qui ne sont pas gardés par leurs parents. De plus, aucun préjugé négatif ne pèse sur les mères de famille qui travaillent.

En fait, les changements professionnels liés aux naissances ne sont pas du même type pour les hommes que pour les femmes. Après une naissance, plusieurs femmes quittent leur emploi alors que les hommes ne le font pas et les réductions du temps de travail concernent les femmes et non pas des hommes. Ainsi, la baisse du temps de travail reste l’affaire des mères.

La participation des femmes au marché du travail est affectée par la présence d’enfants de moins de 3 ans. Si la présence d’un seul enfant, de moins de 3 ans, a peu d’effet sur l’activité des femmes, celle-ci baisse de façon importante avec deux ou trois enfants, dont un au moins a moins de 3 ans. Les femmes interrompent ou diminuent moins leur activité professionnelle après une naissance lorsqu’elles sont bien insérées sur le marché du travail (en CDI ou dans des emplois qualifiés), ou lorsqu’elles sont en situation monoparentale ou avec un conjoint au chômage. A l’inverse, les femmes occupant des emplois précaires ou celles dont le conjoint travaille cessent plus souvent de travailler à l’arrivée d’un enfant.

PROBLEMATIQUE

Présentement, les femmes laborieuses sont placées dans une situation sociale de transition à la fois pressante et stimulante : pressante par le poids des tâches assumées (travail et famille), les conflits des rôles et les ambiguïtés normatives que cette situation engendre, stimulante par l’évolution qu’elle signale et par les possibilités d’accomplissement de soi et d’autonomie qu’elle produise.

Les relations à l’intérieur de plusieurs familles se réforment pour glisser du type complémentaire vers le type parallèle, où les deux conjoints sont à la fois postulants d’un emploi rémunéré et responsables de l’éducation des enfants.

Ce phénomène transitoire est capital : il ne peut se faire sans être stressant et émotionnellement dérangeant.

En effet, ma recherche se tente d’étudier les spécificités de l’emploi de la femme et l’effet sur l’éducation des enfants et s’intéresser aux femmes placées dans des situations familiales réputées exigeantes : familles où les femmes sont actives et mères d’enfants d’âges préscolaires et scolaires.

L’emploi de la femme et sa relation avec l’éducation des enfants est un sujet d’actualité qui préoccupe tous le monde et il m’était toujours d’un intérêt personnel.En effet, la conquête du savoir par les femmes, leur accès aux études supérieures et donc aux carrières réservées aux hommes, ont remis en cause leur rôle dans la famille et par conséquent, la corrélation entre l’activité féminine et l’éducation des enfants s’avère difficile à résoudre. On essaye par la présente étude, d’attirer l’attention sur ce problème qui touche plusieurs familles tunisiennes.

L’intérêt de l’étude

Par le biais de cette étude, nous tenterons de mieux comprendre sur le terrain, les logiques des femmes actives concernant la conception des mesures de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.

Elle vise également l’analyse des retombées de l’emploi de la femme sur les conditions de l’éducation des enfants et leur réussite scolaire et les perspectives d’ajustement entre le travail de la femme et le temps consacré aux enfants (horaires de travail flexibles répondant aux besoins des mères, accès accru à des services de garde adéquats en milieu de travail).

Les propositions de la recherche

Nous allons entreprendre notre étude empirique en posant trois propositions :

  • Proposition 1 : Le travail à mi-temps, ou à temps flexible, réduit les effets « négatifs » de l’emploi de la femme.
  • Proposition 2 : la participation de l’époux à la vie familiale, et notamment le suivi scolaire des enfants, diminue les répercussions pervers du travail de la femme.
  • Proposition 3 : L’emploi de la femme est favorable pour la réussite scolaire lorsque la descendance est réduite.

LA CONCILIATION ENTRE VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSIONNELLE

La relation entre l’activité féminine et la vie familiale a fait l’objet de débats et de polémiques controversés. La présente analyse à pour intention de traiter question de la conciliation entre vie active et vie familiale dont le temps consacré à l’éducation des enfants à partir d’une enquête réalisée dans en 2007-2008 auprès de 220 femmes actives. L’étude essaye de prendre en compte simultanément de multiples variables renseignées par l’enquête, pour évaluer l’influence de chacune d’entre elles.

I. PRESENTATION DE L’ENQUETE

I.1 LA METHODOLOGIE

L’étude a été menée dans une perspective quantitative et qualitative qui consiste à questionner des femmes actives ayant des enfants en âge préscolaire (de 0 à 4 ans) et des enfants en âge scolaire (de 5 à 12 ans) moyennant un questionnaire. Les femmes enquêtées appartiennent à des catégories socioprofessionnelles différentes. A côté du questionnaire, on a réalisé des entrevues avec les enquêtées.

