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Politiser les masses, ce n’est pas, ce ne peut pas être faire un discours politique. C’est s’acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que si nous stagnons c’est de leur faute et que si nous avançons c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge, qu’il n’y a pas d’homme illustre responsable de tout, mais que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que celles du peuple.
Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 187

Question : Pour qui roule notre Hamma Hammami? A vouloir occuper plusieurs fonctions à la fois, porte parole du Front Populaire, porte parole du Front de Salut National, homme lige de son propre parti, le Parti des Travailleurs (parti qui devrait, séance tenante, changer de nom puisque l’essentiel de sa propagande est devenue “social-patriote”, en défense de la “patrie”), nouvelle star de la médiacratie, ce dernier est devenu le jouet de tractations qui le dépassent.

A l’entendre, il défend une “opposition” à Ennahdha et à la Troïka. Et le voilà faisant feu de tout bois puisqu’il déclare être partisan de l’ancien destourien Mohamed Ennaceur, voir de Mustapha Kamel Ennebli, l’ancien gouverneur ultralibérale de la Banque Centrale de Tunisie, et cela en opposition au candidat estampillé “Troïka”, le presque nonagénaire Mestiri.

Les vieux chevaux de la Destourie reprennent du service

Dire qu’il est réclamé de ces vieux chevaux de la Destourie auréolés du surnom de personnalités “indépendantes” d’accomplir les miracles d’une feuille de route, et en quelques mois seulement, ce que deux gouvernements, ceux de Jébali et Larayedh ont été dans l’incapacité de mener en 24 mois.

En quelques mois, l’heureux élu devra former un nouveau gouvernement formé de personnalités aussi “indépendantes” que lui-même, redresser le pays en trouvant les solutions miraculeuses à la cherté de la vie en maîtrisant une inflation qui flirte avec les 10%, répondre aux milliers de conflits sociaux que la crise aiguise, trouver des emplois aux chômeurs dont le nombre explose, nettoyer l’administration des nominations “partisanes” (seulement les dernières en date, celle de la Troïka, les autres, ceux de la Destourie, sont assez incrustées pour que l’on puisse les déboulonner), préparer un agenda pour l’organisation des futures élections, sans oublier sa célérité mise au service de la rédaction par l’Assemblée Nationale Constituante de la nouvelle constitution. Notre Hamma prédit que le futur occupant de la Kasbah devrait abattre un travail de 14h à 16h par jour pour finaliser un tel programme. C’est l’une des raisons qui le pousse à préférer Mohamed Ennaceur, 79 balais à Mestiri 89 bougies…

Gageons que le même bonhomme, en travaillant 24h sur 24h, ne saurait être à même de boucler un tel agenda.

L’énigme Kamel Eltaïef

L’inénarrable dirigeant du minuscule Parti Socialiste de gauche de Tunisie, monsieur Mohamed Kilani a fourni dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux une clé de compréhension de ce qui se trame dans les coulisses. Ce serait encore une fois Kamel Eltaïef qui tire les ficelles puisque tout le monde a l’air de s’accoquiner avec l'”homme faiseur de roi”. Le fringant jeune député El Baroudi semble rouler pour le boss puisque l’on vient de révéler des communications assidues avec l’homme d’affaires. La scène ubuesque de ces pauvres policiers dans l’incapacité de faire appliquer la loi à l’encontre de cet intouchable révèle ce que l’on savait déjà; il y a des justiciables et des personnes au dessus de la loi.

On achève bien les chevaux

Et pendant ce temps, on continu, comme si de rien n’était, à nous saouler avec un casting où ne sont invités que des grabataires dignes d’un film d’horreur où l’on imagine comme dans le film “On achève bien les chevaux” comment on achève de ridiculiser un pays en révolution.
C’est le pire scénario que l’on puisse imaginer.

Ce qui nous désole dans cette mascarade est de trouver un quarteron de militants grisonnants ayant comme par mégarde appartenu dans leur jeunesse aux troupes gauchistes, grands lecteurs de catéchismes mao-staliniens, devenir aujourd’hui les hérauts du casting des vieux pépés rechapés du cirque de la Destourie en pleine déconfiture. Les uns pétitionnent en faveur de Mestiri pendant que d’autres apportent leurs suffrages à celui qui fait figure de jeunot, le dénommé Ennaceur, copain du meneur de l’auberge espagnole, Nida Tounes, nous avons nommé le presque nonagénaire BCE.

Citons cet universitaire, vieux “perspectiviste”, qui toute honte bue ose affirmer que Ennahdha en deux années à faire pire que Ben Ali en 23 années de gouvernance. Et ça se dit “intellectuel” et ça pétitionne à tout va en faveur des fantassins de l’ancien régime. Indigne…