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Il est évident qu’on assiste au pays à un sérieux effort d’assainissement de la situation politique, dominé par l’impératif de surmonter divisions et divergences au nom de l’intérêt supérieur de la patrie.

Il est aussi évident que certains extrémistes de tous bords ne l’entendent pas de cette oreille, continuant de pousser vers une déflagration propice à leurs visées propres et intérêts égoïstes.
On le voit avec les tentatives éhontées tendant à court-circuiter la seule candidature sérieuse et crédible au poste de président du futur gouvernement, à savoir celle de l’éminente figure de véritable patriote qu’est Ahmed Mestiri.

Aussi, les véritables démocrates doivent-ils être vigilants et tout tenter pour que la chance de réussite en Tunisie du défi majeur de modernisation démocratique soit réelle, sans exclure aucune tendance politique, sauf les extrêmes toutes tendances confondues.

Or, il est certain que nous avons une mauvaise tendance — quelle que soit sa forme — d’exclure celui qui est différent de nous, qui pense ou se comporte autrement. Il s’agit d’une habitude viciée et vicieuse qui se cherche une illusoire légitimité en se parant des faux atours du sacré.

C’est cette accusation d’athéisme qui se prétend conforme à la religion à laquelle est attachée la majorité du peuple tunisien en tant que trait de son identité, alors qu’il n’en est rien. En effet, l’islam consacre, tout à la fois, la liberté de croire et de ne pas croire, la conversion à l’islam comme le droit d’opter pour une autre foi, et même de ne pas en avoir du tout.

Aussi, pour barrer la route dans la future Tunisie aux tendances qui se font jour d’un retour vers l’autoritarisme, sinon la dictature, il est impératif aujourd’hui de faire acte d’esprit démocratique de la manière la plus spectaculaire qui soit.

Une initiative à haute teneur symbolique tout autant qu’à la portée et aux retombées salutaires en termes de consécration des libertés en Tunisie doit être prise instamment et insérée dans le projet de constitution afin de confirmer le principe de la liberté de conscience dans la Tunisie Nouvelle République.

Elle consiste à déclarer contraire à la loi — de la manière la plus solennelle — toute accusation, directe ou indirecte, faisant référence à la conscience et à la croyance, et notamment l’anathémisation pour athéisme.

Quelle meilleure façon d’affirmer ainsi leur foi démocratique et leur adhésion au pluralisme pour ceux qui se présentent comme étant des démocrates, mais sans renier leurs penchants dogmatiques, qu’ils soient religieux ou profanes !

Si tous les partis politiques soucieux de préserver l’esprit de la révolution, notamment chez ceux à obédience islamiste, agissent dans ce sens, ils démontreront assurément leur patriotisme de façon crédible. Car être patriote aujourd’hui, en Tunisie, c’est relever de cette union sacrée du peuple, toutes tendances confondues, autour de ses spécificités ancestrales de tolérance sans restriction et de respect absolu de la différence quelle qu’elle soit.

Sublimant leur vision partisane de la politique, quitte à prendre le risque de mécontenter les irréductibles parmi leurs partisans, ces partis — dont Nahdha, arrivé premier aux premières élections libres en Tunisie — agiront sérieusement et efficacement dans le sens de l’intérêt futur de la Tunisie. Celui-ci ne peut être que la fondation d’une démocratie pluraliste où la liberté de pensée est célébrée et où l’islam est synonyme de conscience libre et libérée, et même libertaire. Ainsi et ainsi seulement l’islam politique aura-t-il une chance de réussir !

Alors, démocrates authentiques tunisiens, osez confirmer dans notre future constitution la liberté de conscience : déclarez donc hors-la-loi l’accusation d’athéisme en Tunisie. Tout aussi bien qu’au nom de notre démocratie naissante, vous le ferez en celui de l’esprit authentique de l’islam qui consacre la liberté absolue du croyant, la plus éminente façon qui soit de magnifier sa foi libre et sincère en l’unicité divine, fondement de notre religion.