I.2 L’OBJECTIF DE L’ENQUETE

L’objectif de notre enquête est donc de connaître les pratiques éducatives utilisées par les femmes actives envers leurs enfants en âge préscolaire et scolaire et la manière qu’elles utilisent pour concilier entre la vie professionnelle et la vie familiale compte tenu de la contrainte temps.

I.3 L’ECHANTILLON

On a adressé notre questionnaire à un échantillon composé de 220 femmes actives ayants des enfants en âges préscolaires et scolaires. Notre enquête a eu lieu au gouvernorat de l’Ariana.

II. LES RESULTATS DE L’ENQUETE

II.1 DESCRIPTION DE LA POPULATION

La population étudiée est composée de 110 enseignantes (dont le temps de travail est partiel) et 110 femmes qui travaillent dans des administrations publiques (temps plein).

Les enseignantes enquêtées travaillent dans des lycées appartenant au gouvernorat de l’Ariana dont : Lycée Ennasser, Lycée Pilote de l’Ariana, Lycée El wafa route Raoued, Lycée Cité Essahafa, Lycée Errafaha Mnihla et lycée Menzah 6. Les femmes qui travaillent à temps plein sont sélectionnées aléatoirement des administrations publiques implantées à l’Ariana dont la Direction Régionale de l’Enseignement de l’Ariana, la Municipalité de l’Ariana ville, la Délégation de la Soukra et l’administration du Lycée ENNASSER…,

Les femmes qui travaillent à temps plein appartiennent à des catégories socioprofessionnelles différentes. On distingue les cadres supérieurs, les cadres moyens, les agents de bureau et les ouvrières.

III. EXPLOITATION DES DONNEES FOURNIES PAR LE QUESTIONNAIRE

III.1 Analyse des variables de contrôle

III.1.1 L’âge des enquêtées

Les femmes enquêtées appartiennent à trois groupes d’âges : [30-35], [35-40] et [40-45] ans.

Plus de la moitié des enquêtées appartient au groupe d’âge [35- 40] ans.

III.1.2 Répartition des enquêtées selon la catégorie socioprofessionnelle

Tableau n° 1 : Répartition des enquêtées selon la catégorie socioprofessionnelle.

CSP Enseignantes Cadres Supérieures Cadres Moyennes Agents de bureau Ouvrières
Effectif 110 28 28 28 26
Pourcentage 50 % 12,7 % 12,7 % 12.7 % 11,8 %

III.1.3 Les enfants à charge

La majorité des femmes (53,33%) ont un enfant. 42,25% des femmes ont deux enfants et 4,16% des femmes, ont trois enfants à charge.

« Avec deux enfants seulement et je n’arrive pas à assumer ma responsabilité comme il le faut…Heureusement il ya les crèches et les jardins d’enfants ».
(Cadre supérieur, 40 ans, 2 enfants).

La grande majorité des femmes qui ont un seul enfant (71%) souhaitent avoir un deuxième enfant a alors que 29 % affirment qu’il est impossible de penser à avoir un autre enfant vue les difficultés qu’elles ont rencontré avec le premier.

Globalement, pour les femmes travaillant à temps plein, la façon dont la vie professionnelle est organisée a une incidence très importante sur le nombre d’enfant qu’elles comptent avoir et sur le moment qu’elles ont choisi pour concevoir leurs enfants. Selon cette catégorie de femmes, le fait d’avoir des enfants est un frein assez important à la poursuite de leur carrière professionnelle.

III.1.4 état de logement :

La plupart des femmes qui déclarent qu’elles possèdent un logement sont des enseignantes, des cadres supérieurs ou des cadres moyens. Généralement, leurs conjoints occupent des postes pareils. Les ouvrières, et les agents de bureau sont des locataires vue l’insuffisance de leurs revenus ainsi que ceux de leurs conjoints aussi. Certaines d’entre elle déclarent que leurs époux n’ont pas de travail.

« Mon salaire suffit à peine pour la nourriture, le loyer et le transport, ainsi que mon mari ne travaille pas régulièrement »
(Secrétaire, 36 ans, ayant 1 enfant)

III.1.5 Le mode de déplacement au travail

En somme, 70 % des enquêtées ont des voitures, 14.17 % se déplacent à l’aide des moyens de transport publics et 15.83 % se déplacent à pieds.

Toutes femmes cadres supérieurs possèdent des voitures, même chose pour la majorité des enseignantes.

Les femmes qui possèdent des voitures, considèrent que le fait d’être motorisé

« facilite beaucoup de choses. D’un côté, cela permet d’éviter le gaspillage de temps en allée et en retour du travail et ainsi on peut gagner un peu de temps avec les enfants. D’un autre côté, on peut facilement prendre ces derniers à l’école, à la crèche ou au jardin d’enfant et les faire promener ». (Enseignante, 2 enfants)

III.1.6 Le motif de travail

L’opinion sur lequel les femmes doivent avoir le choix de travailler est majoritaire. Presque toutes les femmes enquêtées affirment qu’il est nécessaire de travailler pour plusieurs raisons :

  • Tout d’abord, elles pensent que le revenu du conjoint seul ne suffit pas pour la satisfaction des besoins qui se multiplient et se diversifient d’un jour à l’autre (68 % des réponses) ;

    « Le fait d’avoir des enfants peut avoir deux conséquences dans la décision d’une femme de travailler ou pas. D’un côté, avoir des enfants nécessite du temps pour s’en occuper et les élever, ce qui risque de pousser la femme à renoncer au travail. D’un autre côté, plus le nombre d’enfants est important, plus la femme cherchera à travailler afin d’obtenir un revenu supplémentaire pour le ménage, et généralement c’est le deuxième cas qui s’impose».
    (Cadre moyens, 2 enfants)

  • Le revenu de la femme permet d’améliorer la situation économique de la famille (97 % des réponses);

    « On ne peut pas taper avec une seule main, aujourd’hui il est indispensable que les deux membres du couple travaillent, … Il ya plusieurs dépenses qui apparaissent, et parfois on est obligé de demander des crédits tous les deux ».
    (Cadre moyen, 2 enfants)

  • Le revenu de la femme est une source d’indépendance financière (75 % des réponses).
    IL à noter que certaines femmes, ne considèrent pas seulement les raisons économiques du travail, mais elles pensent que celui-ci est un résultat de leur scolarisation (70,83 % des réponses).Malgré tout, il reste 15 % des enquêtées (principalement les ouvrières) d’un avis contraire. Elles se trouvent obligées de travailler pour compléter le revenu de leurs conjoints.

    « Si le revenu de mon mari est suffisant, je ne travaillerai jamais et au lieu de passer toutes la journée en dehors du foyer, j’en profite pour s’occuper de mes enfants, la bonne éducation ne s’achète pas… »
    (Ouvrière, 2 enfants et attend le troisième).

Le motif qui pousse les femmes à travailler est, à côté de la question d’ordre économique, l’indépendance financière et d’affirmation de soi. Les femmes travaillent dans leur grande majorité pour elles-mêmes. Autrement dit, pour leur existence en tant que personnes à part entière à travers leur autonomie économique, leur égalité, l’affirmation de soi et pour avoir des contacts sociaux. Certaines femmes citent les contraintes financières en dernier lieu.

IV. HORAIRE DE TRAVAIL DE LA MERE ET TEMPS CONSACRE AUX ENFANTS

IV.1 Horaire de travail des enquêtées

On a choisi des femmes qui travaillent à temps plein et des femmes qui travaillent à temps partiel (les enseignantes). L’objectif étant de recueillir des éléments sur la façon dont s’articulent les temps familiaux et professionnels pour ces deux types de catégories. On a pu retenir que les enseignantes ne trouvent pas de « problème » concernant le temps consacré aux enfants puisqu’elles travaillent généralement une demi-journée. Elles bénéficient encore d’un jour de congé hebdomadaire. Ceci leur permet de passer suffisamment de temps avec leurs enfants.

Les mères qui travaillent à temps plein souffrent du manque de temps consacré aux enfants. La plupart d’entre elles passent quotidiennement plus de 10 heures en dehors du foyer, essentiellement les femmes qui habitent loin du milieu de travail et qui ne disposent pas de voitures. Réellement, ces femmes n’ont que le samedi après midi et le dimanche pour s’occuper de leurs enfants.

« Chaque jour, je sors à 6h 30 du matin et je reviens à 20 h du soir….je ne reste qu’une seule heure avec mes enfants,….mes enfants sont attachés aux monitrices du jardin d’enfants plus que moi ! »
(Ouvrière, 2 enfants).

« Pour travailler à temps plein, il ne fallait pas avoir d’enfants, pas de mari…pas de vie de famille et vivre chez ses parents ! … c’est invivable et impossible à gérer pour une mère de famille ».
(Cadre supérieur, 2 enfants).

Toutes les femmes rencontrées ont fait part du fait que l’horaire de travail induit par leur emploi du temps avait des répercussions plus ou moins directes sur leurs enfants. A cet égard, ont souvent été évoqués la prise de rythme parfois difficile, la fatigue due aux longues journées, le manque de ne pas voir suffisamment ses enfants…

IV.2 Naissances des enfants et interruption de travail

La majorité des femmes ont interrompu leur activité professionnelle durant la naissance de leurs enfants. La durée d’interruption varie de 6 mois à 2 ans. Cette période se répète généralement à chaque naissance.

Lorsqu’on a interrogé les mères qui ont arrêtées de travailler en périodes des naissances, elles invoquent en premier leur désir de s’occuper de leurs enfants. En effet pour des femmes ayant des petits salaires, (les ouvrières) il n’était pas avantageux d’interrompre leur travail car elles ont besoin de la totalité de leurs revenus.

Le statut professionnel influence fortement la décision de modifier son temps de travail à la naissance des enfants (70% des enquêtées ont interrompu leur travail contre 30% des femmes qui n’ont bénéficié que des deux mois de congé de maternité).

En effet, lorsqu’on analyse le taux d’activité des femmes selon les critères d’âge et d’interruption, il faut prendre en compte les contraintes qui freinent l’engagement des femmes dans la vie active, ou qui aboutissent à une interruption provisoire ou définitive. Pour la plupart des femmes l’engagement professionnel est conditionné par l’ensemble des conditions de vie. Les tâches et responsabilités familiales y jouent un rôle primordial. De nombreuses sorties de la vie professionnelle s’effectuent donc après l’âge de 25 ans avec l’arrivée des enfants.

En réponse à la question : Avez-vous une aide ménagère ?

75 % des femmes ont une aide ménagère et 25 % n’en disposent pas. Ces derrières sont principalement des agents de bureau, des ouvrières, et quelques enseignantes. Pour les enseignantes, le fait de ne pas avoir une aide ménagère s’explique par leur disponibilité au foyer vue la flexibilité de leur temps de travail. Alors que pour les ouvrières et les agents de bureau cela s’explique par l’insuffisance du revenu.

IV.3 Les moyens utilisés pour concilier vie professionnelle et vie familiale

Les modes de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale se diffèrent selon le type d’emploi. La plupart des enseignantes affirment qu’une bonne gestion de la vie quotidienne avec la participation de la famille et de l’époux leur permettent d’aboutir à cette conciliation. Les cadres supérieurs et les cadres moyens ont souvent recours aux services salariés (aides ménagères, baby-sitter….).

Les agents de bureau et les ouvrières affirment qu’elles ont recours aux membres de la famille et aux voisines. Pour celles-ci, enfants et travail sont deux choses qui ne peuvent pas aller de pair. Les enfants sont considérés comme un obstacle pour réaliser un état de confort au foyer et au travail.

Les enseignantes indiquent que la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle est plus facile car leur temps de travail est flexible. Mais ce sont les travailleuses à temps plein qui font état le plus de difficultés pour organiser leur vie. Elles déclarent que la conciliation est difficile, voire très difficile.

Le fait que ces dernières soient parmi les plus nombreuses à faire état de problèmes de conciliation, s’explique principalement par leur horaire de travail

Le type d’aménagement temporel est jugé essentiel pour l’équilibre famille-travail.

Concilier charges familiales et travail est particulièrement difficile avec de jeunes enfants, notamment pour les femmes : les niveaux de satisfaction des mères d’un enfant de moins de 3 ans sont inférieurs à ceux des mères ayant un enfant plus âgé, notamment lorsque il a plus de 11 ans.

IV.4 Le Mode de garde des enfants

Tableau n° 2 : Répartition selon le mode de garde des enfants

Mode de garde Pourcentage
Crèche et jardin d’enfants 54,16 %
Garderie scolaire 16,16 %
Garde privé chez soi 12,50 %
Garde par les grands parents 10 %
Garde par une voisine ou amie 9,16 %

Plus de 54% des enquêtées qui ont au moins un enfant non scolarisé ou scolarisé ont recours à une aide extérieure pour la garde de leurs jeunes enfants. Elles s’adressent exclusivement aux structures de garde des enfants tel que les crèches [0 – 3 ans] et les jardins d’enfants [4 – 10 ans [. 16,16 % des mères dont les jeunes enfants sont tous scolarisés ont recours aux garderies scolaires, en fait elles ont utilisé aussi les services des crèches et des jardins d’enfants avant la scolarisation de leurs enfants.

Ce qui explique le recours à cette stratégie de garde c’est que les crèches les jardins d’enfants représentent le nouvel environnement conçu pour l’enfant issu d’un couple bi-actif. Ainsi, ce mode de garde assure à l’enfant un milieu d’apprentissage, de distraction, de communication et de socialisation important. Cependant, 12,5 % font appel à une garde à domicile se sont généralement les cadres supérieurs. En effet cette garde est assurée par les aides ménagères couchantes. Ces femmes alternent garde privé chez soi et garde par les crèches et les jardins d’enfants. Les femmes cadres ont en moyenne des revenus supérieurs, ce qui leur donne davantage de possibilités financières pour recourir à un personnel rémunéré, notamment aux assistantes maternelles et aux gardes à domicile. 10 % des enquêtées font appel à un membre de la famille ou aux parents. Et 9,16 % demandent l’aide des voisines ou des amies (hors ménage), cette garde informelle est assurée gratuitement. Se sont principalement les ouvrières et quelques agents de bureau. Le recours au mode de garde par les parents et surtout la grand-mère, fournit à la mère travailleuse une sorte de soulagement. La présence de la grand-mère dans la vie de l’enfant, a un effet positif sur ce dernier et sur la mère. Elle garantit à l’enfant les soins et la protection nécessaires pour qu’il grandisse dans un environnement favorable.

« La grand-mère essaie toujours de donner à mes enfants l’affection et les soins qu’ils aient besoin… Ceci me laisse à l’aise au travail ».
(Agent de bureau, 2 enfants).

Mais, il y a une question qui se pose : Est-ce que la manière de l’éducation assurée par la grand-mère est-elle compatible avec les attentes de la mère ? Les femmes qui choisissent ce mode de garde ne cachent pas leur inquiétude sur les conduites éducatives assurées par la grand-mère qui exagère au niveau de l’affection, la souplesse et des soins offerts aux enfants. Ce type d’éducation ne comprend pas généralement la punition et la rigidité lorsqu’il est nécessaire. Ceci laisse l’enfant plus libre et peut affecter sa relation avec sa mère.

« Ma mère gâte trop mes enfants, ils préfèrent rester chez elle, elle est plus proche d’eux, ceci ne me plait pas car je sens que je vienne en second lieu ».

La durée et les horaires de travail de la mère sont un des éléments qui interviennent dans le choix que font les ménages ayant de jeunes enfants entre garde rémunérée, aide informelle et garde intra-ménage. Un temps de travail flexible est de nature à faciliter la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. A l’inverse, lorsque la mère a des horaires de travail qui ne lui permettent pas toujours d’être disponible au foyer, la probabilité de faire appel à une garde rémunérée est plus élevée.

Deux autres facteurs ont un rôle déterminant dans le choix du mode de garde: le niveau de ressources (les foyers les plus aisés ayant davantage recours aux services payants) et la composition démographique du ménage (la présence d’un autre adulte ou d’enfants plus âgés favorisant la garde intra-ménage).

Le recours à une garde rémunérée est plus fréquent lorsque la mère est bien rémunérée. La situation financière des parents reste importante et détermine le mode de garde adopté.

Ce qu’on peut retenir ici, c’est que le travail à mi-temps ou à temps flexible permet de réduire les effets de l’absence de la mère du foyer.

V. LA PARTICIPATION DE L’EPOUX AU TACHES DOMESTIQUES

La relation avec l’enfant et l’affiliation du père dans l’éducation est au cœur de la définition de « la paternité contemporaine » (Castelain-Meunier, 2002). Cette définition a pour corollaire un parfait type de partage égalitaire des tâches de soins et d’éducation (Coulons et Cresson, 2007). La fonction paternelle a incontestablement évolué depuis plus d’une vingtaine d’années et ce phénomène doit être appréhendé à la lumière des interactions entre les mutations de l’institution familiale et les transformations du marché du travail. Sans être le seul facteur explicatif de cette évolution, l’entrée progressive des femmes sur le marché du travail a permis aux hommes d’occuper une place plus importante dans la sphère familiale. L’exercice d’une activité professionnelle, en confortant leur pouvoir de négociation, a également incité les mères à renégocier avec leur conjoint les modalités de prise en charge des enfants. De façon récurrente, différentes études ont montré que les pères rechignent désormais à être cantonnés dans une fonction symbolique et qu’ils semblent de plus en plus désireux de nouer des liens affectifs forts avec leurs enfants. Contrairement aux générations précédentes, leur présence active auprès des enfants est socialement valorisée et parfois encouragée par les institutions impliquées dans les affaires familiales.

V.1 Participation de l’époux aux tâches domestique et à l’éducation des enfants

45 % des enquêtées affirment que leurs conjoints participent aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants alors que 55 % disent le contraire. Se sont majoritairement les enseignantes.

« Les pères cherchent le « sur le velours » » : lorsque les enfants sont trop jeunes ils s’en déchargent ; lorsqu’ils sont adolescents ils entrent en conflit avec eux….Alors la femme doit assumer toutes les étapes….en deux mots s’occuper des enfants reste une prérogative féminine ».
(Enseignante, 3 enfants).

Concernant l’éducation des enfants en termes de transmission des valeurs et des conduites comportementales, les pères représentent un maillon principal dans cette affaire puisqu’ils représentent une autorité traditionnelle que les enfants doivent respecter. Très souvent, les mères assument les charges diverses liées à l’encadrement scolaire des enfants : études, rattrapage, accompagnement… L’encadrement et le suivi scolaire des enfants semblent s’inscrire dans le prolongement des charges domestiques et relever « naturellement » de la responsabilité de la mère.

L’organisation de la vie familiale au sein des couples varie selon le degré d’engagement de l’épouse et la présence d’enfants.

V. 2 Les tâches effectuées par le père

Un bon nombre d’enquêtées affirment que leurs conjoint effectuent les tâches qui se font à l’extérieur du foyer, tel que le contact avec les institutions scolaires et parascolaires, accompagner et aller chercher les enfants à l’école, divertir les enfants pendant les vacances, faire les courses, etc.…

Cependant, ils laissent les tâches domestiques « internes » à la mère car elle est plus patiente et plus pertinente à ce niveau, comme les devoirs à la maison, l’habillage, l’hygiène du corps surtout pour leurs filles dont les pères semblent moins « qualifiés » pour ce type de soins, Ce résultat confirme les travaux des psychologues qui montrent que les pères s’engagent davantage dans les soins quotidiens auprès de leur fils (Rouyer et Zaouche-Gaudron, 2006).

En effet, les femmes assurent 80 % des responsabilités en matière d’éducation, de soins aux enfants et de tâches domestiques. Ces charges, ainsi que les éventuelles interruptions d’activité pour élever les enfants, pénalisent leur carrière professionnelle. La responsabilité du suivi scolaire dépend du niveau d’instruction des deux parents, les enseignantes affirment que se sont eux qui assument cette responsabilité. Pour les cadres, ils partagent cette tâche avec leurs maris. Toutefois les ouvrières confient le suivi scolaire à leurs relatives les plus instruits.

Ce sont presque toujours les femmes qui sacrifient leur carrière professionnelle et consacrent le plus de temps pour l’éducation des enfants, ce qui a notamment pour conséquence de réduire leurs chances d’occuper des postes de direction selon plusieurs études. L’arrivée d’un enfant à certainement un effet sur l’activité féminine. Cette rupture se traduit par un renoncement à faire sa carrière, et parfois à un renoncement définitif à l’activité, en raison des difficultés à concilier leur double vie. Dans ce contexte on peut se référer aux travaux de plusieurs chercheurs qui soulignent que le partage égalitaire n’est pas concret dans le fait et que la division sexuelle du travail parental se modifie lentement (Brousse, 1999 ; Barrère-Maurisson et al., 2000 ; Barrère-Maurisson, 2001 ; Méda et al., 2004 ; Puech, 2005…).

Tout de même, quelques changements qui révèlent que les pères s’impliquent un peu plus qu’avant, l’inégale répartition des tâches ménagères et éducatives entre père et mère « évolue peu », constate l’Institut national d’études démographiques (Ined) dans une étude intitulée « Entre famille et travail » (réalisée en 2005-2006). Et selon une enquête sur « la participation des pères aux soins et à l’éducation des enfants » : les pères sont moins agissants que les mères. Quand il s’agit de renoncer au travail ou de prendre un congé pour s’occuper d’un enfant malade pour le garder, c’est le plus souvent la mère qui s’y colle, selon une étude de la Drees (statistiques des ministères sociaux). « La moitié des femmes qui travaillent déclarent s’occuper le plus souvent elles-mêmes de l’enfant malade » tandis que « seuls 6 % des hommes qui travaillent s’en chargent ». « C’est d’ailleurs à elle que l’on s’adresse le plus souvent : en cas de petite maladie de l’enfant, les institutions de garde la préviennent en premier lieu (…), le père n’étant contacté que si la mère est indisponible », constate la Drees.

Outre l’âge des enfants, leur nombre a également des effets. Les pères de trois enfants et plus sont les plus impliqués avec leur conjoint sur quelques activités pour les plus jeunes : jouer, lire des histoires, se promener,…Les pratiques de loisirs se diversifient avec l’âge des enfants, et peuvent parfois inclure des pratiques sportives ou artistiques et le partage de produits culturels (expositions, spectacles, …) qui intéressent toute la famille. Cette tâche parentale présente un fort potentiel éducatif, transmission de pratiques sportives et culturelles, ouverture sur des mondes extrafamiliaux. Elle est la plus éloignée du travail domestique. Toutes ces caractéristiques expliquent sans doute qu’elle soit la mieux partagée entre les parents d’autant plus qu’ils peuvent la vivre ensemble (Barrère-Maurisson, 2001).

Les loisirs des enfants, comme ceux des adultes sont soumis à une division sexuelle (garçons et filles) (Belotti, 1974 ; Boyer, 1999 ; Lehingue, 2003). La ressemblance des goûts et des pratiques entre pères et fils avantagent évidemment l’implication de ces derniers, « faisant de ces échanges des moments forts de la transmission des comportements sexués. Les pères sont particulièrement en retrait dans les moments les plus intimes tels que l’habillage et le coucher de leur fille, notamment lorsqu’ils n’ont qu’un enfant. Il en est de même pour les loisirs, moments privilégiés de transmission de pratiques et goûts sexués. La promotion de l’égalité domestique semble bien passer par la valorisation des carrières et des salaires féminins ainsi que par la lutte entre les représentations relatives à la sphère professionnelle et économique. Ainsi, la participation des hommes est d’autant plus présente que, au sein du couple, le père et la mère accèdent à des études supérieures et partagent plus équitablement leurs temps professionnel et familial. Ces familles semblent davantage valoriser la présence paternelle auprès des enfants ». (INED : La participation des pères aux soins et à l’éducation des enfants, 2006)

V. 3 Les avantages de la participation du père à la vie familiale

En réponse à cette question toutes les enquêtées déclarent que la participation de l’époux à la vie familiale est d’une très grande importance. Traditionnellement dans notre société, le père et la mère avaient des rôles distincts complémentaires. La mère donnait aux enfants l’affection et les soins de base, alors que le père représentait la discipline et l’autorité ; la première consacrant plus de temps en interaction directe avec les enfants, et le second investissant surtout son temps à procurer les ressources nécessaires à la famille (rôle de pourvoyeur).

Au cours des dernières décennies, les nombreuses transformations sociales ont conduit à une situation paradoxale. D’une part, les pères ont subi de fortes pressions sociales afin qu’ils s’impliquent davantage dans les soins aux enfants. De fait, les pères de familles biparentales s’occupent davantage des enfants qu’autrefois, y compris des nourrissons. D’autre part, dû à l’entrée de la femme au marché de travail, de nombreux enfants se trouvent souvent confiés à leurs pères quand la mère est absente. Cependant, la complexité des agencements conjugaux attachés à des modèles d’organisation et de valeurs ainsi que la combinaison des facteurs culturels, sociaux et économiques. La composition de la famille, les rangs des parents au sein des milieux professionnels, sociaux et familiaux, la présence d’enfants plus ou moins âgés mettent en œuvre des échèles du partage des tâches d’éducation et de soins des enfants. L’implication du père s’avère consolidée dans les représentations des rôles et des identités sexués qui contraint la propagation de l’implication de ce dernier dans les des tâches domestiques.

Mis-à-part la cette complexité, on constate que la participation du père à la vie familiale et à l’éducation des enfants, diminue les effets négatifs de l’emploi de la femme.

VI. RELATION ENTRE EMPLOI DE LA FEMME ET REUSSITE SCOLAIRE DES ENFANTS

Il ressort des résultats de notre enquête que le travail de la femme a deux incidences contradictoires sur la réussite scolaire des enfants. D’abord, l’activité de la femme sur le marché du travail permet de générer un revenu (une incidence positive) mais réduit le temps consacré par la mère à ses enfants (une incidence négative). En effet, les mères actives assurent à leurs enfants la satisfaction d’une grande partie de leurs besoins matériels, qui ne cessent de se multiplier et de se diversifier, tel que les habits, les fournitures scolaires, le paiement des cours particulier chez soi, les frais de communications, les loisirs, les soins de santé, etc.… Mais le fait qu’elles soient régulièrement absentes du foyer peut avoir des effets négatifs sur leur relation avec leurs enfants.

« L’enfant d’aujourd’hui représente un coût très élevé dés sa conception, pour cela les deux parents doivent travailler pour satisfaire ses besoins illimités ».
(Cadre moyen, 2 enfants).

Le poids accordé aux revenus féminins dans la stabilité du couple est considérable (participation au budget de la famille dont les frais de la scolarité des enfants).

VI.1 Impact de l’activité de la femme sur la relation avec les enfants

52,2% des interrogées évoquent l’impact négatif de l’activité sur les relations dans le cadre familial. Et 47,8% (Les enseignantes) ont déclaré que leurs activités sont sans effets particuliers sur les relations au sein de la famille.

« Ma fille devient très nerveuse, elle ne veut pas se séparer de moi,…j’ai senti qu’elle a toujours peur que je la laisse seule,….C’est avec une grande difficulté que je la dépose chaque matin à la crèche ».
(Cadre supérieur, 1 enfant).

Dans ce contexte, la plupart des enquêtées qui travaillent à temps plein ne cachent pas que leurs enfants affichent certains retards dans l’acquisition du vocabulaire (les enfants d’âges préscolaires) et un retard scolaire inquiétant (les enfants qui fréquentent l’école). Ces enfants risquent d’avoir de graves problèmes à l’école. Ils courent plus de risques de redoubler une année, d’abandonner l’école ou de décrocher bon nombre de facteurs qui sont réputés avoir une incidence sur le développement de la capacité d’apprentissage. Ainsi, certaines femmes déclarent qu’elles ont remarqué des mauvais comportements chez leurs enfants, et qu’elles ont souvent des conflits avec eux.

On peut conclure de ces résultats que les mères qui manquent de temps en raison de leur travail consacrent moins de temps à des activités où elles interagissent avec leurs enfants tels que la lecture, la communication, les jeux….Pour ces raisons, 56 % des enquêtées (la grande majorité travaillent à temps plein) jugent incompatible l’emploi de la femme et l’éducation des enfants même si la descendance est réduite. Ceci ne permet pas de confirmer, à cent pour cent, notre troisième proposition de travail : l’emploi de la femme est favorable pour la réussite scolaire des enfants lorsque la descendance est réduite.

CONCLUSION

Le passage de la famille étendue à la famille nucléaire, l’émergence des nouveaux modèles relationnels et de comportements, l’entrée de la femme au marché de travail, le développement du salariat et la remise en question de son ordre ancien ont eu comme conséquence la stigmatisation et découpage de l’action éducative familiale dans toutes ses dimensions…. « Le champ social » de la fonction éducative, monopolisé longtemps par la famille traditionnelle, s’est beaucoup diversifié, les ressources en sont multipliées et les références d’identification de l’enfant ont également changé. L’action éducative familiale traditionnelle a perdu son originalité.

Les rôles des femmes ont grandement évolué, les changements touchant ces dernières ont été beaucoup plus spectaculaires. Les hommes participent peut-être davantage aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants aujourd’hui que par rapport au passé, mais on considère toujours que les rôles de mari, de père et de salarié sont plus compatibles. Or il n’y a pas si longtemps, la plupart des gens considéraient qu’il était incompatible pour une femme d’assumer à la fois les rôles d’épouse, de mère et de salariée. Autrefois, on s’attendait à ce qu’une femme qui se marie quitte la population active, pour pouvoir remplir ses rôles d’épouse, de mère et de responsable du foyer et de toutes les fonctions axées sur le travail ménager non rémunéré. Toutefois, depuis presque trois décennies, on remarque que les femmes mariées sont proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues non mariées à faire partie de la population active. Elles ne sont plus obligées de quitter leurs postes pour s’occuper de leurs enfants qui seront gardé par les membres de la famille ou dans les crèches.

En fait plusieurs conclusions sont tirées à travers l’enquête et les entrevues auprès des femmes enquêtées :

  • L’arrivée d’un enfant marque un changement profond dans Les modes d’articulation entre vie professionnelle et vie familiale ;
  • Le surcroît de tâches domestiques, les exigences liés à l’éducation des enfants, les nouvelles contraintes horaires, aboutissent à une restructuration des temps de vie qui touche particulièrement les femmes ;
  • La baisse du taux d’activité féminin après une naissance donne une dimension objective de la difficulté à concilier maternité et emploi. L’enquête met en évidence qu’au-delà du nombre, l’âge des enfants est un élément typique de la qualité de l’arrangement famille-travail.
  • La répartition des tâches au sein du couple familial résulte d’un échange-de-vues entre les conjoints. Cette négociation est soutenue par des rapports sociaux dont différentes dimensions sont considérées en tenant compte les caractéristiques individuelles du père et celles de la mère dont :
    • le capital socioculturel : il est discerné par le niveau de scolarisation (Bourdieu, 1998). Le rang du couple est donné par le fait d’avoir ou non un niveau d’instruction élevé par le père et le rapport entre le capital socioculturel des partenaires au sein de chaque couple est exprimé par la comparaison des niveaux de diplômes.
    • Les représentations du masculin et du féminin, la définition des rôles de père et mère, les aspirations (Ferrand, 2001 ; Méda et al., 2004), ont des effets sur l’investissement parental.
    • Temps de travail du père supérieur à celui de la mère
    • Temps de travail du père égal ou inférieur à celui de la mère : l’écart du temps de travail implique la disponibilité des deux parents.
    • Le fait que les hommes prennent en charge essentiellement le rôle de pourvoyeur économique leur participation aux tâches domestiques est réduite (L’adhésion au modèle traditionnel). (Algava, 2002).
    • Au contraire, si les pères travaillent moins ou autant que la mère et génèrent moins de ressources que ressources que leurs femmes ils se mobilisent davantage dans l’espace domestique (Ferrand, 2004).
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